La Preuve #23

Contenu

Classe de ressource
Text
Titre
La Preuve #23
Créateur
La Preuve
Date
septembre 2009
numéro
23
Droits
In Copyright - Rights-Holder(s) Unlocatable or Unidentifiable
Langue
Français
Contributeur
Louis Audet Gosselin
Wikidata QID
Q114034236
extracted text
Comment atteindre to jpoété pair to jeûne ?
P.4

Plume du mois
Problématique des lieux

de culte

SOS, musulmans
cherchent place
pour prier !
P.5

Zoom

Société & Développement
Ramadan et travaux Champêtres

Silence, ©ira
jeûne et on
cultive !

ORGANISATION DES COLONIES
DE VACANCES ISLAMIQUES

La nécessaire
œMalboration
P.9

Inondations à Ouagadougou

Une douloureuse épreuve en plein

R8

Editorial

Inondations à
Ouagadougou

Une douloureuse
épreuve en plein
Ramadan

2

a journée du
1er septem­
bre
2009
restera cer­
tainement
gravée dans la mémoire
collective des Burkinabè,
tant le traumatisme et le
préjudice (c'est selon)
qu'ils ont subi sont incom­
mensurables. Inédite fut en
effet cette pluie diluvienne
qui s'est abattue sur l'éten­
due du territoire national et
plus gravement sur Ouaga­
dougou avec 263 mm
d'eau tombée pendant 10
heures d'affilée. Bilan : 7
morts et des disparus, 150
000 sans abris et de nom­
breux dégâts matériels.
Beaucoup n'y croient tou­
jours pas tant la catastro­
phe a atteint une ampleur
inégalée. Pourquoi autant
d'eau à Ouagadougou ? Se
demandent encore des per­
sonnes désabusées et dés­
emparées par un phéno­
mène qu'elles n'ont jamais
vécu.
D'abord, ces situations
n'arrivent pas qu'aux autres
! En effet, les Burkinabè
ont toujours vu ces choses
de très loin, en simples
spectateurs prêts à faire
des commentaires. Les
catastrophes naturelles,
avec leurs lots de désola­
tions, sont maintenant
entrées dans l'ordre normal
de l'évolution de l'huma­
nité du fait des change­
ments climatiques, selon

les spécialistes. 11 faudra
donc s'y faire, même au
Burkina Faso ! Au-delà de
ces phénomènes naturels,
les effondrements d'im­
meubles à Ouagadougou
le 25 juillet 2009 sont
venus nous rappeler que
l'on peut subir les mêmes
malheurs que les autres.
Ensuite, au-delà de toutes
les considérations, il faut
appréhender cette situation
comme une
épreuve
divine. C'est pourquoi il
faut faire preuve de foi
pour la surmonter, surtout
ceux qui ont été directe­
ment touchés. En toute
chose, il faut se remettre à
Dieu et tirer leçon de ce
qui arrive. Cette catastro­
phe-ci vient rappeler, aussi
bien aux autorités qu'aux
populations, leurs respon­
sabilités par rapport aux
aménagements urbains et à
la gestion du bien com­
mun. En effet, les écoule­
ments d'eau ont mis à nu la
précarité des logements
des Burkinabè, l’inadapta­
tion et l'inexistence même
d'un réseau d'évacuation
des eaux à Ouagadougou.
Néanmoins, les évène­
ments douloureux du 1er
septembre sont venus ravi­
ver la solidarité entre Bur­
kinabè. Même s'il faut
déplorer qu'elle se mani­
feste juste en ces circons­
tances difficiles, alors
qu'elle devrait être perma­
nente. Car au Burkina plus

