Islam, population et dévéloppement : vers la naissance d'un réseau sous-régional

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Classe de ressource
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Titre
Islam, population et dévéloppement : vers la naissance d'un réseau sous-régional
Créateur
San Evariste Barro
Date
10 novembre 2004
Résumé
En prélude à la tenue de la conférence d'Abuja, qui consacrera la mise en place du Réseau sous-régional Islam, population et développement, un émissaire du comité de pilotage du réseau a séjourné au Burkina durant trois jours.
Couverture spatiale
Ouagadougou
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035280
contenu
En prélude à la tenue de la conférence d'Abuja, qui consacrera la mise en place du Réseau sous-régional Islam, population et développement, un émissaire du comité de pilotage du réseau a séjourné au Burkina durant trois jours.

Il s'agit du Pr Abdoul Aziz Kébé. Docteur en droit islamique, expert en Islam et population, il est secrétaire général du réseau Islam et population. Il nous situe ici sur les objectifs de ce réseau, sur le but de sa présence au Burkina. C'était le 5 novembre 2004.

Dans quel cadre êtes-vous à Ouagadougou ?

- Je suis là pour la préparation de la mise en place du Réseau sous-régional Islam, population et développement. Depuis la conférence du Caire en 1994, il y a eu une recommandation portant sur le fait d'impliquer les religieux, les chefs traditionnels, les communicateurs modernes et traditionnels à la promotion des politiques de population.

La réunion de Dakar a aussi rappelé ce fait. On a mis en place un comité de pilotage qui comprend 8 pays, dont le Burkina. Ce comité devait réfléchir sur les problèmes communs aux pays africains et particulièrement sur les obstacles socio-culturels par rapport à la santé de la reproduction, à la mortalité maternelle et infantile, à la planification familiale, à la lutte contre le VIH/Sida, à la santé reproductive des adolescents, à la communication parents-enfants.

On s'est rendu compte que nous avons les mêmes problèmes au niveau de la sous-région. Les justifications reliées à la religion étaient les mêmes et souvent ces justifications n'étaient pas authentiques.

On s'est alors dit qu'il serait intéressant de mettre en commun nos expériences, de voir ensemble les problèmes, de leur proposer les solutions communes. C'est la raison de la mise en place du réseau Islam, population et développement à partir d'une conférence que nous tiendront à Abuja entre le 13 et le 18 décembre 2004.

Qui peut être membre du réseau ? Les individus ou les associations ?

- On commence par les associations qui s'activent dans le domaine de la population. C'est également toute personne, toute personnalité religieuse qui peut apporter une contribution à la promotion des politiques en matière de population. A la conférence d'Abuja, on va discuter sur les textes du réseau et préciser tout cela davantage.

Vous avez rencontré des associations islamiques. De quoi avez-vous discuté ?

- Je suis venu au Burkina pour faire une restitution de la conférence de Dakar, qui a eu lieu du 30 août au 3 septembre 2004. Je devais expliquer aux associations islamiques le mandat du Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP), sa vision sur l'implication des religieux dans la mise en oeuvre des politiques de population, particulièrement en ce qui concerne la santé de la reproduction, la santé de la mère et de l'enfant, la lutte contre le VIH/Sida. Je devais leur donner des informations sur les thèmes des travaux d'Abuja. Le thème global est : "L'éducation à la vie familiale en l'Islam".

Six sous-thème découlent de ce thème général et seront tous traités à Abuja. Je devais leur expliquer ces thèmes pour qu'on en ait une commune compréhension. Enfin on a discuté sur la contribution du Burkina à la conférence d'Abuja et sur le profil de la délégation burkinabè à cette conférence.

Quelle est la vision de l'Islam en matière de population et développement ?

- La vision de l'Islam, c'est que le bien-être doit être de la responsabilité de l'humanité. Le bien-être ne peut se construire que lorsque nous avons maîtrisé un certain nombre de facteurs, y compris les facteurs matériels, spirituels, intellectuels. Tout cela doit être mis en synergie pour que l'individu et la communauté puissent arriver à la construction du bien-être et à la quête de la félicité dans l'au-delà.

Malheureusement, certains de nos frères musulmans, et même dans les autres religions, croient que la construction du bien-être est en dehors des religions. Alors que les religions sont des ressources pour la construction du bien-être. C'est la raison pour laquelle nous voulons appeler à cette synergie des religieux, afin de profiter de leurs ressources et de leurs enseignements pour participer à la construction de ce développement et du bien-être des sociétés.

Dans la mise en place du réseau, quel rôle joue le FNUAP ?

- Le FNUAP est un partenaire. Nous avons certainement les ressources de connaissance clarifiée sur le statut de la femme, sur l'égalité des responsabilités entre l'homme et la femme, sur le droit d'impliquer les femmes dans le processus de production des richesses Mais pour que cette connaissance puisse atteindre les cibles, il nous faut les moyens.

Ces moyens, c'est l'Etat qui les détient, ce sont les partenaires au développement qui les détiennent. C'est la raison pour laquelle le FNUAP nous appuie dans notre démarche de dissémination de l'information, dans notre démarche d'éducation, dans notre démarche de communication avec ces cibles.

Nous sommes au terme de cet entretien. Que voulez-vous ajouter ?

- C'est que les musulmans d'Afrique comprennent que la religion est une ressource pour la vie et que la construction du bien-être est de notre responsabilité. Dans nos sociétés, si nous voulons vraiment avancer, il nous faut les hommes avec leurs compétences, les femmes avec leurs compétences, dans le cadre des vertus que nous ont léguées les enseignements religieux.
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