La Preuve #19

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Titre
La Preuve #19
Créateur
La Preuve
Date
mai 2009
numéro
19
Droits
In Copyright - Rights-Holder(s) Unlocatable or Unidentifiable
Langue
Français
Contributeur
Louis Audet Gosselin
Wikidata QID
Q114034255
extracted text
L^lfaiblissement de la foi
cJky

cJ'

p.4-5

“... et voilà lu religion de droiture... ”

SITE D'OR AU BURKINA FASO

Proscrire la
L'Eldorado de la
polygamie est
mort et de la
une injustice
débauche Bfi

HOMOSEXUALITE

Le peuple
de Loth est-il

de retour ?P12

editorial
epuis le début d'un Etat palestinien, le
> du mois d'avril, gel des colonies sauva­
ges, le retour des réfu­
Israël a un nou­ giés et le statut de Jéru­
veau gouvernement dont salem. Mais hélas, tous
la seule composition les gouvernements israé­
hante l'esprit de tous liens qui se sont succé­
ceux qui espéraient dés ont eu la même atti­
encore la paix dans les tude : ne pas respecter
territoires occupés et les engagements pris,
dont les premières décla­ prôner la paix et faire la
rations ont fini de guerre. C'est donc un
convaincre sur ses inten­ mauvais procès que l'on
tions foncièrement guer­ fait à la nouvelle coali­
rières. L'élection de ce tion de droite qui dit
cabinet entièrement à ouvertement son opposi­
droite (malgré la pré­ tion aux différents traités
sence contre nature des de paix entre Israël et les
travaillistes) intervient à Palestiniens ?
un moment où la nou­ En effet, Netanyahu ne
velle
administration fait que dire tout haut ce
américaine démocrate que les précédents gou­
prône une ouverture vers vernements
faisaient
le monde musulman très "tout bas" sous le cou­
attentif sur la question vert des "processus de
palestinienne. Elle est paix" successifs. Ainsi,
d'autant plus dangereuse l'extrême droite ne fait
qu'elle risque d'exacer­ que mettre à nu une
ber la crise entre l'Iran et hypocrisie d'Etat appli­
la communauté interna­ quée depuis la création
tionale au sujet du d'Israël. D'ailleurs, la
nucléaire. Le retour de charte du Likoud refuse
Netanyahu aux comman­ l'existence d'un Etat
des avec sa bande de sio­ palestinien tout comme
nistes ne rassure pas celui du Hamas nie
quant à la poursuite du l'existence de l'Etat d’Is­
processus de négocia­ raël. Avec ce gouverne­
tion.
ment, finis donc les men­
En rappel, il y a eu les songes grotesques sur la
"Accords d'Oslo" de disposition d'Israël à
1993 qui ont donné le aller à la paix. Neta­
top départ à une série nyahu crie haut et fort
d'autres accords comme qu'il faut continuer " 48
la Feuille de route en
"et construire Eretz
2003 et le processus de Israël. Lieberman, son
paix de la Conférence ministre des affaires
d'Annapolis en 2007. étrangères
affirme"
Ces différents accords qu'accepter des conces­
ont statué sur la création

D

CHANGEMENT DE
GOUVERNEMENT

EN ISRAEL

Faut-il
craindre
le pire ?

2

sions dans le cadre du
processus de paix avec
les Palestiniens mènerait
l'Etat hébreu à la
guerre."
Cette attitude du nou­
veau
gouvernement
embarrasse les alliés
d'Israël notamment les
Etats-Unis et l'Union
européenne.
Israël
devient de plus en plus
difficilement soutenable.
La politique qui consiste
à faire d'Israël un allié
indéfectible contre tout
devient difficile à défen­
dre. Mais malgré tout, au
nom d'une alliance stra­
tégique avec Israël et de
certains intérêts com­
muns, "la communauté
internationale" se taira
sur les agissements asy­
métriques du gouverne­
ment
israélien
tout
comme elle l'a fait lors
du dernier massacre de
Gaza.
En somme, si l'arrivée de
l'extrême droite en Israël
compromet dangereuse­
ment la paix au Proche
orient, elle permet au
moins de connaître clai­
rement les intentions de
l'Etat hébreu depuis belle
lurette. Il y a eu certes
changement de person­
nes, mais les rapports
avec les Palestiniens
vont rester identiques et
sans ambages. Le pire
n'est donc pas à venir, il
est déjà là depuis 1948.B
La rédaction

La Preuve n° 19 - Mai 2009

Preuve évidente
De la résurrection (suite et fin)
Par Imam

sortira scs charges, et que
e thème de la résur­
l'homme dira : "qu'a-t-elle
rection est un sujet
inépuisable. Dans le
?" S99V1-3.
numéro précédent, nous
Le souffle dans la trom­
avons essayé de définir ce
pette (ou clairon)
qu'est la Résurrection et don­
ner quelques signes précur­
La nature de la trompette
seurs de la fin du monde. A
n'est pas connue, ni la
présent, nous présenterons
manière. Néanmoins le
Coran dit qu'ii sera soufflé
les différentes séquences de
dans la trompette :et voilà
la résurrection éclairée par
les versets du noble Coran et
que tous ceux qui sont dans
de la Sunna du prophète • les cieux et sur la terre seront
Muhammad (SAW).
pris de panique ou de
frayeur. Puis il y sera souf­
Le début de l'heure
flé, et tous ceux qui sont
Nous avons signalé que nul
dans les cieux et sur la terre
ne connaît le début de
tomberont foudroyés. Cela
l'heure. Les versets corani­
montre qu'il y aura deux
ques nous montrent que
souffles.
l'heure commencera par un
Après cela tous les êtres
tremblement énorme, sans
mourront "sauf ceux que
commune mesure avec ce
Dieu a épargnés". Puis une
qu'à connu l'humanité. La
période que Dieu seul
société humaine sera frappée
connaît, s'écoulera, et. l'on
d'une panique et d'une peur
soufflera le souffle de la
générale. Les paroles d'Allah
Résurrection. Chaque mort
dans le coran : "quand la
sera ressuscitée. "On souf­
terre sera secouée de sa
flera encore, et voilà qu'ils
secousse, et que la terre
seront débout, à regarder "
S39V68." Et on soufflera
dans la trompette, et voilà
que des tombes ils se préci­
Récépissé de déclaration
piteront vers leur Sei­
N°1862//CA-GI/OÛA/PF ’
gneur" S36V51

L

LaTrcuw

.. du 27 juillet 2007
' •
ISSN 0796-8426
Tel. 50 37 94 30 < \

Cell. 70 75 54 85

' Email : preuve2007@ÿahoo.fr

' Directeur de Publication

Mikailou Kéré '
Secrétaire de rédaction
SiakaGNÉSSl
Responsable commercial
.Moussa BOUGMA -

Mise en page et impression
Altesse Burkina 50 39 93 10,
.

Nombre de tiragè
1000 exemplaires

La Preuve n° 19 - Mai 2009

La résurrection et le ras­
semblement
Les morts seront ressuscités
dans l'état psychique dans
lequel ils ont trouvé la mort,
pensant qu'une ou quelques
heures se sont écoulées.
Dieu a donné en exemple
dans le coran, un homme qui
passa devant une citée inha­
bitée, et en ruine. Il dit : "
Comment Dieu va-fril, lui
redonner vie après qu'elle.est
morte ? Dieu donc le tenu

mort pendant cent ans. Puis
il le ressuscita en disant :
"Combien de temps as-tu
demeuré ?" "J'ai demeuré
un jour, dit l'autre, ou une
partie de la journée. Non,
dit Dieu, tu es resté cent
ans" S2V259.
Le dernier exemple nous a
été donné par les gens de la
caverne (grotte). Ils ont vécu
trois cent neuf années, puis
Allah les a ressuscité, ils
pensaient, tous qu'ils n'ont
vécu que quelques heures !
"Et le jour où l'Heure se
dressera, les criminels
jureront
qu'ils
n'ont
demeuré qu'une heure.
Aussi seront-ils renversés
"S30V55." Tandis que
ceux à qui science et foi
furent données diront : très
certainement vous avez
demeuré, au livre de Dieu,
jusqu'au jour de la Résur­
rection. Or voilà le jour de
la Résurrection. Mais vous
ne saviez pas "S30V56.

pour peser les actions des
êtres humains et aucun ne

sera lésé. Le Coran nous
informe qu'après le juge­
ment, le passage au dessus

de l'Enfer, est obligatoire
pour tous. "Nul de vous qui
n'y doit arriver : c'est un

arrêt décrété par ton Sei­
gneur. Ensuite Nous déli­

vrerons ceux qui étaient
pieux, et Nous y laisserons

les

prévaricateurs, age­

nouillés" S19V71-72.

Il est très difficile de saisir la
réalité du jugement. En tout
cas, la foi islamique nous
enseigne qu'il ne se passera

pas sur cette terre (il y a cer­
taines fausses croyances tel­
les que les témoins de Jého­

vah qui estiment que le Juge­
ment se passera sur cette
terre !). Puisque Allah parle

du soleil qui sera décroché,
le ciel qui se rompra, la terre

qui sera pliée comme on plie

une natte (voir S35)...
Le jugement

Tous les écrits convergent
Le moment du jugement est
inéluctable. La balance de la
justice absolue, sera dressée
et ne fera pas perdre, fût-ce
un grain de moutarde, ou l'un
des électrons voguant dans
l'espace de l'atome, ou même
plus petit. Les actes de
l'homme lui seront compta­
bilisés, entièrement, ses
intentions seront dévoilées.
Les registres seront ouverts
et distribués. Chaque homme
trouvera son livre ouvert et
on lui dira : "lis ton livre,
aujourd'hui, tu te suffis à
toi-même comme compta­
ble" S17V14.

On fera venir les balances,

pour dire que ce sera un jour

difficile pour l'ensemble de
l'espèce adamique. On parle
du soleil qui sera proche des

têtes, et elles bouillerons, la
sueur de certains qui attein­

dra

leur

hanche,

leur

épaule,... Et nul ne pourra

échapper,... se dérober du

jugement. Même les ani­
maux seront jugés. En clair,

c'est un jour de bilan, le bilan
de toute une vie, de toute la
vie... Qu'Allah nous facilite,
ce jour là, et nous facilite nos

comptes, et qu'il nous fasse

entrer au Paradis de part sa
grâce. Ameen ! ■

3

Religion de vérité
L'affaiblissement de la foi
Par Cheick Albayan

a foi est une dimen­
sion intérieure de

L

____ ' l’homme qui est non
anatomique ni physiologi­
que mais purement morale
et spirituelle. Elle s’acquiert
à travers les enseignements
religieux et travers l’obser­
vation des signes divins
dans l’univers qui n’est autre
que la manifestation l’exis­
tence de Dieu. La foi est
donc une valeur qui naît en
l’homme, croit et peut s'af­
faiblir voire disparaître.
Selon le Prophète Muham­
mad (SAW): "La foi s'use
dans le cœur à l'instar du
vêtement qui s'use. Deman­
dez donc à Allah (constam­
ment) de renouveler (et de
revivifier) votre foi." Dans
un autre Hadith, il dit: "il
arrive que le cœur du
croyant soit recouvert par
des nuages, comme c'est
souvent le cas pour la lune,
ce qui lui fait perdre sa
clarté; ensuite, lorsque ces
nuages disparaissent le cœur
resplendit à nouveau."
(Abou Nouaym). De ces
propos du prophète, il res­
sort clairement que la foi est
sujette à des variations dans
un sens ou dans l'autre.

