Pèlerinage à la Mecque : nos nouveaux hadj sont de retour

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Classe de ressource
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Titre
Pèlerinage à la Mecque : nos nouveaux hadj sont de retour
Créateur
Assiata Savadogo
Date
20 septembre 2017
Résumé
Plus de 400 hadj et « hadja » ont foulé le tarmac de l'aéroport international de Ouagadougou, hier 19 septembre 2017. Ils étaient à La Mecque, en Arabie Saoudite, où ils ont accompli le 5e pilier de l'islam.
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035419
contenu
Plus de 400 hadj et « hadja » ont foulé le tarmac de l'aéroport international de Ouagadougou, hier 19 septembre 2017. Ils étaient à La Mecque, en Arabie Saoudite, où ils ont accompli le 5e pilier de l'islam.

Des rites qui se sont achevés par la station sur le mont Arafat le 31 août dernier et la prière de l'Aïd el-Kébir le lendemain. Au pied de l'Airbus A 330, ils ont dit leur satisfaction d'avoir retrouvé leur Faso natal et surtout les leurs après plus d'un mois d'absence. Ils n'ont pas non plus passé sous silence les difficultés rencontrées en Terre sainte, au nombre desquelles la sempiternelle question de l'hébergement ainsi que celles de l'alimentation et de la mobilité. La Faucheuse, quant à elle, a emporté dix personnes au cours de ce hadj, selon le ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, Siméon Sawadogo.

Il est 15h50 devant l'une des entrées de l'aéroport international de Ouagadougou, l'allée menant notamment à l'aérogare des pèlerins. Informés du retour imminent de leurs parents, ils ne se sont pas fait prier pour investir les lieux. En vue de discipliner le monde qu'il y a en pareille circonstance, des barrières des forces de l'ordre sont soigneusement disposées. Mariétou Compaoré, sa fillette dans les bras, est venue accueillir sa mère. Celle-ci s'est rendue à La Mecque par le premier vol qui était parti de Ouagadougou le 14 août dernier, c'est-à-dire le lendemain de l'attaque du Café Aziz Istanbul. Mariétou Compaoré était là depuis le début de l'après-midi, espérant que son attente ne serait pas trop longue. Abdoul Rasmane Soré, lui, est venu de la province du Sanmatenga pour souhaiter la bienvenue à son grand frère. 16h, c'est l'heure qui lui a été donnée ; pourtant, il n'y a pas d'avion en vue bien que l'heure approche. Mais pour Soré, l'essentiel est que son aîné rentre en bonne santé au bercail après avoir fait le plein de grâces.

Pour avoir accès au tarmac, il fallait montrer patte blanche, s'équiper de gilets et détenir un laissez-passer. A 16h 40, le ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, Siméon Sawadogo, arrive sur les lieux. Il sera plus tard en compagnie du ministre des Transports et de la Mobilité urbaine, Souleymane Soulama, ainsi que du Secrétaire d'Etat chargé de la Décentralisation, Alfred Gouba. Ils sont conduits sur l'aire où se posent les oiseaux de fer par les responsables de la sécurité et quelques membres du comité de suivi du pèlerinage. C'était le signe que l'Airbus A 330 amorcerait son atterrissage incessamment. Cinq minutes plus tard, le «LION» de la compagnie Flynas foulait le sol burkinabè. Il ramène au bercail plus de 400 nouveaux hadj et « hadja » qui ont sacrifié au rituel.

Le ministre en charge des Cultes, Siméon Sawadogo, et ses collègues sont les premiers à s'aventurer dans les « entrailles » dudit oiseau. Ils y trouvent des hommes et des femmes, vêtus de blanc pour la plupart, aux visages rayonnants, contents de retrouver leur Burkina Faso natal après plus d'un mois à Riyad. «Soyez les bienvenus, nous sommes là au nom du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, et du gouvernement pour vous souhaiter bonne arrivée. Nous remercions Dieu parce qu'Il vous a permis de faire le hadj. Puisse le travail que vous avez accompli en Terre sainte vous être bénéfique, à votre famille et au pays », a déclaré Siméon Sawadogo. Séance tenante, il a sollicité les services d'un « dioulaphone » pour transmettre le message du gouvernement. Les trois ministres ont pris place ensuite au pied de l'oiseau en vue de serrer la main aux premiers hadj et « hadja », « vomis » par l'aéronef.

