Projet ZACA : dimanche chaud à Zanghoetin

Contenu

Classe de ressource
Text
Titre
Projet ZACA : dimanche chaud à Zanghoetin
Créateur
Hamidou Ouédraogo
Date
4 février 2002
Résumé
Le dimanche 3 février 2002, il y avait foule à la maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou (MJCO). Pour cause, le chef du projet Zone d'activités commerciales et administratives (ZACA) y avait convié les attributaires de parcelles et autres résidents des secteurs 1, 4, 5 et 6 concernés par ledit projet à une assemblée générale d'information. En lieu et place de la réunion, nous avons été témoin d'un brouhaha suivi d'échauffourées.
Couverture spatiale
Ouagadougou
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035446
contenu
Le dimanche 3 février 2002, il y avait foule à la maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou (MJCO). Pour cause, le chef du projet Zone d'activités commerciales et administratives (ZACA) y avait convié les attributaires de parcelles et autres résidents des secteurs 1, 4, 5 et 6 concernés par ledit projet à une assemblée générale d'information. En lieu et place de la réunion, nous avons été témoin d'un brouhaha suivi d'échauffourées.

Il était 8 h 30 quand nous faisions notre entrée dans la grande cour de la maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou (MJCO). Il y avait une foule nombreuse composée de femmes, d'hommes, d'adultes comme de mineurs. La salle de spectacles de la MJCO, qui devait servir de cadre à la rencontre a donc refusé du monde. Une grande majorité attendait dehors.

A quelque cinq minutes du début de l'assemblée générale, des manifestants en provenance de divers horizons arrivent en scandant des slogans hostiles au projet ZACA et au député Kouanda Mahamadi, créant ainsi un tohu-bohu. Des personnes âgées tentèrent vainement d'empêcher la foule de pénétrer dans la salle. De jeunes déchaînés proféraient des menaces de mort contre El hadj Kouanda, qu'ils accusent de traîtrise. Ce dernier est conduit à l'estrade de la salle de spectacles où se trouvaient déjà des notables, tels l'imam Bangré, et quelques responsables du projet ZACA. Un cordon de sécurité est formé autour d'eux. En dépit de cela, on n'a pas pu éviter des échauffourées car des manifestants cherchaient à porter la main sur le député Kouanda qui s'était entre-temps mis à l'abri sous une table.

Face à la furie des jeunes, l'imam Bangré interviendra à plusieurs reprises pour calmer les esprits, mais sans succès. Une bagarre totale se déroulait sur l'estrade. Les appels au calme n'y purent rien. Le député Kouanda, voyant sa vie menacée réussit à passer son téléphone portable à une de ses connaissances pour faire appel à la police anti-émeute. Celle-ci à son arrivée gazera la foule qui se dispersa. L'imam Bangré et quelques vieux des quartiers se sont retrouvés sur les gradins du terrain de la MJCO. Le député masqué par les policiers est conduit dans leur véhicule d'intervention.

La DCIR continuait les jets de gaz. Ce fut la débandade ; des femmes d'un âge avancé et bien d'autres portant des bébés au dos escaladaient les murs. Des enfants se sont évanouis.

Devant nous, étaient couchés deux hommes (Gouéné Dramane et Compaoré Christian) grièvement blessés aux pieds, tous par balles. Conduits devant la brigade des sapeurs-pompiers, les blessés recevront des soins préliminaires avant d'être transportés aux urgences chirurgicales de l'hôpital Yalgado. Nous nous y sommes rendu pour les photos mais le major en service opposa un refus, nous demandant d'aller prendre une autorisation avec le DG. Au moment où nous quittions l'hôpital, une troisième personne, également blessée par balles, y a été déposée, en plus d'une femme souffrant elle des effets des gaz lacrymogènes.

Après, ce fut une course-poursuite à travers les quartiers concernés par la ZACA. Le bureau de M. Kouanda a été saccagé et quelques objets auraient été emportés. Des mécontents disent être déterminés à s'opposer au projet tant que Bilbalogho n'en fera pas partie. Dans l'après-midi, le calme était revenu, même si la tension était perceptible du côté de Zangouettin, de sorte qu'on ne savait pas trop au moment de boucler cette édition ce que nous réserverait la nuit.
Collections
L'Observateur Paalga