Dans un monde où l'homme
veux tout faire sans Dieu, où
la religion n’a pas droit de
cité et où être croyant sur­
tout musulman est la chose
la plus difficile (face à la
diabolisation de l'islam et
4

des musulmans), tenir sa foi
est un casse tête. En outre,
beaucoup de facteurs com­
portementaux du croyant
influencent négativement sa
foi. Il s'avère alors néces­
saire, pour tout croyant sou­
cieux de la préservation de
sa foi, de savoir les facteurs
qui peuvent affaiblir la foi et
travailler à les éviter. D'où
l'intérêt du présentant article
dans lequel nous allons
revenir sur les facteurs d'af­
faiblissement de la foi et
comment on peut faire pour
raffermir sa foi.
Le premier des facteurs
comportementaux
qui
affecte négativement la foi
est la multiplication des
péchés et des mauvaises
actions qui ont une influence
directe sur l'intensité de la
foi. Le Prophète a dit: "Lors­
que le croyant commet un
péché, un point noir s’inscrit
au sein de son cœur; s'il se
repent, l'abandonne et
demande le pardon, son
cœur retrouve sa clarté; s'il
augmente (ses mauvaises
actions), le point noir s'étend
jusqu'à recouvrir entière­
ment son cœur; c'est cela la
"rouille" qu'Allah men­
tionne dans le coran : "Pas
du tout, mais ce qu'ils ont
accompli "a rouillé" leurs
cœurs." (Mouslim) Ainsi,
lorsque des mauvaises
actions sont commises de
façon répétée, la lumière qui

nous permet de distinguer le
bien du mal s'affaiblit pro­
gressivement, jusqu'à dispa­
raître totalement, le cœur
devient dure et insensible au
rappel de Dieu. Alors, cha­
cun doit éviter de commettre
les péchés. On doit plutôt se
repentir quotidiennement de
nos péchés vis-à-vis de
Dieu. Le prophète qui a reçu
l'assurance du pardon de
tous ses péchés passés et
futurs se rependait chaque
jours soixante dix ou cent
fois.

La deuxième source de perte
de foi est l'attachement
excessif au matériel. Le
coran proclame de façon
explicite que les biens de ce
monde constituent des
épreuves pour le croyant :
"Vos biens et vos entants
ne sont qu'une tentation,
alors qu'auprès d'Allah est
une énorme récompense."
(Sourate 64 / Verset
15)"Nous avons placé ce
qu'il y a sur la terre pour
l'embellir, afin d'éprouver
(les hommes et afin de
savoir) qui d'entre eux
sont les meilleurs dans
leurs actions."(Sourate 18
/ Verset 7). Les biens maté­
riels peuvent constituer une
source de succès, tout
comme ils peuvent être à
l'origine de la perte de foi.
Tout dépend de la place
qu'ils occupent dans le cœur
du croyant : s'il s'attache de

façon excessive à elles, au
point de faire passer leur
amour avant celui d’Allah et
de Son Messager (SAW), il
dévie du droit chemin. Le
Prophète
Muhammad
(SAW) dit : "(...) Par Dieu,
ce n'est pas la pauvreté que
je crains pour vous. Je crains
plutôt que ce monde ne vous
soit offert comme il avait été
offert à ceux qui vous ont
précédés, que vous ne le
vous disputiez comme ils se
le sont disputés, et qu'il ne
cause votre perte comme il a
causé la leur."(Boukhâri et
Mouslim) Cela ne signifie
pas pour autant qu'il est
interdit d'éprouver de
l'amour ou de l'attachement
pour les choses de ce
monde. En fait l'attrait pour
elles est une chose naturelle.
Dieu affirme : "On a enjo­
livé aux gens l'amour des
choses qu'ils désirent :
femmes, enfants, trésors
thésaurisés d'or et d'ar­
gent, chevaux marqués,

bétail et champs..."(Sou­
rate 3 / Verset 14). Ce pas­
sage montre clairement que
l'amour des choses citées a
été placé par Allah Luimême au sein des êtres
humains. Leur présence
n'est donc en rien contraire à
la foi. Par contre, si l'amour
et l’attachement à ces choses
deviennent aveugles, en ce
sens
qu'ils
poussent
l'homme à briser les précep­
tes divins et à violer les

La Preuve n° 19 - Mai 2009

Religion de vérité
interdits, dans ce cas effecti­
vement ils font peser un
grand danger sur sa foi. La
vie ici bas n'est que éphé­
mère comme Dieu l'affirme
en ses termes : "Sachez que
la vie présente n'est que jeu,
amusement, vaine parure,
une course à l'orgueil entre
vous et une rivalité dans
l'acquisition des richesses et
des enfants. Elle est en cela
pareille à une pluie : la végé­
tation qui en vient émer­
veille les cultivateurs, puis
elle se fane et tu la vois donc
jaunie; ensuite elle devient
des débris. Et dans l'au-delà,
il y a un dur châtiment, et
aussi pardon et agrément
d'Allah. Et la vie présente
n'est que jouissance trom­
peuse. Hâtez-vous vers un
pardon de votre Seigneur
ainsi qu'un Paradis aussi
large que le ciel et la terre,
préparé pour ceux qui ont
cru en Allah et en Ses Mes­
sagers. Telle est la grâce
d'Allah qu’il donne à qui II
veut. Et Allah est le Déten­
teur de l'énorme grâce
".C57V20-21
Les moyens matériels si on
en dispose, doivent plutôt
servir la cause de la foi par
les dépenses que l'on effec­
tuera pour la face de Dieu.
Le troisième facteur d'affai­
blissement de foi que nous
pouvons évoquer est le fait
de rester trop longtemps à
l'écart d'un environnement
spirituel sain et de fréquen­
ter les gens dévergondés. Si
l'on reste constamment dans
un milieu qui n'accorde

La Preuve n° 19 - Mai 2009

aucune place à Dieu et où
les Lois divines sont
constamment
brisées,
comme c'est le cas dans la
plupart de nos sociétés
actuelles, notre foi ne man­
quera pas de prendre un
coup. Aussi bien le coran
que les Hadiths nous mon­
trent l'impact que l'environ­
nement et les fréquentations
ont sur le cœur et la person­
nalité de l'homme. Allah dit:
"Fais preuve de patience [en
restant] avec ceux qui invo­
quent leur Seigneur matin et
soir, désirant Sa Face. Et
que tes yeux ne se détachent
point d'eux, en cherchant (le
faux) brillant de la vie sur
terre. Et n'obéis pas à celui
dont Nous avons rendu le
cœur inattentif à Notre Rap­
pel, qui poursuit sa passion
et dont le comportement est
outrancier." (Sourate 18 /
Verset 28) Le Prophète
Muhammad (SAW) ajoute:
"Tout homme suit la reli­
gion de ses amis. Que cha­
cun choisisse ses amis avec
soin."(Abou Dâoud et Tirmidhi) Il a dit également:
"La compagnie de l'homme
vertueux et celle de l'homme
malfaisant sont respective­
ment comparables à celle du
parfumeur et du forgeron.
Le parfumeur te donne du
Musc ou t'en vends, ou
encore il émane de sa per­
sonne une odeur. agréable,
tandis que le forgeron risque
de brûler tes habits et il
répand une odeur nauséa­
bonde." (Boukhârfet Mouslim). Alors, il faut savoir

choisir ses amis et surtout ne
pas fréquenter ceux qui ne
partagent pas votre foi. Il ne
s'agit de ne pas être en bon
terme avec nos frères et
amis des autres confessions,
mais seulement éviter de
nuire à votre foi en leur
compagnie. Dans notre
société actuelle, il n'est pas
rare que tes collèges te
convainquent de prendre
une gorgée d'alcool pour
leur faire plaisir, ou de les
servir l'alcool le jour de
tabaski et ramadan pour se
montrer modéré. Ce sont de
telles compagnies qu'il faut
éviter. Fréquenter plutôt des
milieux où le respect de la
confession de chacun est de
mise.
En outre, ne pas penser à la
mort, et espérer vivre long­
temps et de compter que
vers la fin de sa vie l'on ado­
rera Dieu est source d'égare­
ment. Cela provoque un dur­
cissement du cœur et un
détachement par rapport aux
pratiques religieuses. En
effet, ne pas penser à la
mort, c'est aussi ne pas pen­
ser à toutes les étapes qui
vont la suivre : la tombe, le
Jugement Dernier, la traver­
sée du "Sirât", le paradis ou
l'enfer... Le coran l'exprime
en ces termes: "Le moment
n'est-il pas venu pour ceux
qui ont cru, que leurs cœurs
s'humilient à l'évocation
d'Allah et devant ce qui est
descendu de la vérité [le
Coran] ? Et de ne point être
pareils à ceux qui ont reçu le
Livre avant eux. Ceux-ci

trouvèrent le temps assez
long et leurs cœurs s'endur­
cirent, et beaucoup d'entre
eux sont pervers." Sourate
57 / Verset 16. En fin le
manque de science reli­
gieuse peut aussi être à l'ori­
gine de l'affaiblissement de
la foi, surtout pour les per­
sonnes qui sont en contact
avec des cercles où les prin­
cipes de l'Islam ne sont pas
pris en considération. De
même, celui qui entend
constamment des attaques,
directes ou indirectes, por­
tées à l'encontre de l'Islam et
de ses principes et ne fait
rien pour essayer de savoir
la vérité risque fortement de
voir, à la longue, sa foi s'af­
faiblir... d'où l'obligation de
recherche de savoir qui est
imposée à tout musulman et
à toute musulmane.
Comme on le voit, avoir la
foi et la maintenir est une
épreuve difficile, mais elle
est facile si l'on considère
l'islam comme civilisation,
un mode de vie qui a ses
civilités une autre façon de
voir la vie. Il faut éviter d'en­
vier les autres et rester en
compagnie de gens pieux.
En vérité : "Les vrais
croyants sont seulement
ceux qui ont cru en Allah
et en Son messager, et qui
par la suite s'y sont tenu
ferme et qui luttent avec
leurs biens et leurs person­
nes dans le chemin d'Al­
lah. Ceux-là sont les véri­
diques ".C49V15«

5

Plume du mois
SITE D'OR AU BURKINA FASO

L’Eldorado de la mort et de la débauche
Par Aris

onkèré, Doré, Namis-

K

siguna, Epana, voici

vécu par les orpailleurs devrait

interpeller la responsabilité de

tous, à commencer par l’Etat.
des noms qui riment
C'est lui qui est responsable de
avec cimetière dans la mémoire
la sécurité de tous les Burkina­
des familles qui y ont vu leurs
bés. A ce titre, la pagaille qui
enfants périr à jamais. Et mal­
règne sur les sites d'or et qui est
heureusement la liste de ces
tombeaux communs est loin

cause des désastres doit être

d'être exhaustive. En effet, plu­

réglementée par l'autorité. Il est

sieurs sites d'or de notre pays

inacceptable d'assister passive­
ment à la perte de vies humai­

ont été ces derniers temps le

la vie à plusieurs citoyens. Ces

nes, comme c'est le cas ces der­
niers temps. Il est plus que

théâtre d'un drame ayant coûté

sent moins perceptibles, mais

tant.