qu'à ailleurs, on a besoin

de s'entraider tant les dis­
parités sociales sont de

plus en plus grandes, tant
la misère est de plus en

plus

présente et elle

concerne de plus en plus

de Burkinabè. Il a donc
fallu une telle épreuve

pour que chacun mesure

son devoir vis-à-vis de
l'autre et que l'on com­

prenne combien l'union est
importante

dans

la

conduite d'une nation. Et

c'est tant mieux !
Cette situation interpelle
davantage les musulmans

plus que toute autre per­
sonne, eux qui font de la

solidarité et de la fraternité

des valeurs cardinales de

leur religion ; surtout en ce
mois de Ramadan, mois de

la charité par excellence.
Ils devraient donc être plus

prompts, individuellement

et collectivement, à agir en
partageant leurs lieux de
culte, leurs logis, leur

nourriture,

leurs

vête­

ments... en attendant que

l'Etat fasse ce qu'il doit
faire. Cette épreuve est

avant tout la nôtre pour
mesurer notre sens de la

solidarité dans ce mois de

générosité et de médita­

tion. Méditons donc et

agissons ! ■
La Rédaction

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

Preuve évidente
Comment atteindre la piété par le jeûne ?
=========
O, vous qui avez
cru, on vous a pres­

■ —

Par Imam

objectifs à atteindre dans toute
entreprise, il y a des conditions.
C'est alors que le jeûne en tant

proximité avec le Créateur,
c'est un élan de toute l'âme vers
le Tout Puissant ; un abandon

que prescription divine, vise le

de tout ce qui n'est pas Dieu,

"Combien de jeûneurs qui ne

munautés antérieu­
rapprochement au Créateur par
res, ainsi vous atteindrez
la
l'observation
stricte d'un certain

l'Auguste et une adoption de la

récoltent au soir de leur jeûne

parole du Seigneur." Dis : c'est

que la faim et la soif ?". En expli­

n

crit le jeûne, comme
il l'a été à des com­

piété" C2V183. On avait mal­

adroitement traduit le mot la allakoum par peut- être, peut-être
vous serez pieux. Or le terme la
allakoum veut dire impliqué, le
moyen par lequel on atteint l'ob­

jectif, ou alors, afin que.

En faisant attention, on s'aperçoit
que les deux versets de la sourate
Baqarah qui parlent du jeûne à
savoir les versets 183 et 187, se
terminent chacun par l'expression

la-allakoum. "C'est ainsi qu'Al­
lah expose aux hommes Ses
enseignements
afin
qu'ils
deviennent pieux". C2V187.
Donc tous les savants et exégètes

du Coran s'accordent pour dire
que l'objectif de la prescription du
4è pilier qu'est le Siyâm (le
jeûne), est l'atteinte de la piété.
On pourrait dès lors se poser légi­
timement la question suivante :
comment atteindre cette piété
avec le jeûne ? Lorsqu'on a des

La (Preuve,
Récépissé de déclaration,
N°1862//ÇA-GVOUA/PF
du 27 juillet 2007
ISSN 0796-8426

Tel. 50 37 94 30
Cell. 70 75 54 85

'

Email : preuve2007@yahoo.fr'
Directeur de Publication
Mikaïlou Kéré
Secrétaire de rédaction
Siaka GNESSI
Responsable commercial
Moussa BOUGMA
Mise en page et impression
Altesse Burkina 50 39 93 10
Nombre de tirage
^^ipp^xemplaire^^^

nombre de règles. D'abord Dieu
nous fait savoir la spécificité de

Allah. Et puis, laisse-Ies s'amuser

Ramadan dans ce hadith Qudsi :
"Toutes les œuvres du fils
d'Adam sont rétribuées de cent à
sept cent fois leur valeur sauf le
jeûneur" (Al Zoum'our). Par ail­
leurs, Allah dit : "Les persévé­
rants, leur rémunération leur

A y voir de près, il est demandé à

sera payée sans qu'ils aient à
rendre compte".

dans leur égarement." C6V91

tout musulman de faire des

efforts, de gravir les échelons
pour accomplir le jeûne du parti­
culier des particuliers, qui n'est
rien d'autre que le but recherché
par le jeûne.
Pour y atteindre, Gazâli nous pro­

