Putsch avorté, terrorisme... : ils veulent rendre le pays ingouvernable

Contenu

Classe de ressource
Text
Titre
Putsch avorté, terrorisme... : ils veulent rendre le pays ingouvernable
Date
23 octobre 2016
Résumé
On ne sait pas si ce sont ces jours sombres que notre mystérieux interlocuteur du Ghana annonçait, il y a deux semaines de cela, une information que Passék Taalé a rapportée dans son hebdomadaire Lettre pour Laye datée du vendredi 14 octobre dernier, mais c'est un week-end placé sous le sceau de la sécurité que nous venons de nouveau de vivre.
Couverture spatiale
Ouagadougou
Ghana
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035283
contenu
On ne sait pas si ce sont ces jours sombres que notre mystérieux interlocuteur du Ghana annonçait, il y a deux semaines de cela, une information que Passék Taalé a rapportée dans son hebdomadaire Lettre pour Laye datée du vendredi 14 octobre dernier, mais c'est un week-end placé sous le sceau de la sécurité que nous venons de nouveau de vivre.

Tout commence avec la conférence de presse donnée vendredi par Simon Compaoré, le ministre d'Etat chargé de l'Administration territoriale et de la Sécurité intérieure au cours de laquelle les Burkinabè ont appris avec stupeur que des éléments de l'ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), qui refusent obstinément de rentrer dans les rangs, projetaient de perpétrer un coup d'Etat le 8 octobre dernier. Rien de moins ! Leurs principales cibles ? La gendarmerie, la Maison d'arrêt et de correction des armées (MACA) et le cœur du pouvoir : la présidence du Faso.

Moue interrogatrice de certains, scepticisme affiché d'autres selon lesquels qui veut noyer son chien l'accuse de rage. Car en visant la MACA où réside, ne l'oublions pas, le général Gilbert Diendéré, auteur du coup manqué de septembre 2015, les concepteurs de ce putsch avorté ne rendent certainement pas service à « l'homme mince », qui passe désormais pour un cabri mort : il n'a plus peur du couteau.

Mais pour quelles raisons le premier flic du Burkina et le tout-Etat joueraient-ils à se faire peur, au risque d'installer une psychose dont on n'a vraiment pas besoin en ce moment ? Si donc ils ont décidé de rendre public ce qui se susurrait depuis quelques semaines dans certains cercles très bien informés, c'est sans doute qu'ils ont un faisceau d'indices concordants, et il faut quand même leur accorder le bénéfice de la bonne foi.

Cela dit, alors que des centaines d'autres ex-RSP essaient, tant bien que mal, de revenir dans le droit chemin après leur conduite inqualifiable d'il y a un an, on se demande pourquoi quelques dizaines d'éléments dévoyés continuent de faire de « la résistance » au péril de leur vie. Car sauf à avoir des pulsions suicidaires ou à vouloir installer le chaos par des actions d'éclat perlées, on ne voit pas trop comment ils pourraient confisquer le pouvoir et, quand bien même ils y parviendraient, le gérer en toute quiétude. Il est sans doute temps de laisser tomber ces menées subversives, cela d'autant que le principal perdant de l'insurrection populaire d'octobre 2014, qui se refait une santé sur les bords de la lagune Ebrié, doit avoir fait définitivement le deuil de son fauteuil perdu par sa seule faute.

En fait, il était dit que la fin de la semaine serait pourrie ici au Faso. Car on n'avait pas encore digéré les infos sombres sur la tentative de déstabilisation qu'on apprenait hier matin qu'un présumé terroriste a été abattu à Kilwin, à la périphérie nord de Ouagadougou, pendant que trois autres étaient en fuite et des suspects interpellés. Et revoici Simon « le warrior » à la manœuvre pour désamorcer, au propre, une bombe dont on n'avait pas encore tous les ressorts.

Tentative de déstabilisation tuée dans l'œuf, assaut d'un nid de terroristes, attaque d'un poste avancé de l'armée à Intangom, ça fait décidément trop pour une seule décade, et tous ces malheureux événements traduisent, s'il en était encore besoin, l'urgence sécuritaire dans laquelle se trouvent embarquées les nouvelles autorités du pays depuis le sanglant 15 janvier 2016 sur l'avenue Kwame N'Krumah ; toutes choses qui peuvent reléguer au second plan des préoccupations aussi urgentes que les lancinantes questions sociales et la relance économique, car sans sécurité...

Et si, au-delà des cibles physiques visées par les terroristes et les fauteurs de troubles de tout poil, c'était tout simplement l'objectif principal des renégats : rendre le pays ingouvernable pour que, dans quatre ans, sans qu'ils aient eu besoin de le chasser, les Burkinabè expulsent démocratiquement Roch de Kosyam parce qu'on l'aura empêché de travailler normalement et qu'il ne sera donc pas parvenu à trouver des réponses aux préoccupations qui les assaillent quotidiennement.
Collections
L'Observateur Paalga