Intéressons nous aux conditions
de vie sur ces sites. Les éboule-

ments ne sont que l'iceberg qui
cache le vrai chao des sites d'or.

En réalité, les victimes y sont
dents dramatiques et spontanés

traînement avant de s'essayer

des éboulements.

ailleurs. Voila qui devrait mou­

La drogue, la prostitution, le

VIH Sida, la pire forme du tra­
vail des enfants sont le lot de ces

jamais temps de mettre de l'or­

dre dans ce secteur d'activité.

matérielle et morale, où le ver­

sent d'avaler leurs occupants.

Trop de mort, c'est trop. Des

rou des règles et conduites de

lieux. C'est le lieu de la misère

Qu'est ce qui pousse ces victi­

morts pour rien. Des morts qui,

vie est sauté. Et les conséquen­

mes à prendre souvent le risque

même responsables des acci­
dents qui leur sont fatals, méri­

ces des comportements de tra­

? Quelle vie les citoyens de
sites de l'espoir jamais atteint?

La pauvreté a fini par mettre
certains citoyens devant le seul

choix de tout risquer pour leur
survie. Et les sites d'or qui

représentent le rêve d'un gain

immédiat et gigantesque attirent
de nombreuses victimes en sur­
sis qui viennent tenter leur

chance. Seulement le calvaire

teraient plus d'égard de la part
des autorités. Quand on connait
le nombre de manifestations
souvent banales qui bénéficient
du parrainage des plus hautes
autorités, il devient peu compré­
hensible de voir que ces drames
des sites d'or ne connaissent très

souvent que la présence des
autorités locales. Leurs supé­
rieurs n'y vont pas, ou le font
longtemps plus tard comme
pour dire : ce n'est pas si impor-

travers tout le pays. Des bandits

et braqueurs de nos routes y ont
souvent trouvé un terrain d'en­

sites d'or connus déjà comme

maximal où leur vie en dépend

tion des déviations sociales de
ces conclaves de ni loi, ni foi à

bien plus que les morts des acci­

des lieux de débauche, ne ces­

seconde zone mènent-ils sur les

sont peut être le plus meurtrier.
Le pire à redouter est l'exporta­

vers engendrent la mort ou l'in­

voir les garants de la sécurité
des citoyens. Les garants de la
morale et de la bonne conduite
devraient également s'inquiéter

de l'extermination des bonnes
mœurs.

Il est inadmissible de laisser ces
hommes et femmes déjà margi­

validation sociale des hommes

nalisés du fait de leur double

et femmes sur les sites d'or. Les

pauvreté matérielle et morale,

sites d'or sont des endroits par

périr. Et c'est une responsabilité

excellence de banalisation des

de tous qui est engagée, à com­

actes jugés très dangereux par la

mencer par l'Etat. En attendant,

société. Que dire des trafics des

nous n'avons que notre appel à

produits nocifs telle la drogue ?

lancer aux premiers concernés.

Ceux qui y meurent des acci­

L'argent de l'or n'est pas une fin

dents ne sont que des rescapés

des vices des sites du désespoir.

en soi, surtout quand il n'y a que

la mort au bout. La ruée vers l'or

Les drames discrets des mau­

de la mort ne pourrait en aucun

vaises conditions de vie parais­

cas être une solution de la vie. ■

Sagesse du mois
l s'agissait d'un nouvel imam d'une des
comptes. Il s'est dit qu'il pouvait les garder et
mosquées de Londres ! Il empruntait
les considérer comme un cadeau du ciel.
tous les jours un bus pour aller au boulot.
Arrivé à son arrêt, l'imam se lève et change
Un jour, en achetant son ticket, le conducteurd'avis, et avant de descendre il va voir le
se trompe et lui rend 20 centimes de monnaie
conducteur et lui rend les 20 centimes en
en trop. L'imam se rend compte de l'erreur
disant; 'Vous m'avez rendu en trop'. Le
une fois assis lorsqu'il a recompté sa monnaie.
conducteur sourit et lui dit; ' Vous êtes le nou­
Il s'est dit qu'il devait rendre les 20 centimes
vel Imam de la mosquée n'est-ce pas? En fait,
au conducteur, puis son intérieur lui dit que
ça fait quelque temps que je pense rendre
c'est une somme ridicule et que le conducteur
visite à votre mosquée pour apprendre l'Islam,
s'en moque! L'entreprise des transports en
et j'ai fait exprès de vous rendre de la monnaie
commun gagne beaucoup d'argent et ce ne
en trop pour voir votre réaction'. En descen­
sont pas ces 20 centimes qui affecteront leurs
dant, l'imam a senti ses jambes flancher et a

I

6

failli s'effondrer. Il se ressaisit en s'appuyant à
un poteau, puis il regarda le ciel les yeux en
larmes : Allah! J'ai failli vendre l'Islam pour
20 centimes!!!

La morale ; Musulmans, vous êtes en pre­
mière ligne. Des ambassadeurs de l'Islam!
Peut-être que vous êtes la seule, et la première
image concrète de l'Islam pour beaucoup de
non-musulmans. Soyez à la hauteur! Ne dés­
honorez pas la Oumma de Mohammed
(PSL) ! N'oubliez jamais qu'à travers vous, on
fera, malheureusement, le procès de
l'Islam! ■

La Preuve n° 19 - Mai 2009

oint de vue
Proscrire la polygamie est une injustice
'observateur-Paalga,
sonne du sexe opposé. A mon
dans sa parution n°7361
humble avis, celles et ceux qui
du 15/04/2009, à travers
font librement et consciencieu­
l'article "Peine capitale et poly
­
sement
le choix de la polygamie
gamie au Burkina : une aboli­
appartiennent à cette catégorie
tion pour faire plaisir aux PTF
de personnes. Ce sont des Bur­
?", a rendu compte des recom­
kinabé qui ont leur place dans
mandations faites aux autorités
ce pays et il ne faut pas chercher
burkinabé par des partenaires
à les en exclure. En général, ils
techniques financiers (PTF)
n'ont aucune animosité à l'égard
auxquels sont liés notre pays.
de ceux qui trouvent que la
Ces suggestions, qui auraient
polygamie n'est pas la solution
été reçues dans le cadre d'un
et qui préfèrent s'en abstenir.
renforcement
des
droits
Tout au contraire, ils les respec­
tent. Pourquoi, en retour, faut-’
humains, instruisent entre autres
que les adhérents à la polygamie
le Burkina Faso d'user de la loi
soient stigmatisés et traités d'arpour interdire et sévir contre la
riéristes ?
pratique de la polygamie.

L

Considérant que notre pays ne
va aucunement se construire de
l'extérieur, mais plutôt de l'inté­
rieur, j'estime que, sur une ques­
tion aussi cruciale qui engage

l'avenir de notre nation, le
citoyen lambda que je suis a le
devoir de se prononcer.

Tout d'abord, je voudrais faire
remarquer qu'il est tout à fait
naturel que les avis des citoyens
burkinabé ne soient pas entière­
ment concordants au sujet de la

polygamie. Cela n'a rien d'anor­
mal. Sur la question du mariage
en général, il n'y a pas de
consensus. Les adeptes de
l'union libre sont farouchement
opposés au mariage et y voient

Quoiqu'il en soit, des polyga­
mes, il y en aura toujours et de
plus en plus. Pourquoi alors
faut-il contraindre l'épouse du
polygame à la clandestinité, en
la condamnant à être officieuse­
ment et illégalement liée à un
homme qu'elle a choisi et
qu'elle est en droit de choisir ?
Pourquoi faut-il obliger certains
enfants du polygame à être, visà-vis de notre loi, des enfants
naturels et non des enfants légi­

times ? Est-ce cela la meilleure

exemple, celles des prétendants
au mariage homosexuel.

Nous sommes déjà face à
d'énormes défis à relever sur le
plan de l'éducation. A mon avis,
l'abolition de la polygamie est
une injustice qui va profondé­
ment déstabiliser notre société.
Le mal-être, la tension sociale et
l'insécurité qui en découleront
ne feront que fragiliser davan­
tage nos familles ainsi que notre
peuple, et les rendront par
conséquent plus vulnérables,
i )e plus, aujourd'hui on va géné­
ralement à la prostitution par
option. Demain, si la polygamie
est interdite, bon nombre de nos
filles, de nos sœurs, de nos veu­
ves, voire de nos mères, se
livreront au vagabondage

sexuel par contrainte. Ce n'est
pas juste et ne soyons pas sur­
pris si les suicides et les tueries
des forcenés venaient à se mul­
tiplier comme c'est le cas pré­
sentement en Occident. Le rôle
de nos lois n'est ni d'inciter
l'homme à jouer à cache-cache,
ni de suggérer à la femme d'être
une chose publique, et encore
moins d'obliger l'enfant à s'auto-

C'est par exemple le cas du
Canada. Après une analyse de la
situation des mormons et celle
des nombreux canadiens aspi­
rant à la polygamie ou la prati­
quant officieusement, une pro­
position y a été faite de légaliser
ce régime matrimonial. En
effet, peu importe son ordre

d'arrivée dans la famille, une
femme vivant officiellement
dans la polygamie a des droits.
S'il est vrai que certains hom­
mes s'arrangent pour faire
d'énormes faveurs à leurs maî­
tresses au détriment de leur uni­
que épouse, il n'est pas rare de
rencontrer des maîtresses mal­
traitées et ne jouissant d'aucun
droit. Pourquoi sévir contre la
légitime aspiration de certaines

personnes à s'engager dans la
polygamie, alors qu'on prétend
les protéger et rechercher leur
épanouissement ? Parce qu'on

aura privé certaines femmes
d'un mariage officiel, elles n'au­
ront quasiment pas de voie de

recours lorsqu'elles seront injus­
tement traitées, à moins qu'elles
ne se décident à se rendre jus­

tice elle-même. Contrairement
aux idées reçues, la permission
de la polygamie protège la
femme et impose des devoirs à

façon de faire la promotion des
droits humains ? Pourquoi cer­
tains bailleurs de fond tiennent à
nous éloigner des bonnes
valeurs de nos parents que sont
l'aspiration à l'intégrité et l'en­
traide sociale ? Que recherchent

éduquer. La proscription de la
polygamie n'arrange pas l'Afri­

n'arrange même pas l'Occident.

demande aux autorités du Bur­
kina Faso ainsi qu'à celles du

en réalité ceux des PTF qui

Un peu partout en Occident,

monde entier de s'abstenir d'in­

sexuel soit une sorte de produit

imposent ce genre de législation

bon nombre de femmes et

de grande consommation, un

à nos Etats ? Je n'en sais rien,

d'hommes

sans

faut, c'est plutôt surveiller la

genre de kleenex, dont on peut
se séparer sans devoir se sou­
mettre à des procédures judi­

mais j'estime que ces questions
méritent que chacun de nous y

contrainte la polygamie et sont
meurtris de ne pas pouvoir offi­
cialiser leur option.

pratique de la polygamie et
punir de façon idoine tout abus
en la matière. Ne nous trompons

Certains pays occidentaux en
sont à envisager le rétablisse­

pas d'adversaire. ■

une forme d'exploitation et une
injustice vis-à-vis de la femme.
Ils préfèrent que le partenaire

ciaires. A l'opposé, beaucoup
estiment que leur épanouisse­

ment passe par le fait d'apparte­
nir à une famille après s'être
officiellement uni à une per­

La Preuve n° 19 -..Mai 2009

réfléchisse sérieusement et sans
passion. C'est d'autant plus

curieux que, dans le même

temps, la tendance est plutôt à la
protection des aspirations de
certaines minorités comme, par

que, car elle rend hors-la-loi des
personnes qui respectent et qui
ne demandent qu'à être respec­
tées. En vérité, cette interdiction

choisissent

ment de la possibilité de vivre
légalement dans la polygamie.

l'homme.