4°) L'abstinence des membres,
mains et jambes, de commettre

des péchés. Le prophète a dit :

quant ces paroles, le prophète dit

qu'il s'agit de ceux qui rompent

leur jeûne avec l'illicite ou ceux

qui s'abstiennent de la nourriture
licite et rompent leur jeûne avec

la chair des gens, par la médi­

sance, ou ceux qui n'empêchent
pas leurs membres de commettre

les péchés.

pose six éléments qui sont :
1°) Le contrôle du regard. C'est

5°) De la modération à la rupture

arrêter de regarder ou de trop

ger l'estomac à la rupture.

jeûne du commun, le jeûne des
particuliers et le jeûne du particu­

regarder cc qui est blâmable et
détestable et qui peut occuper le

6°) Après la rupture du jeûne, le

lier des particuliers.
- le jeûne du commun est l'absti­
nence par le ventre et le sexe de
satisfaire leurs désirs ;

cœur et détourner de l'évocation

entre la crainte et l'espoir. Cela

de Dieu. Le prophète dit : "le
regard est l'une des flèches
empoisonnées de Iblis (que Dieu
le maudisse). Quiconque l'aban­

jeûne est accepté ou pas. On

donne par crainte de Dieu, le Sei­
gneur lui donnera une foi dont il

riaient. 11 dit : "Le Seigneur a fait

goûtera la douceur en son cœur".
Une parole du prophète rapportée

de course pour ses serviteurs où

L'Imâm Abû Hamîd al-Ghazâli
distingue trois degrés de jeûne : le

- le jeûne des particuliers est
l'abstinence de commettre les
péchés de l'ouïe, de la vue, de la
langue, de la main, de la jambe et
de tous les autres membres du

: il est déconseillé de se surchar­

cœur doit être inquiet et balancer

parce qu'on ne sait pas si son

raconte qu'un jour Hassan alBasri passa à côté de gens qui

du mois de Ramadan un terrain

corps ;
- le jeûne du particulier des parti­
culiers, c'est le jeûne du cœur

par Jaber et qui lui a été transmise

ils rivalisent dans son obéissance.

par Anas dit ceci : "Cinq choses
font rompre le jeûne : le men­

perdants. Il est étonnant de voir

quant aux basses digestions et

songe, la médisance, la diffama­
tion, le serment mensonger et le

ont réussi et d'autres ont perdu.

regard concupiscent".

Par Dieu, si le voile était levé,

aux pensées de ce monde. Les
tenants de cette philosophie ont
dit : "Celui qui se permet au
cours de la journée de rechercher
avec quoi il va rompre le jeûne, il
lui sera écrite une faute. Car un

tel comportement dénote de peu
de confiance dans les bienfaits de

Dieu et par des convictions quant
à ses biens promis", car le fait de
se confier à Dieu est la marque
des prophètes, des amis de Dieu
et de ceux qui sont rapprochés du
Seigneur. Un tel acte ne relève
pas du verbiage inutile, mais il
doit se traduire dans la réalité.
"Ainsi
atteindrez-vous
la
piété", c'est la recherche de la

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

Certains gagnent et d'autres sont
vraiment rire le jour où certains

2°) Le contrôle de la langue. Elle

l'homme de bien s'occuperait à

doit s'abstenir de divaguer, de
mentir, de divertir, de médire, de

faire de bonnes actions et le mal­

diffamer, de dire des grossière­
tés... Elle doit se taire ou se

L'atteinte des objectifs du jeûne

consacrer à l'invocation de Dieu,
tel le zikr, la lecture du Coran,...
"La médisance annule le jeûne"
(Soufiane)
3°) L'ouïe doit s'abstenir d'écouter

tout ce qui est répréhensible. Tout
ce qui est interdit à dire est inter­
dit à écouter (C5V42). Le pro­
phète dit : "Le médisant et celui
qui écoute sont associés dans le
péché"

faisant de ses malfaisances".
n'est rien d'autre que l'observation
stricte de tous les actes contri­

