L'iman Sako Almamy contesté

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Titre
L'iman Sako Almamy contesté
Créateur
Luc Ouattara
Date
2 octobre 2007
Résumé
Les fidèles de la mosquée sunnite de Banfora sont à couteaux tirés avec leur imam suite à une crise engendrée par les pratiques de ce dernier, El Hadji Sako Almany.
Couverture spatiale
Banfora
Bobo-Dioulasso
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035348
contenu
Les fidèles de la mosquée sunnite de Banfora sont à couteaux tirés avec leur imam suite à une crise engendrée par les pratiques de ce dernier, El Hadji Sako Almany.

Une délégation du mouvement sunnite de Ouaga et de Bobo, conduite par le président régional de Bobo, El hadji Guira Issa, est venue prendre les choses en main en le suspendant et en installant un nouveau venu de Bobo, à savoir M. Soulama Seydou. Mais, c'était sans compter avec les partisans de l'imam destitué et depuis, la tension est vive au sein du mouvement sunnite de Banfora amenant les autorités à sévir pour le maintien de l'ordre public.

Selon une lettre adressée le 11 septembre 2007 aux autorités de la région des Cascades par El Hadji Aboubacar Ouédraogo, président national du mouvement sunnite, depuis 5 ans, le mouvement sunnite de Banfora traverse une crise aiguë qui a eu pour conséquence, l'instauration d'un climat de haine et de suspicion entre les fidèles. Conséquence, les activités du bureau local de ladite ville sont paralysées. Le président national ne fait pas la langue de bois et accuse l'imam El hadji Sako Almamy de créer de toutes pièces cette crise qu'il entretient.

Face à la crise, les bureaux régional et national de Bobo, visiblement, ne sont pas restés les bras croisés et plusieurs missions se sont rendues à Banfora en vue de rechercher une solution à la crise. Mais « elles se sont toutes heurtées aux fins de non recevoir de l'Imam Sako » précise le président El hadji Aboubacar Ouédraogo, qui poursuit que malgré les différents avertissements et les rappels à l'ordre, l'Imam fait toujours la sourde oreille.

Pour éviter que la situation ne dégénère, explique le président du mouvement sunnite, son bureau national en sa séance du 9 septembre 2007, a décidé conformément à l'article 105 du statut du mouvement sunnite de Banfora, de la suspension de l'Imam Sako jusqu'à nouvel ordre. Les motifs de cette suspension étant liés à l'incitation à la haine et à la violence, aux injures et aux diffamations. Sur place ici à Banfora, les opposants à l'Imam parlent de prêches incendiaires et de malversations financières.

Si le bureau national chargeait le bureau régional de Bobo, dont relève le bureau local de Banfora, de designer des imams pour diriger les prières durant la suspension de l'imam Sako et de mettre en place un comité de gestion des affaires courantes, la mission venue à cet effet le 27 septembre dernier n'a pas pu visiblement atteindre ses objectifs. La suspension n'est pas passée comme une lettre à la poste et la mission est venue trouver sur son chemin, les alliés de l'imam Sako qui refusent sa suspension et l'entrée en activité du tout nouveau imam.

En effet, le 27 septembre, le nouveau imam n'a pas pu diriger la prière de 13 h malgré une surveillance policière. À celle de 16 h, selon nos sources, le fils de l'imam Sako qui fait d'office la succession à son père, aurait tenté de la diriger « notre Imam la poussé et la mis derrière » explique un fidèle opposant à l'imam Sako. N'empêche, la prière aurait été dirigée par deux imams, chacun ayant eu son groupe de fidèles derrière lui..

Après cette prière sous haute tension, les protagonistes se sont rendus à la police puis, au haut-commissariat de la Comoé pour se voir ensuite recommandés au maire de Banfora qui sera chargé de les ramener à la raison. Les tractations se sont poursuivies très tardivement ce 27 septembre avec la radicalisation des positions. Le maire Souleymane Soulama qui voulait un règlement à l'amiable et partant, préserver la paix sociale dans sa cité, n'a pas eu droit à une partie de plaisir. Au finish ce 27 septembre, il sera demandé aux protagonistes de calmer les ardeurs en attendant la fin du carême.

L'imam Sako devant donc poursuivre sa mission, ses détracteurs reviendront à la charge, car au lieu d'expliquer la vérité sur ces accords, ce dernier aurait crié victoire à la mosquée le lendemain 28 septembre. Toute chose qui amènera les opposants à durcir le ton et de réclamer purement et simplement l'application de la suspension du bureau national. Devant ces accusations, nous avons contacté l'imam Sako qui n'a pas voulu être bavard, tout en se contentant de souhaiter que la mosquée retrouve la paix et la sérénité.

Les tractations étaient de nouveau de mise le 29 septembre entre les protagonistes et les autorités municipales qui tenaient à préserver la paix sociale dans la ville. Et grâce aux efforts de médiations du maire Souleymane Soulama, assisté du directeur régional de la police des Cascades, Loya Sandoni, du secrétaire général de la mairie de Banfora, 6 propositions de sortie de crise ont été fait aux belligérants. Selon ces propositions, le nouveau imam, Soulama Seydou installé le 27 septembre dernier, est suspendu jusqu'à nouvelle ordre. L'imam Sako continuera d'officier les prières à la mosquée Sunnite, assisté de son adjoint Abdoulaye Konkobo. Cette précision a son importance, étant donné que c'est le fils de l'imam Sako qui officiait à son absence.

Les autorités ont procédé à la dissolution du bureau provincial actuel et conformément au statut du mouvement sunnite, un comité ad hoc devra voir le jour et sera élargi aux autorités provinciales et communales afin de réfléchir sur les voies et moyens de sortie de crise. Par ailleurs, l'imam Sako ou toute autre personne, doivent se garder de tout propos de nature à inciter à la haine et à la violence dans leurs prêches.

L'imam et ses adjoints se doivent donc de prêcher la paix, l'union, et la concorde au sein de la communauté sunnite de Banfora et au delà, toute la communauté musulmane. Enfin, de la gestion et de la collecte des fonds, il est stipulé que les fonds collectés soient portés à la connaissance des deux groupes protagonistes. Il en est de même pour les dépenses effectuées.

Le moins que l'on puisse dire c'est que pour le moment, la mosquée sunnite de Banfora a échappé de près à une fermeture. Remarquons pour terminer que les conclusions du 29 septembre n'ont pas déterminé un délai ni sur le mandat de l'imam Sako qui se poursuit, ni sur la mise en place de la commission ad hoc.
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