Au vu de ce qui précède, je

terdire la polygamie. Ce qu'il

Mohamed TIENDREBEOGO
(tmohamed73@hotmail.com)

7

P ortrait
Qui est Hassan Abdallah al-Tourabi ?
-----

Par Bachar SOW

trois langues : anglais, français
et allemand.

Al-Tourabi adhère très tôt au
mouvement des frères musul­
mans et dirige la section sou­
danaise. L'histoire politique
mais aussi sa ligne idéologique
ont fait de l'homme un person­
nage controversé. N'a-t-il pas
été longtemps présenté dans la
presse occidentale comme " le
pape noir du terrorisme " ? Il
fut l'instigateur du mouvement
qui a conduit au coup d'Etat
Hassan Abdallah al-Tourabi
ayant installé le régime actuel
du Soudan. Régime dont il
e président soudanais
devenu paradoxalement le plus
Omar El Béchir est
grand opposant.
____ /aujourd'hui sur la sel­
Son parcours politique
lette à cause du mandat d'arrêt

L

international lancé contre lui
par la CPI. Et dans le débat qui
se mène depuis lors sur le
sujet, une voix toute particu­
lière venue du Soudan où tout
le monde semblait soutenir le
général président, a osé
approuver la décision de la
CPI. C'est celle de l'atypique
Hassan Al Tourabi. Qui est au
juste cette énigme ?

Homme politique et religieux
soudanais, Al-Tourabi est né
en 1932 à Kassala à la frontière
avec l'Érythrée. Son père est un
cheikh soufi. Il suit des études
poussées en droit : maîtrise de
l'Université de Khartoum (de
1951 à 1955), master de l'Uni­
versité de Londres et enfin
thèse à l'Université de la Sor­
bonne de 1959 à 1964. Grand,
mince, le plus souvent vêtu de
blanc, c'est un homme très cul­
tivé et fin connaisseur du
monde occidental dont il parle

8

Ancien chef des Frères musul­
mans soudanais, son militan­
tisme remonte à l'époque où il
était étudiant à l'université de
Khartoum. Il était de l'aile du
mouvement qui prônait la prise
du pouvoir d'Etat en opposition
à la branche modérée qui pro­
pose un processus lent sur la
base de la formation des cadres
et la conscientisation des mas­
ses conformément à la ligne
originelle des Frères musul­
mans. Al Tourabi prêche un
panarabisme islamique en
symbiose militante avec tous
les mouvements islamistes du
monde arabe, mais aussi non
arabe. Pour lui, le nationalisme
arabe est " révolutionnaire isla­
mique. " Il créa le Front islami­
que national avec ses amis qui
devint rapidement un parti de
masse et remporte 51 sièges
aux législatives de 1986. En
tant que chef d'une importante



-

formation politique et confor­
mément à sa tendance, il beau­
coup a influencé les militaires
pour la prise du pouvoir d'Etat.
Le plan consistait à agir dans
l'ombre pour ne pas s'attirer
l'hostilité de l'occident anti­
islamiste. C'est ainsi qu'il
devint le cerveau (guide et
idéologue) du coup d'Etat du
Général Hassan Omar El
Béchir (un inconnu propulsé à
la tête du mouvement) en juin
1989. Comme fonction dans le
nouveau pouvoir entre les
mains de ses hommes et esti­
mant selon toute vraisem­
blance qu'il n'y avait plus de
risque de l'afficher au grand
jour, El Tourabi est élu prési­
dent de l'Assemblée nationale
en 1995 (alors qu'il était le
directeur pour l'Afrique du
Congrès mondial islamique),
pour s'occuper du législatif et
laisser l'exécutif aux militaires.
Ce fut le point de départ mal­
heureusement de toute la
brouille avec le président El
Béchir.

Contre toute attente, des
mésententes naquirent entre
eux comme pour confirmer
que le pouvoir est l'une des
plus grandes tentations des
hommes où qu'en politique
l'incroyable peut se réaliser.
Du divorce à l'opposition au
régime d'El Béchir

El Béchir et son vice président
Ali Ousman Mohammad
TAHA
(qui secondait Al
TOURABI au sein du mouve­
ment des frères musulmans) lui
reprochaient de ne pas respec­

ter la hiérarchie. Ce qui était
tout à fait normal en pratique,
du fait de son statut particulier
au sein du régime. Il n'était pas
un président ordinaire de l'As­
semblée, il était l'éminence
grise du régime, tout au moins
pour la conquête du pouvoir
d'Etat. De ce point de vue, si ce
qu'on lui reprochait (trop de
prérogatives et non respect de
la hiérarchie) était vrai, son
attitude pourrait se comprendre
et devait être acceptée par tous
les dignitaires du régime. Au
fait, la pomme de discorde se
situait au niveau de l'orienta­
tion du régime face à la pres­
sion étrangère. Alors que Al
Tourabi veut voter des lois
pour renforcer la ligne idéolo­
gique du régime et tenir face à
l'adversité, El Béchir et son
premier ministre craignant la
menace américaine voulaient
une sorte d'ouverture.
Ils décidèrent ainsi d'écarter Al
Tourabi de la sphère du pou­
voir pour sortir de l'isolement
de la communauté internatio­
nale et diminuer la pression
américaine sur le régime. Ce
dernier étant taxé dans les
médias internationaux de sou­
tien de l'islamisme radical et
ami personnel de Ben Laden.
En effet, les Américains repro­
chaient au Soudan d'être le
soutien du terrorisme et le
menaçaient par leur soutien à
la rébellion du Sud de John
Garang mais aussi par toutes
sortes de pressions à travers
l'Egypte, leur allié dans la
région après l'Israël.

C'est ainsi qu'on commença à

La Preuve n° 19 - Mai 2009

ortrait
stigmatiser celui-là même qui
fut la pierre angulaire du
régime. El Béchir accuse Al
Tourabi de complot et fit dis­
soudre le parlement en décem­
bre 1999. Pour légitimer son
attitude vis-à-vis de son ex­
mentor, il joue sur la fibre eth­
nique en exploitant lui-même
sa propre origine nordiste pour
faire de Al Tourabi persona
non grata. En effet, les nordis­
tes. pourtant minoritaires se
réclament arabe de souche et
se sont toujours estimés dignes
du pouvoir. Ce fait est connu
au Soudan.
Parallèlement, Ben Laden qui
avait trouvé refuge au Soudan
pour soutenir l'expérience sou­
danaise en tant qu'entrepreneur fut expulsé du pays. Il est
difficile de dire exactement
quelle relation Al Tourabi
entretenait personnellement
avec Ben Laden pendant le
séjour de ce dernier au Sou­
dan. On sait par contre que le
chef d'Al Qaeda, jusqu'en
1996, habitait à moins d'un
kilomètre de chez lui dans un
quartier bourgeois de Khar­
toum. Lui-même affirme que
Ben Laden lui a rendu visite
mais comme beaucoup d'au­
tres personnalités qu'il recevait
chez lui. Il précise qu'il était
d'ailleurs au Soudan en tant
qu'entrepreneur.
Le rapport de la Commission
nationale sur les attaques ter­
roristes contre les États-Unis,
mentionne Al-Tourabi comme
l'un des principaux soutiens
d'al-Qaeda et de Oussama Ben
Laden en Afrique.

Au départ, beaucoup ont cru
que le divorce entre Al Tou­
rabi et El Béchir était une stra-

tegie commune pour tromper
la vigilance de la communauté
internationale tant le fait
paraissait incroyable. Mais
tout se précise lorsqu'en mars
2004, Al Tourabi est empri­
sonné pour tentative de coup
d'État datant de septembre
2003.
Le 30 juin 2005, le président,
pour fêter le 16e anniversaire
de son arrivée au pouvoir,
libère tous les prisonniers poli­
tiques soudanais, y compris
Al-Tourabi

Depuis qu'il a été écarté du
pouvoir, Al-Tourabi dirige le
Congrès du parti Populaire
Soudanais, important parti
d’opposition, son premier parti
étant en quelque sorte confis­
qué par le camp du président.
Il multiplie des déclarations
contre le régime. Il est arrêté
de nouveau le 12 mai 2008
suite à l'incursion avortée des
rebelles du MJE (Mouvement
pour la justice et l'égalité) dont
on le soupçonne de soutenir.
Lui-même avoua plus tard son
appui aux rebelles du Darfour
: " Et je ne supporte pas que le
Mouvement Justice et Egalité,
je soutiens tous ceux qui se
battent contre le pouvoir. Je
connais très bien le Darfour.
La plupart des observateurs
oublient que cette région,
grande comme la France, a été
indépendante jusqu'au début
du XXe siècle. Qu'a fait pour
les Darfouriens le régime
actuel ? Rien, ni routes, ni éco­
les, ni électricité. Toutefois,
mon parti, le Congrès popu­
laire, ne participe pas aux
combats "