buant à son annulation. La recher­

che de la piété a un prix. C'est

l'autocontrôle, c’est la solidarité,
c'est aussi le respect des droits
d'autrui et ce durant tout le mois

de Ramadan. Puisse Allah agréer
au-delà de nos insuffisances tou­

tes nos œuvres en ce mois atypi­
que et béni. ■

3

Religion de vérité
De la fin du mois de Ramadan
Par Cheick Albayan

res de la dernière décade du
e mois de Rama­
mois de Ramadan" (Boukhari).
dan court inexo­
(C'est à dire la nuit dont le len­
rablement vers sa
demain correspond au 21, 23,
fin ! Le virage de
la
deuxième
25,27 ou 29 de Ramadan). Pour
donner ! toutes les chances de
décade a déjà été se
amorcé
pas rater cette nuit qu'il a été
Alors, chacun doit ne
redoubler
d'effort afin d'en profiter au
conseillé de passer toutes les dix
maximum avant qu'il ne soit
nuits en œuvres pieuses (prières
trop tard ! Pour ce faire, la der­
nocturnes, lecture du coran, cha­
nière décade doit être vécue plus
rité, invocation, méditation...).
intensément en activités spiri­
C'est dans cette optique que dès
tuelles que les précédentes.
la vingtième nuit, les veillées de
Encore que cette partie du mois
prières commencent dans les
est tout aussi spéciale en termes
différentes mosquées. On peut
de mérite et de valeur des actes
bien aussi organiser ses veillées
d'adoration.
pieuses en famille à domicile si
on y réunit les conditions. On
Elle renferme une nuit impor­
rapporte que le prophète réveil­
tante en valeur spirituelle et de
lait sa famille les dix dernières
portée historique, la nuit d'Alnuits de Ramadan pour des priè­
Qadr (la nuit du destin) dont le
res nocturnes. A ce propos il a
coran a consacré toute une sou­
dit, "Toutes les fautes passées
rate Al-Qadr: " Nous l'avons
sont pardonnées à celui qui
certes, fait descendre (le Coran)
passe la nuit du Destin en veillée
pendant la nuit d'Al-Qadr. Et qui
pieuse avec foi et espoir de
te dira ce qu'est la nuit d'Alrécompense" (Muslim). Et il a
Qadr ? La nuit d'Al-Qadr est
recommandé de répéter l'invo­
meilleure que mille mois.
cation suivante au cours de la
Durant celle-ci descendent les
nuit du Destin: "Ô mon Dieu!
Anges ainsi que l'Esprit, par la
Tu est indulgent, Tu aimes le
permission de leur Seigneur
pardon: fais-moi grâce de
pour tout ordre. Elle est paix et
péchés! [Allahoumma innaka
salut jusqu'à l'apparition de
'afouwwoune
touhibboul
l'aube ". En effet, c'est au cours
'afouwa fa'fou 'anni]".
de cette nuit que le Coran a été
révélé, c'est pendant la nuit d'AlII est aussi de la tradition du pro­
Qadr que sont prononcés les
phète d'effectuer la retraite
décrets divins concernant les
pieuse pendant les dix derniers
événements de l'année à venir et jours de Ramadan. Elle consiste
enfin toute bonne œuvre accom­
à se réfugier à la mosquée dans
plie durant cette nuit équivaut en
un esprit exclusif de dévotion de
mérite à mille mois de pratique
Dieu. Le prophète (SAW) a fait
de cette œuvre. Cette nuit n'est
la retraite de la dernière décade
pas prédéterminée mais elle est
de Ramadan et ne cessa de la
à rechercher pendant les nuits
pratiquer, jusqu'à sa mort. Il a
impaires des dix derniers jours
dit: "La mosquée est le refuge de
de Ramadan. Le prophète
tout homme pieux. Dieu a pro­
(SAW) a dit: "Cherchez la nuit
mis à celui qui y fait sa retraite
du Destin parmi les nuits impai­
de lui accorder sérénité et misé­