«Ils sont revenus avec des bénédictions pour leurs familles et notre pays»

Parmi les premiers pèlerins à avoir foulé le tarmac de l'aéroport, Berthé Nouhou. Selon lui, la plupart des rites liés au hadj requièrent un effort physique. Or, la température qu'il faisait à La Mecque n'était pas pour faciliter les choses. «Elle était très élevée, oscillant entre 40 et 50 degrés. C'était particulièrement pénible pour les vieilles personnes, qui se déshydrataient très vite. Avec cette situation, on a enregistré souvent des cas de fatigue chez ces pèlerins mais, fort heureusement, l'équipe médicale était à pied d'œuvre pour les soutenir», a signifié el hadj Berthé. En plus de cette difficulté, il a évoqué la sempiternelle question du logement à laquelle ils ont été confrontés à Mina, l'une des étapes majeures du rituel. Et d'assurer que ce problème a été «rapidement résolu». «Dans l'ensemble, nous avons fait un bon hadj. Nous rendons grâce à Dieu et remercions les autorités du pays pour leur implication », a-t-il conclu.

El hadj Tidiane Hamed Maïga a évoqué aussi la question de la chaleur à Mina, les difficultés de logement, d'alimentation et de mobilité qu'ils ont rencontrées. Il ira même plus loin, évoquant un «scandale» de dernière minute. «Là-bas, beaucoup ont dit que le président du Faso a donné de l'argent pour les pèlerins mais moi, je n'ai rien reçu ; personne n'a reçu un rond, nous ne savons pas où est entré cet argent. Il est vrai qu'on ne peut pas chercher Dieu sans une petite souffrance mais l'essentiel est que nous soyons revenus en pleine santé. Nous y avons prié pour la prospérité de nos familles et la paix pour le pays », a indiqué el hadj Maïga. Il a lancé un appel aux organisateurs afin que les prochains pèlerinages se passent dans de meilleures conditions.

Selon hadja Mariam Tiendrebéogo, il n'y a rien à signaler. Elle dit avoir en mémoire l'attaque du Café Aziz Istanbul et les nombreuses autres dont le Burkina Faso est victime depuis un certain temps. Elle a appelé à l'union des filles et fils du pays, prôné la cohésion sociale entre les différentes couches et imploré surtout la protection divine face à ces attentats récurrents.

Pour le ministre en charge des Cultes, Siméon Sawadogo, il a trouvé des hadj et des « hadja » aux visages radieux, signe que le pèlerinage s'est passé dans de bonnes conditions. « Ils sont venus avec des bénédictions pour leurs familles et pour la bonne marche des activités au Burkina Faso. Nous en sommes très contents. Selon notre quota, nous avons 8 143 personnes cette année, mais il y a des gens qui sont partis par vols réguliers. Nous espérons que les autres vols sur Ouaga et Bobo-Dioulasso vont bien se passer également », a-t-il affirmé. Au nombre des difficultés, il a indiqué que le Burkina Faso a perdu cette année en Terre sainte dix de ses filles et fils, décédés. Il a donc saisi l'opportunité pour exhorter les futurs prétendants à aller à La Mecque pendant qu'ils sont encore en bonne santé et pleins de vigueur. «Il y a des gens de 90-96 ans qui vont à La Mecque avec des maladies comme le diabète ou qui y vont dans des fauteuils roulants.

Concernant les personnes décédées, nous souhaitons que Dieu leur accorde Sa Miséricorde et qu'Il les reçoive dans Son paradis», a formulé comme vœux Siméon Sawadogo. Les vols, selon ses propos, se poursuivront jusqu'aux 27 et 28 septembre prochain. «Nous allons faire un bilan global autour de toutes les difficultés qui ont été mentionnées ; nous avions des sites réservés mais avec le retour des Iraniens, il y a eu un surplus. Il y a aussi que les organisateurs ont cédé ce que nous avions réservé à des pays comme le Nigeria et l'Angola. Ce sont les premières difficultés que nous avons travaillé à résoudre. On y reviendra », a conclu le ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation.

« Ladji Konaté hadja est arrivée »

Comme à l'aller, les cars qui avaient servi à conduire les pèlerins sur leur lieu de départ ont servi à les ramener à l'aérogare qui leur est dédiée. En ces lieux, ils étaient encore en rang pour accomplir les formalités de sortie. A l'entrée de l'aérogare occupée par les parents qui attendaient leurs proches, les membres du comité de suivi, à l'aide d'un micro, donnent l'identité des nouveaux hadj et « hadja ». «El hadj Hamadé Sawadogo de Gourcy est arrivé, hadja Adjaratou Kafando est de retour également. »

Dans sa longue énumération, le tenant du micro finit par s'emmêler les pinceaux en disant que « Ladji Konaté hadja est arrivée », de quoi susciter des rires au sein de l'assistance.

Au fur et à mesure que les pèlerins sortaient avec leurs sacoches, ils étaient accueillis par les chaudes poignées de main et les accolades des membres de leurs familles. Au niveau de l'entrée citée plus haut, la foule se pressait et les admirateurs n'hésitaient pas à ovationner les hommes et femmes tout de blanc vêtus. Les routes, elles, étaient déjà bondées de véhicules et de motos qui raccompagnaient les nouveaux venus, à la manière des cérémonies de mariage. Ambiance !
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