La Preuve n° 19 - Mai 2009

II soutient le mandat d'arrêt
international lancé par la CPI

l'université de Khartoum, qua­
lifiant ses opposants traditio­
nalistes de défendre des idées
"périmées". A propos, il s'ex­
Il faut noter qu'il est établi que
plique en ces termes : " A
certains groupes rebelles au
condition bien entendu que ces
Darfour sont conduits par des
officiers qui sont restés fidèle chrétiens ou ces juifs soient
tolérants. Par ailleurs, rien ne
à Al Tourabi. En effet, beau­
s'oppose à ce qu'une femme
coup de ses proches quittent la
puisse devenir imam si elle en
capitale et vont influencer le
Darfour en jouant sur la fibre a les qualités. Je ne suis pas
sectaire. Je ne suis pas sunnite,
ethnique en utilisant l'idée que
les nordistes au pouvoir refu­ je ne suis pas chiite, je suis
sent le développement de cette musulman. Quand je repense à
vaste région. Il explique dans ce qui s'est passé en Afghanis­
tan après le départ des Soviéti­
une interview que ce qu'il
ques, où les Afghans, tous
reproche au régime c'est "
musulmans, se sont battus
d'être totalement corrompu,
non démocratique. La popula­ entre eux, je me dis que les
tion ne profite absolument pas musulmans ont encore beau­
coup de progrès à faire sur
de la manne pétrolière. Et, ce
cette planète "
qui est plus grave, Khartoum
continue de détenir tous les
En tant que libre penseur il ne
pouvoirs. Il n'y a pas un vrai
se gène pas d'adopter ces gen­
fédéralisme, une vraie décen­ res de position. Les saoudien
tralisation. C'est ce qui expli­ ne le considèrent pas plus
que la situation au Darfour.
qu'un apostat et jugent ses pro­
C'est pourquoi il y a eu cette ductions de dangereuses
guerre sanglante avec le Sud.
J'ai passé une partie de ma vie L'opposant Soudanais, Hassan
Al Tourabi n'envisage pas de
en prison. Et bien, à mon âge,
je préférerai encore être jeté se présenter à l'élection prési­
dentielle de 2010. Agé de 77
dans une cellule plutôt que
négocier avec le pouvoir sou­ ans, le vieil opposant au prési­
dent Omar El-Béchir invoque
danais actuel. Au moins en
des questions d'âge et souhaite
prison, je pourrai écrire des
laisser la place à la jeune
livres"
garde. Il veut se consacrer à
En 2006, Al-Tourabi est
l'écriture de ses mémoires sur
accusé d'apostasie pour avoir
ses 40 ans de carrière politi­
écrit dans un article que les
que. Il reste la figure emblé­
femmes
musulmanes
matique de l'opposition au
devraient avoir le droit de se
Soudan et constitue une
marier avec des chrétiens ou
menace sérieuse pour le
des juifs et qualifiant les avis
régime en place. Il demeure
religieux s'y opposant de
populaire tant il est soutenu
"rétrogrades". Il s'est égale­
par de très nombreuses per­
ment déclaré favorable à l'or­
sonnalités qui lui sont restés
ganisation de prière non
fidèles. ■
séparé entre hommes et fem­
mes. Il a réitéré ses propos à

contre le président El Béchir
pour crime de guerre et crime
contre l'humanité au Darfour.

9

L.Ççon de vie

L’irresponsabilité des hommes


n jour, je revins de
la mosquée, après

U

__ 19h, lorsque j'aper­
çus dans la pénombre, assise,
collée au mur de ma maison,
la tête posée sur ses cuisses et
couverte par ses deux pau­
mes, ma voisine. Elle pleur­
nichait. Je m'arrêtai et m'assis
à côté d'elle. Je la consolai
d'abord avant de lui deman­
der la cause de son désarroi.
La naïveté des femmes



Par Idriss

une parcelle embellie d'une
villa cossue. Il m'a surtout
fait rêver : les soirées dansan­
tes accompagnées de dégus­
tations de boissons et de mets
rares. Je ne manquais jamais
d'argent de poche encore
moins d'unités dans mon por­
table. Grâce à lui j'ai décou­
vert certains endroits et ten­
dances de Ouaga. Mais
maintenant tout cela relève
du passé. Que j'ai été naïve,
idiote."

constitue leur piège

Le pot s’est brisé

"J'étais enceinte de mon
copain jusqu'à la semaine
dernière ; date à laquelle il
m'a fait avorter cette gros­
sesse. Seulement depuis, je
saigne de façon ininterrom­
pue. Le pire, c'est que je me
sens abandonnée. Ma mère
vit en province, mon père
n'est plus et "l'irresponsable"
qui m'a conduit dans ce
drame est en voyage".

"A cette époque je n'avais
pas vu qu'il avait posé sur ma
tête un pot qui tanguait déjà.
Le bateau dans lequel j'étais
embarqué en sa compagnie, a
chaviré le jour où je l'annon­
çai ma grossesse. Que ne fut
sa réaction ! Il nia tout en
bloc en mettant en cause ma
fidélité. Quelques tests médi­
caux, après, finiront de le
convaincre du contraire. Tout
de suite, il m'intima l'ordre
d'avorter. Sous la pression de
ma mère qui ne voyait aucun
avenir dans cette relation,
j'obtempérai. Il me conduisit
chez son ami médecin qui
officiait dans une maison iso­
lée du quartier. Il y avait
cependant grand monde : des
femmes de tous les âges avec
les mêmes mobiles même si
les causes pourraient être dif­
férentes. Mon tour arriva et
en moins de cinq minutes ce
criminel de docteur venait de
tuer mon bébé. Et, depuis, je
ne cesse de saigner malgré le

Elle soupira profondément et
essuya son visage baigné
dans des larmes de détresse
avant de poursuivre. " Les
hommes sont tous menteurs,
mauvais. Je lui avais recom­
mandé la capote de peur que
je tombasse enceinte. Il avait
objecté ma proposition sous
prétexte qu'il assumerait les
conséquences de ses actes. Et
voilà qu'il m'abandonne.
Quel criminel !............Pour­
tant il m'avait tout promis :
une moto "c'est le moment",
une inscription dans une
école privée après mon BAC,

10



sac de médicaments que
j'avale tous les jours. Des
pots cassés ; voici ce que je
ramasse. Je n'arrive plus à me
concentrer en classe et je suis
devenue la risée de tout le
quartier. Adieu Amour, adieu
poulets, adieu école, adieu la
vie 1! "
Les hommes sont des men­

teurs irresponsables

"Il ne décroche plus, quand
son portable n'est pas fermé,
à mon appel. Il m'a menti sur
toute la ligne. Il avait retiré la
spark qu'il m'avait achetée
sous prétexte qu'elle me ser­
vait à courtiser les garçons du
quartier. Il a chassé tous les
hommes qui me courtisaient
en leur disant que j’étais sa
fiancée. Il a fallu que je
tombe enceinte pour qu'il
m'avoue, contrairement à ce
qu'il avait toujours prétendu,
qu'il était marié et sa que
femme vivait dans un autre
quartier de Ouaga différent
de la cour où il m'exploitait.
Pire il n'était pas à son pre­
mier forfait. Selon des sour­
ces bien informées, plusieurs
autres files ont récolté de la
sorte les fruits de ses immo­
ralités. Ainsi, nombreuses
sont celles qui, à travers les
quartiers de la ville, ont
avorté ses grossesses; certai­
nes s'en sont sorties indem­
nes; mais d'autres ont été
marquées à vie; assurément
je fais parie de cette dernière
catégorie."

La société exploite

les femmes

"Après l'avortement, il vint
me voir. Je fus informée qu'il
ne pourrait pas me marier
pour plusieurs raisons. Il est
chrétien. De ce fait, il lui est
interdit de se marier à une
deuxième femme. Ensuite, il
est respectueux de la tradi­
tion: dans leur coutume, il est
profanatoire de marier une
fille qui n'est pas vierge.
Balivernes: je ne l'avais
jamais vu à l'église, encore
moins l'entendu parler de
religion; d'où mon étonne­
ment quand il mentionna le
nom de Jésus (AS). Toutes
ces considérations ne l'ont
pas empêché de sortir avec
moi et de me dévierger à plu­
sieurs reprises. Me voici
maintenant, considérée par
tous comme un rebut. Qui
voudra du "restangolo ava­
rié", me disent-ils déjà. A
cette allure, j'ai tout de suite
acquis un ticket de célibat
long et prolongé. Quelle
société !
A cause d'agissements
pareils des hommes, des jeu­
nes filles comme moi se
retrouvent salies à jamais
dans leur dignité, chasteté et
pudeur. Lorsque, réveillée de
leur léthargie morale, elles
veulent s’amender, cette
même société érige des obs­
tacles pour les enfoncer. Et
après l'on dira que la femme
du troisième millénaire est
émancipée : asservissement

La Preuve n° 19 - Mai 2009

çon de vie
plutôt

Elle est libre, par exemple, de
se marier, à qui elle choisira.
Mais en réalité, ce n'est pas le
cas, puisqu'elle est toujours
dans une position d'attente.
Au fait, elle se marie à qui
vient, parce qu'à la fin elle
finit par choisir parmi plu­
sieurs mauvaises personnes à
apparence vertueuse.

Au finish, les filles, entre
elles mêmes se livrent une
concurrence déloyale pour
accaparer les "meilleurs gar­
çons": situation dont profi­
tent les hommes. Les filles
acceptent plusieurs compro­
missions pour être celles qui
épatent toujours plus: elles se
dépigmentent, se dénudent,
monnaient leur chasteté.
Résultat: elles sont plus
asservies malgré leur éman­
cipation.

Par ailleurs, la communauté
dresse des règles morales qui
enfoncent la femme. Pour
cause, une fille se fait engros­
ser par un monsieur qui ne
peut pas la marier. Pourtant
ces coutumes et religions ne
l'ont pas empêché d'entrete­
nir des relations extraconju­
gales: de l'hypocrisie pure et
simple. Une autre consé­
quence des rigidités normati­
ves de la société est cette
"archigamie" que tout le
monde semble tolérer tout en
désavouant la polygamie
officielle. La femme au foyer
est lésée, et celles qui consti­
tuent les "bureaux" le sont
davantage. La première man­
quera d'affection, d'entretien,
et éventuellement sa santé et

La Preuve n° 19 - Mai 2009

son foyer ; celles qui sont
dehors perdent à la longue la
chance d'intégrer un foyer à
jamais. Un désordre social
entretenu par les hommes et
soutenu par certaines fem­
mes: c'est tout simplement
incroyable.
Quand je pense à toutes ces
femmes qui luttent pour abo­
lir la polygamie formelle en
fermant l'œil sur celle, offi­
cieuse, mais plus importante
en nombre et en méfaits, j'en
ai la rage. Quelle honte !
Les femmes prêtent le
flanc

Les femmes prêtent le flanc,
suis-je tenté de dire après
l'avoir écoutée. Elles sont
exploitées parce qu'elles sont
émotives, à la recherche du
grand amour. Celles des
roses, des couleurs, des fraî­
cheurs, des gastronomies,
des maquis, des hôtels, des
billets de banque, du matériel
... Cette fille par exemple
s'est fait avoir parce qu'elle a
mordu à l'hameçon. En résu­
mant cet épisode de sa vie,
nous pouvons retenir ceci:
quelques cuisses de poulets,
plusieurs colis de cadeaux,
grand nombre de bisous,
multiples promesses, une
infinité de mensonges ont eu
raison de sa dignité et de sa
santé. Quelle perte !

Le refus par les filles d'assu­
mer leur condition sociale les
traîne très souvent dans ce
genre de situations inconfor­
tables. L'orgueil, la fierté, le
conformisme les poussent à
sucer les hommes tout en se
laissant détruire par ces der­

niers. Quelle inconscience !
Que valent toutes ces sensa­
tions temporaires par rapport
à la chasteté d'une femme,
son foyer ?

situent les rôles de la femme

"Au début, m'ajouta-t-elle, je
lui avais refusé tout rapport
sexuel avant le mariage.
Mais avec le temps j'appris à
lui faire confiance. Il m'avait
promis mariage religieux et
civil et menaçait de ne pas
remplir son engagement si je
restais sur ma position. Crai­
gnant qu'il m'abandonne, je
cédai à ses exigences répé­
tées. Djaa..."

et protégée; par ricochet c'est
toute la société qui y gagne.

C'est cela les mentalités des
Hommes d'aujourd'hui : le
chantage pour les hommes ;
pour les filles : la peur de
manquer de mari, l'envie de
faire comme les autres et sur­
tout la dette morale ; en effet
quand elles acceptent les
dépenses exorbitantes de
l'homme, elles se sentent
redevables à ce dernier. C'est
la mentalité de beaucoup de
garçons et de nombreuses fil­
les aussi. Quelle mentalité!

et de l'homme dans la
société. En même temps, en
respectant, chacun
retrouve sa dignité respectée

les

En reléguant la loi de Dieu au

second plan, la société a

ouvert la voie à des difficul­
tés de la vie dont elle ne maî­

trise même pas l'ampleur,

encore moins les implica­
tions.
En libéralisant le sexe, par
exemple, nous avons du

même coup semé et récolté

les MST, les déviances
sexuelles, des enfants sans
parents, des accouplements
publics, la détérioration de
l'image de la femme, la perte

de l'éducation, l'effritement
de la famille, de la commu­

nauté; bref ; le recul de la
civilisation.
Allah a bien habillé la
femme, démontrant ainsi le

Dieu, la voix

trésor qu'elle constitue et

incontournable

contient. H lui a réservé une

"Voisin, tu pense que Dieu
me pardonnera ?", me
demanda-t-elle.

place incontournable dans le

"Oui, répondis-je, si tes
regrets et tes remords sont
réels et si tu entame un
voyage sincère vers Lui."

ment fortifie la société. Les

" Si seulement, j'avais écouté
et suivi Sa voix ", acheva-telle.

l'ont chassée du foyer. Ils

" Dieu n'est-il pas le meilleur
des juges ? " Assurément ; Il
l'est. Il a posé des règles qui

humanisme ! Le salut de l'hu­

foyer et la communauté de
sorte que son épanouisse­

hommes et les femmes ont
trouvé cela rétrograde. Ils ou
elles l'ont déshabillée. Ils

l'ont ainsi rendu vulnérable.
Enfin ils abusent d'elle. Quel

manité ne se trouve nulle part

que dans la loi de Dieu ! ■

11

►ociété & développement
HOMOSEXUALITE

Le peuple de Loth est-il de retour ?
-----

I

l y a quelques années
encore, lorsque l'on évo-

. quait le phénomène de
l'homosexualité, on ne voyait
que l'occident, entendu que
l'Afrique et le Burkina Faso
ne sont pas coutumiers d'un
tel phénomène. Même si
selon les spécialistes, dans la
littérature africaine et burki­
nabè on peut trouver des
expressions qui font état de
l'existence de cette perver­
sion sexuelle. De nos, ils sont,
les homosexuels, autour de
nous, travaillent dans les
mêmes services que nous.
Seulement, à cause de la
réprobation des gens encore
lucides, ils sont obligés
contrairement à leurs camara­
des de l'occident, de vivre
dans la clandestinité. C'est
dire que le phénomène a
atteint des dimensions assez
inquiétantes
dans
nos
contrées. Cette pratique igno­
ble qui consiste pour un
homme ou pour une femme
(dans ce cas on parle de les­
bianisme), d'avoir des rela­
tions intimes avec une autre
personne de même sexe, est
en passe de devenir cet autre
ferment de la déchéance
morale qui précipite nos
sociétés dans le chao. Le
milieu malsain de ces êtres
d'un autre genre est sans dire,
porteur de méfaits qui sont
entre autre, le dérèglement,
social, la propagation de
maladies telles que le Sida.
12

Par L’Epervier

Folie ou droits de l'homme ?

Non contents de vivre en
contradiction avec les bonnes
mœurs, les homosexuels vont
jusqu'à demander une recon­
naissance officielle, c'est-àdire une caution officielle à
cette pratique infâme. En
effet, le 18 décembre 2008,
invoquant l'universalité des
droits de l'homme, 66 pays
sur les 192 États membres de

l'ONU ont signé un appel dont Rama Yade, secrétaire
d'État française aux droits de

l'Homme, est l'une des inspi­
ratrices - pour la dépénalisa­
tion universelle de l'homo­
sexualité. 60 pays ont voté
contre. Cette déclaration poli­
tique, qui n'engage que ses
signataires, n'a pas un carac­
tère contraignant mais place
la question des droits des
homosexuels,
lesbiennes,
bisexuels et transgenres à l'or­
dre du jour de l'Assemblée de
l’ONU. Parmi les 66 Etats
signataires (c'est-à-dire un
tiers des pays du monde) figu­
rent notamment tous les pays
de l'Union européenne, le
Brésil, Israël et le Japon. Mais
ni la Chine, ni les Etats-Unis,
ni la Russie n'y ont adhéré.
L'homosexualité est encore
interdite et donc pénalisée
dans 77 pays. La peine capi­
tale est prévue dans 7 pays
(Arabie Saoudite, Emirats
Arabes Unis, Iran, Maurita­
nie,
Nigeria,
Soudan,
Yémen).



Les homosexuels demandent
également le droit au mariage
et à l'adoption. C'est tout sim­
plement aberrant. Comment
peut-on vouloir une chose et
son contraire ? D'ailleurs,
ceux qui se disent défenseurs
des droits de l'homme en mili­
tant activement pour la dépé­
nalisation de l'homosexualité
savent-ils que cette pratique
constitue en quelque sorte une
atteinte à la dignité de
l'homme et une menace pour
la pureté et la pérennité de
l'espèce humaine ?

Au Burkina Faso, il y a un
vide juridique en la matière.
Le mariage homosexuel n'est
pas autorisé, cependant, sa
pratique n'est pas condamnée,
sauf si ces actes sont commis
sur la place publique, auquel
cas les auteurs sont poursuivis
pour atteinte à la pudeur.
Ces gens ont-ils oublié ?

Pour l'instant, l'Eglise, les
pays arabes et quelques pays
africains tentent de sauver la
situation en s'opposant à la
dépénalisation de l'homo­
sexualité. L'homme est vrai­
ment oublieux, c'est le moins
que l'on puisse dire. En effet,
il est reconnu dans toutes les
cultures et civilisations que
cette pratique a été la raison
de la colère de Dieu qui s'est
traduite par la destruction de
tout un peuple, celui du pro­
phète Loth. Les traces des vil­
les qui ont été renversées à

-

savoir Gomorrhe et Sodome
sont toujours visibles et les
mises en garde de Dieu contre
cette pratique sont on ne peut
plus claires. Loth avait de tou­
tes ses possibilités interpeller
son peuple sur le danger qu'il
encourait : "Et Loth quand il
dit à son peuple : "N'est-ce
pas que vous vous adonnez
à une infamie où personne
ne vous avait devancés dans
les univers", Coran VII,
verset 80. La réponse de son
peuple est des plus étonnan­
tes : "Expulsons de notre
cité la famille de Loth, ils
sont les puritains" Coran
XXVII, verset 56. Quand le
Sénégal à condamné en jan­
vier dernier, neuf (09) homo­
sexuels, ces libertins dits
défenseurs de droits de
l'homme se sont empressés de
qualifier le Sénégal d'intolé­
rance religieuse et de "pays à
législations et pratiques notoi­
rement homophobes", tout
comme le peuple de Loth l'a
malmené. Le châtiment de
Dieu a été des plus durs.
Voici le récit de l'événement
raconté dans L'histoire des
prophètes, un document
publié par l'Agence des
Musulmans d'Afrique (AMA)
: "Au matin, comme prévu
effectivement, l'Archange
Gabriel souleva leur cité d'en
dessous et la porta si haut que
les habitants du ciel entendi­
rent les chants de leurs coqs et
Suite page 14...

La Preuve n° 19 - Mai 2009

tjoom
UNIVERSITES ISLAMIQUES AU BURKINA

Un espoir pour de nombreux burkinabè
----------- -------

par EAC

ter qu'une grande majorité de
ls sont 60,5% de la popu­
ces élèves étaient obligés d'ar­
lation ; jusqu'alors leurs
enfants ne bénéficiaient rêter leur études après le BAC
de formation théologique defautes de bourses pour pour­
suivre une formation supé­
niveau supérieur qu'à l'exté­
rieure dans une université
rieur du pays. Ce n'est plus un
arabe. C'est pour répondre au
secret pour personne et cela
besoin de poursuivre une for­
même serait une redondance
mation supérieure de ces der­
de dire que les musulmans du
niers que des Burkinabè se
Faso sont en retard en matière
d'éducation. Alors que tout
dans leur religion les invite à
la connaissance. La première
des révélations invitait le pro­
phète à la connaissance " Lis
Au nom de Ton Seigneur qui a
crée "S 96 VI.

I

Au Burkina Faso, les musul­
mans ont formé leurs enfants
soit dans les écoles coraniques
traditionnelles appelé souvent
les foyers coraniques, soit
dans les médersas. L'ensei­
gnement dans les médersas
absorbe des milliers d'enfants
du pays qui y sont afin d'ap­
prendre leur religion. Malheu­
reusement, cet enseignement
s'arrête au BAC au Burkina.
Ce qui obligeait les élèves
issus de ces médersas à postu­
ler pour des bourses dans les
pays Arabes. C'est ainsi que
beaucoup Burkinabè ont été
formés dans plusieurs univer­
sités du monde arabe depuis
les
indépendances.
Aujourd'hui, le Burkina
accueille des centaines de pro­
duits de ces universités islami­
ques dont une dizaine de Doc­
teurs d'Etat en théologie ou en
science islamiques.
Cependant force est de consta­

La Preuve n° 19 - Mai 2009

sont engagés dans la promo­
tion de l'enseignement supé­
rieur islamique au Burkina.
En effet, en 2004, il est crée à
Ouaga 2000 le centre univer­
sitaire polyvalent du Burkina
(CUPB) et en 2007 au quartier
Tanghin,
l'université Al
Houda a ouvert ses portes.
Elles font ainsi du Burkina
Faso le 2e pays francophone
de la sous-région à accueillir
des structures d'enseignement
arabe de ce niveau (le premier
pays étant le Niger avec l'uni­
versité de Say).

Le CUPB à pour fondateur le
Dr Aboubacar Doukouré,
éminente personnalité du
monde musulman et président

du conseil exécutif de
l'ISESCO. Il a célébré en
février dernier la sortie de sa
première promotion de maî­
trise en sciences de l'éduca­
tion.
Quant à l'université Al Houda,
elle est l'œuvre de l'ONG Ibn
Massoud, connue dans le pay­
sage associatif islamique pour

ses multiples œuvres de pro­
motion de l'islam (medersas,
mosquée, orphelinat, radio AI
houda,....).
Les objectifs de création des
ces universités sont entre
autres d'absorber les bache­
liers qui n'ont pas accès au
pays arabes fautes de bourse,
de donner une formation reli­
gieuse de niveau supérieur à
un plus grand nombre de Bur­
kinabè, de contribuer à la for­
mation professionnelle des
élèves issus de l'enseignement
arabes, et de participer au
développement économique
du Burkina Faso.

De ce fait, plusieurs filières

d'études sont ouvertes dans
ces établissements. A l'univer­
sité Al houda, on a deux sec­
tions : la section charia et la
section informatique avec
deux options : analyste pro­
grammeur et maintenance
informatique depuis l'ouver­
ture. D'autres filières telles
que traduction interprétariat,
économie, sciences du coran,
langue arabe sont en cours et
devront voir le jour dans les
années à venir.
Au centre universitaire poly­
valent du Burkina, est ouverte
la faculté des sciences de
l'éducation avec deux filières :
langue arabe et études islami­
ques. D'autres filières, selon
les responsables devront voir
le jour très bientôt avec
notamment l'ouverture de la
faculté polytechnique. Tous
les responsables de ces uni­
versités sont pleins d'ambition
quant à l'offre de formation
qui sera mise à la disposition
des étudiants. Aujourd'hui, les
mutations de la société impo­
sent aux établissements de
formation de conduire des
cursus de formation profes­
sionnelle. Les responsables
assurent que leurs universités
ont intégré cette dimension
avec les filières citées plus
haut qui sont ouvertes ou en
cours de l'être. Tout compte
fait l'opinion musulmane
espère que ces universités ne
vont pas aussi produire des
chômeurs comme les méder­
sas. Elle attend d'avoir des
diplômés qui seront capables

13

/oom
de servir l'islam, la umma, le
Burkina Faso à tous les
niveaux. Elle veut des diplô­
més compétents sur le plan
théologique, mais aussi capa­
ble d'être des agents économi­
ques à quelque niveau que ce
soit. C'est pourquoi l'ouver­
ture de filières professionnel­
les devra à notre entendement
devenir une priorité pour les
responsables de ces universi­
tés. Dans ce sens, il faut saluer
l'ouverture d'une section infor­
matique dans ces universités.
Mais on ne devrait pas s'arrê­
ter là car d'autres filières pro­
fessionnelles peuvent encore
être ouvertes et donner une
plus grande diversification
dans l'offre de ces universités.

Un étudiant compétent sup­
pose aussi un corps enseignant
de bon niveau et de qualité.
Beaucoup de personnes se
posent la question sur l'exis­
tence d'un corps professoral
de niveau universitaire pour
dispenser la formation dans
ces structures. Les. responsa­
bles assurent que de ce coté il
n'y a aucun problème. En
effet, çés dernières années le
Burkina a connu le retour de
plusieurç de ses fils aller cher­
cher la science dans les uni­
versités islamiques du monde.
Ils sont revenus qui avec un
diplôme de doctorat d'Etat,
qui avec un Master (DEA).
Par exemple, selon le Dr
Sawadogo, recteur de l'univer­
sité Al Houda, son corps
enseignant est composé de : 4
docteurs d'Etat, 9 personnes
titulaires d'un diplôme de 3e
cycle et 3 personnes possédant
la maîtrise.

sans nul doute qu'un grand
nombre de jeunes burkinabè
pourront bénéficier d'un ensei­
gnement supérieur. Mais
quand on sait que le petit
nombre formé à l'extérieur a
du mal à se trouver un emploi,
on est en droit de se poser des
questions sur le sort des pro­
duits de ces universités. Les
responsables de l'université Al
houda assurent que les pro­
duits qui sortiront de leur éta­
blissement seront employés
prioritairement par l'associa­
tion Ibn Massoud dans ses
diverses activités que sont la
gestion des mosquées, l'ensei­
gnement dans les écoles, les
centres de santé, les orpheli­
nats et les structures de com­
munication (la radio et
inch'Allah la télévision).
Ensuite, pour les deux univer­
sités les étudiants qui y sorti­
ront seront capables de tra­
vailler dans l'éducation et
l'économie Burkinabè. Rappe­

lant que l'un de leurs objectif
est de lutter contre l'analpha­
bétisme au Burkina.

Malgré ces débuts promet­
teurs et les ambitions des res­
ponsables, des difficultés exis­
tent. Elles sont surtout d'ordre
financier. C'est d'abord la fai­
blesse de la participation
financière des étudiants. En
effet, un étudiant débourse
annuellement respectivement
75 000 f CFA au Centre uni­
versitaire polytechnique du
Burkina et 40 000 f CFA à
l'université Al houda pour sa
formation. Ce qui selon les
responsables est loin de cou­
vrir les charges et de procéder
à des investissements. Ensuite
les difficultés sont du côté des
investissements qui n'ont pas
été poursuivis avec le même le
rythme. Le contexte interna­
tional ne favorisant plus le
soutien des partenaires exté­
rieurs.

...suite de la page 12

les aboiements de leurs chiens. Soudain,
Gabriel d'un prompt coup, renversa la cité de
fond en comble. Puis,, on fit pleuvoir sur elle
des pierres qui anéantirent les peuplades des
villages maudits".
Àu demeurant, et islamiquement parlant,

l'homosexualité vient s'ajouter à une liste déjà
très longue de pratiques indignes et abomina­
bles, à savoir entre autres, les tueries sauva­
ges, la corruption, l'injustice qui sont des
comportements et actes qui provoquent la
colère de.Dieu. On peut se risquer à aperce­
voir dans la prolifération des maladies, les
catastrophes naturelles (inondations, séche­
resses, séismes, accidents,...) les guerres et
autres crises alimentaire, financière, économique< comme l'expression de la colère de
Dieu. Et si tel est le cas, cela n'est juste qu'un
rappel pour amener les hommes à la raison. ■

Toutefois, les responsables
sont optimistes quant à la suite
de l'aventure. Ils pensent que
l'université doit s'élargir
davantage avec plus d'infra­
structures, plus de filières de
formation. Et doit contribuer
au développement du pays par
la lutte contre l'analphabé­
tisme et contribuer à la valori­
sation de l'identité musul­
mane. Aussi, sur le plan aca­
démique des contacts sont pris
entre les responsables de l'uni­
versité Al houda et certains
université de la sous région
comme le Nigeria et le Ghana
afin de permettre aux étu­
diants de poursuivre plus loin.
Mais en attendant, les respon­
sables de ces deux universités
qui font la fierté du pays
devront beaucoup améliorer
leur collaboration sur le plan
académique. Cela y va de l'in­
térêt des étudiants et de l'en­
semble des acteurs du sys­
tème. Q

Homosexualité contre aide
On a l'habitude de dire que le pauvre n'a pas
de dignité. Pour contestable qu'elle soit, cette
dicton rend souvent compte des réalités socia­
les assez décevantes. Dans cette affaire de
dépénalisation de l'homosexualité, il pounait
advenir que l'aide aux pays pauvres soit
subordonnée à la signature du projet de dépé­
nalisation tout comme on a vu dans beaucoup
de cas. Le dernier en date, la signature des
accords sur les flux migratoires avec la
France. Quand on sait que tous les pays de
l'Union européenne sont signataires de la 1
dépénalisation universelle et que cette union
européenne se trouve être le grand partenaire
du continent africain en matière d'aide au .
développement, il y a de fortes raisons de s'in­
quiéter.

De nos jours, c’est le soleil de Satan qui s'est
levé, a-t-on envie de dire. Mais très heureuse- i
ment, ce soleil ne peut brûler ceux qui sont
sous l'ombre de Dieu. ■

En ouvrant ces universités,

14

La Preuve n° 19 - Mai 2009

trait
Le monde musulman face à Obama
---------

=

Par Tariq RAMADAN

ans un récent article, je met­

comme pour la plupart des peuples,
tais en évidence le rôle cru­
d'endosser en permanence le statut de
cial de l'Union Européenne
"victimes". Les peuples palestiniens,
ou irakiens sont bien sûr des
à l'heure de l'arrivée au pouvoirafghans
de
victimes de leurs agresseurs mais ils
Barak Obama aux Etats-Unis. Les
sont aussi les victimes directes ou
pays européens ont effectivement une
responsabilité fondamentale quant à
"collatérales" de la lâcheté et de l'hy­
pocrisie des Etats et des gouverne­
l’influence qu'ils peuvent jouer afin de
ments des sociétés majoritairement
rendre la politique internationale véri­
tablement multipolaire. Si l'on se
tourne du côté des pays arabes et asia­

D

dre à leur tour seuls responsables de
leur situation les Etats et les dictatu­
res. Que celles-ci existent et que les
peuples en soient victimes, cela ne
fait pas l'ombre d'un doute mais cela
ne peut justifier l'entretien d'une pen­
sée victimaire qui justifierait l'inac­
tion. La mise sur pied de cercles de
débats populaires et les actions

convient, ici aussi, de reconsidérer les

perspectives et d'établir clairement les
responsabilités et la nature des espé­

rances.
Dans un récent colloque qui se dérou­
lait à Qatar au sujet des relations entre
les Etats-Unis et "le monde islami­
que", nous étions une centaine de par­
ticipants à débattre de la complexité,
des avantages et des ambiguïtés de
ces relations. Madeleine Albright,
Barham Salih (vice premier ministre
d'Irak), David Petraeus (ancien com­
mandant des troupes US en Irak) et
Anwar Ibrahim (ancien vice premier
ministre et chef de l'opposition en
Malaisie) ont participé à un important
panel durant ces rencontres. On a pu
entendre Anwar Ibrahim affirmer
avec détermination qu'il fallait cesser
cette litanie et ces attentes à propos de
Barak Obama et que les sociétés
majoritairement musulmanes étaient
responsables de mettre de l'ordre dans
leurs affaires. Le propos étaient effec­
tivement bienvenu et il importe ici de
répéter avec clarté que les sociétés
majoritairement musulmanes - des
politiques intérieures jusqu'aux
conflits locaux (de la Palestine, à
l'Irak, à l'Afghanistan ou aux menaces
qui pèsent sur l'Iran) - sont les premiè­
res responsables de leur destin et qu'il
faut cesser, pour les gouvernements

universel et de la société civile c'est
bien sûr exiger, comme une consé­

quence, deux autres conditions (les
cinquième et sixième), le statut égali­
taire des citoyens (quelles que soient
leurs croyances) d'une part, et la par­
ticipation pleine et entière des fem­
mes au processus de démocratisation.

11 est urgent que les sociétés musul­
manes, les acteurs politiques et les
intellectuel(le)s clarifient leur posi­

tiques majoritairement musulmans,
on s'aperçoit que la même euphorie
règne, une " Obamania " très répan­

due, qui laisse presque penser que le
nouveau " messie américain " est
arrivé et qu'il va sans doute régler la
majorité des problèmes auxquels font
face les différents pays. Outre la naï­
veté du propos et de l'attente (qui
oublie que la politique Etats-Unis est
bien autre chose que le symbole d’un
homme et de sa couleur de peau), il

Parler de l'Etat de droit, du suffrage

tion sur ces questions et déterminent
clairement le droit des "minorités" et

musulmanes.
Au-delà de la crise économique mon­
diale que nous traversons, ces derniè­

res paraissent bloquées, politique­
ment, intellectuellement et culturelle­
ment. Dictatures, absences de débats
pluralistes, déficit de renouveau et
créativité sur le plan artistique et cul­
turel (deux ou trois pays font excep­
tion), etc. : le tableau est bien sombre.
Un grand mouvement de démocrati­
sation réel et profond est nécessaire si
l'on veut voir changer l'ordre des cho­
ses et assister au réveil d'un nouveau
"monde musulman". Ce mouvement
de démocratisation exige d'abord une
lutte généralisée contre la corruption
qui sévit transversalement dans toutes
les sociétés majoritairement musul­
manes d’Est en Ouest. Rien ne pourra
être espéré, ni réalisé, sans un mini­
mum de transparence qui mette un
terme aux passe-droits, au clienté­
lisme, aux commissions illégales, au
trafic d'influences, au non respect des
institutions, etc. Le monde musulman
aujourd'hui est un univers traversé par
la corruption la plus tenace ; les sem­
piternels discours sur la réference et
l'éthique islamiques sont accompa­
gnés des pratiques les plus hypocrites.

La Preuve n° 19 - Mai 2009

Il importe donc de voir se réveiller les
sociétés civiles du monde musulman.
Les peuples, et les intellectuels, ne
peuvent pas rester ainsi passifs et ren-

concertées de citoyens et d’organisa­
tions peuvent faire évoluer les choses.
Le cas échéant des mouvements non
violents de résistance de la société
civile sont des moyens qui, par leur
caractère de masse, peuvent ébranler
les dictateurs en place : on ne voit rien
de tout cela aujourd'hui. A travers le
monde, de l'Amérique du Sud à l'Afri­
que et à l'Asie, le joug des dictatures a
été secoué à l'exception notoire des
pays arabes où les dirigeants sont
encore "démocratiquement" élus à vie
depuis des décennies.
L'exigence de l'Etat de droit et des
élections libres et transparentes sont
les troisième et quatrième conditions
du processus qui doit être enclenché
dans ces sociétés. Les modèles des
systèmes politiques dépendent des
histoires respectives, de la culture et
de la psychologie collective mais les
principes sont inaliénables : la régula­
tion par le droit et le suffrage univer­
sel sont les seuls moyens pour per­
mettre aux sociétés de sortir de leur
impasse politique. 11 faut dire et répé­
ter que ces principes ne s'opposent en
rien à la référence islamique : ceux
qui affirment cela instrumentalisent la
religion pour justifier, d'une façon ou
d'une autre, la monopolisation du
pouvoir ou de son opposition. La cri­
tique de ces postures, opposées en
apparence mais objectivement alliées
de fait, doit être radicale.

mettent en branle un processus
d'émancipation des femmes au cœur
du mouvement de libération des
sociétés musulmanes. Contrairement
à ce qu'affirment les opposants à ce
processus, il ne s'agit pas d' "occiden­
talisation" mais d’une réconciliation
nécessaire de la pensée musulmane
avec ses propres principes d'égalité
des individus et des droits inaliéna­
bles des femmes à la participation à la
vie sociale. Face aux esprits les plus
conservateurs ou dogmatiques, c’est
donc au nom, et non pas contre la
référence islamique, que l'on devrait

être en droit d'attendre une réforme
générale du statut des femmes dans
les sociétés majoritairement islami­
ques.
La septième et dernière condition
consiste à demander des comptes aux
élus du peuple, des parlementaires
aux premiers ministres et aux prési­
dents (ou aux rois). Leurs gestions des
affaires doivent être soumises à un
contrôle indépendant et transparent
qui seul garantit le bon fonctionne­
ment des institutions et la bonne gou­
vernance. Nous en sommes bien loin
aujourd'hui et l'arrivée ou non
d'Obama au pouvoir ne changera rien.
Le "monde islamique "le blâmera
sans doute bientôt de rester trop
"américain'' et de suivre encore et tou­
jours une politique des intérêts "pré­
dateurs" de son pays. On ne pourra
s'empêcher d'en vouloir aux sociétés
majoritairement islamiques, et notam­
ment les pays arabes, de rester sem­
blables à elles-mêmes et de nous
offrir, encore et toujours, le spectacle
de la dictature, de la corruption et de
la résignation. ■

15

Brèves
Par GS

Lutte contre le paludisme : Un nouveau vaccin expérimenté à Nanoro
retenus pour tester l'efficacité du
'unité de recherche clini­
vaccin contre le paludisme. Les
que de Nanoro, à 85 km
de Ouagadougou, destiné
principalement à expérimenter le
vaccin contre le paludisme,

L

* RTS.S, a été officiellement inau­
guré le mardi 21 avril 2009 par le
ministre de la Santé, Seydou
Bouda, sous le parrainage de
Mme Priscille Zongo, épouse du
Premier ministre burkinabè. Le
Centre médical avec antenne chi­
rurgicale (CMA) Saint Camille
de Nanoro dans la province du
Boulkiemdé est l'un des sept sites

six autres centres de l'essai vacci­
nal se trouvent au Gabon, au
Ghana, au Kenya, au Malawi, au
Mozambique et en Tanzanie. Au

Burkina Faso, le CMA de
Nanoro géré par les religieux
camiliens possède désormais un
centre de recherche clinique,
avec des équipements de pointe
réputés être les plus modernes en
matière d'imagerie médicale, de

microbiologie et l'immunologie.
La radio numérisée du centre de
Nanoro est pour l'instant la seule
qui existe au Burkina. Selon le
responsable de l'unité de recher­
che de Nanoro, le système numé­
risé du centre va permettre aux
chercheurs burkinabè d'échanger

sur place et en direct avec leurs
homologues européens et améri­
cains sur les résultats des diag­
nostics. Sur le site de Nanoro, 1

200 enfants seront soumis au test
du vaccin et seront suivis pen­
dant 4 ans. "Les résultats de l'es­
sai vaccinal qui sera conduit ici
sont très attendus, car ce vaccin
contre le paludisme sera une
nouvelle arme", a dit M. Bouda.
En attendant, protégeons-nous
contre le paludisme en dormant
sous des moustiquaires impré­
gnées. h

Journée de solidarité de l’AEEMB
ments, de nourriture, d'argent,...

e bureau exécutif de

L

pour soutenir ceux qui sont dans
l'AEEMB a organisé le
le besoin. Une communication
’13 avril dernier une jour­
née de solidarité à son siège
sur la crise financière internatio­
nale, un panel sur le mariage
national sis au secteur 28 de
Ouagadougou. 4eme du genre,
avec les cellules matrimoniale et
d'écoute de l'AEEMB et du
cette journée a eu pour objectif
CERFI, un repas communau­
de cultiver au sein des membres

taire, des sketchs et une visite à
l'orphelinat Home Kisito ont été
les temps forts de cette grande
rencontre de solidarité. A l'or­

un esprit de solidarité et de fra­
ternité conformément à l'un des
objectifs majeurs de l'associa­
tion. A cette occasion, de nom­
breux fidèles on laissé parlé leurs

phelinat Home Kisito, les pen­
sionnaires ont bénéficié de dons

cœurs à travers des dons de vête­

en nature en espèce. " Devant
l'immensité des besoins pour
l'entretien des enfants, je suis très
peiné de remettre cette contribu­
tion si infime" a laissé entendre
le président Noufou Tiendre-

beogo. Les autorités chrétiennes
en charge du Home Kisito n'ont
pas manqué de traduire leur
reconnaissance à l'AEEMB pour
ce geste combien solidaire et fra­
ternel. .Cette visite fait suite à
celle effectuée il y a un an au
Centre Delwendé de Tanghin où
sont hébergées des femmes accu­
sées de sorcellerie.

Dans ce contexte social marqué
par la cherté de la vie, cette acti­
vité est à saluer et à
encourager. ■

Grippe porcine : un nouveau fléau ?
au Costa-Rica (1). En
oins d'une semaine
France, vingt cas suspects
après son appari­
étaient "en cours d'investiga­
tion au Mexique,
tion
la crainte d'une épidémie
de
grippe porcine se répand
La grippe porcine est une
dans le monde. En même
maladie respiratoire d'ori­
temps que le virus a muté gine virale qui touche le
pour être aujourd'hui trans­
porc. Des épizooties sont
missible d'homme à homme
régulièrement observées,
-, il a passé les frontières.
sans provoquer générale­
Mardi 28 avril, l'Organisa­
ment beaucoup de décès
tion mondiale de la santé
chez les porcs. Les hommes
(OMS) recensait sept morts,
sont aujourd'hui touchés de
tous au Mexique, sur 152
la plus dangereuse manière
décès suspects. Des cas ont
car pouvant se transmettre le
été recensés aux Etats-Unis
virus.
(65 cas confirmés), au

M

Canada (13), en GrandeBretagne (2) et en Espagne
(2) et, mardi, en Israël (2),
en Nouvelle-Zélande (3) et

16

Dans ses prescriptions ali­
mentaires, la religion islami­
que distingue nettement le
permis de l'interdit. Si le

premier se dit " halal " ou
licite, le second est consi­
déré ne pas l'être et se définit
" haram ". Aussi, l'aliment
haram est contenu dans un
passage de la sourate 5, ver­
set 3 du Goran évoquant
explicitement : " Vous sont
interdits la bête trouvée
morte, le sang, la chair de
porc, ce sur quoi on a invo­
qué un autre nom que celui
d'Allah... ". Aucun prati­
quant ne pourra s'y sous­
traire tant qu'il veut suivre sa
religion. En général, l'éduca­
tion par le Coran rejette l'in­
salubrité, la toxicité et tout
genre d'impureté. Le porc
fait partie de cette dernière
catégorie car cet animal est

jugé malpropre de nature,
obscène à l'extrême et dan­
gereux pour la santé de
l'homme. Dieu, pour avoir
créé l'Homme connaît ce qui
lui est nuisible. Mais
l'Homme, ingrat et orgueil­
leux s'autodétruit par son
insoumission à la volonté
d'Allah. Que Dieu nous pro­
tège ! ■

La Preuve n° 19 - Mai 2009

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