L

4

ricorde, de le faire traverser le
Sirat [pont jeté sur l'Enfer] pour
le faire parvenir à Sa grâce au
Paradis" (Tirmidhy).
Le mois de Ramadan s'achèvera
par le paiement de la zakat el-fitr
et la fête de l'Aid el-fitr. La zakat
el fitr ou l'aumône de rupture de

jeûne consiste à payer une cer­
taine quantité de vivres locales
aux nécessiteux afin qu'ils puis­
sent fêter dignement la fête de
l'Aïd. En outre, cette aumône est
aussi destinée à purifier le jeûne
des imperfections afin qu'il
puisse parvenir à Dieu sans
lacune. Quant à la fête de l'Aïd
proprement dite, elle est l’occa­
sion pour les croyants au bout
d'un mois de pénitence et de fer­
veur spirituelle de remercier
Dieu pour cette faveur et de
manifester leur joie à travers
réjouissances licites, visites et
profusion de nourriture et de
boissons. Elle marque la fin
effective du mois béni de Rama­
dan.
Ainsi, les croyants auront désor­
mais pour préoccupation, l'agré­
ment de leurs œuvres de Rama­
dan et la préservation des acquis
spirituels pour la suite de leur

vie. On rapporte que les compa­
gnons du prophète passaient la
moitié de l’année après le Rama­
dan à implorer Dieu pour l'agré­
ment de leur jeûne et l'autre
moitié à prier afin qu'Allah leur
accorde le prochain Ramadan.
Mais force est de constater que
pour nombre de musulmans
contemporains, la fin du Rama­
dan sonne comme une libéra­
tion, un bon débarras. Ainsi, dès
le dernier jour de Ramadan, leur
enthousiasme pour l'adoration
de Dieu s'estompe et leur spiri­
tualité s'amenuise progressive­
ment pour disparaître totalement
en quelques jours. Les mos­
quées se vident, les corans et
tapis sont rangés dans les pla­
cards.

Cette attitude est très inquiétante
si l'on considère l'objectif pre­
mier de la prescription du jeûne.
Dieu proclame dans le Coran :
"ô les croyants ! On vous a
prescrit le jeûne comme on l'a
prescrit à ceux d'avant vous,
ainsi atteindrez-vous la piété"
C2V183. Il est donc paradoxal
qu'après toute cette ferveur reli­
gieuse que nous observons pen­
dant le Ramadan, on assiste
après à un retour à la case
départ, voire à une rupture avec
Dieu. Le Ramadan est venu,
avec toutes ses pratiques cul­
tuelles qui le jalonnent, nous
inculquer le vrai sens de l'iden­
tité spirituelle du musulman, la
piété. Dès lors que nous recon­
naissons cette base spirituelle de
la personnalité du musulman,
nous devons après le Ramadan,
maintenir le cap et changer l'en­
semble de nos perspectives pour
le reste de notre vie.

nm

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

urne du mois
Problématique des lieux de culte

SOS, musulmans cherchent place pour prier !
Par Aris

e mois de Rama­
dan finissant aura
révélé l’impor­
tance du nombre

L

■ de musulmans au
Burkina Faso et notamment
dans sa capitale Ouagadougou.
Les heures de prières connais­
sent de grandes affluences dans
les mosquées qui refusent du
monde. C'est ainsi que les rues
de certains quartiers se transfor­
ment pratiquement en lieux de
culte. Cette situation existe
même en temps ordinaire, mais
elle est mise en exergue par la
mobilisation exceptionnelle des
fidèles musulmans en ces tem­
pes de jeûne. Les prières de ven­
dredi également déversent leur
trop plein de monde sur les voies
publiques
dans
plusieurs
endroits des villes de notre pays.
Voilà pour le constat qui remet
sur table la problématique des
lieux de culte au Burkina Faso.
Nous abordons la question sur la
base de quelques simples inter­
rogations logiques. Les musul­
mans doivent-ils occuper les
voies publiques pendant leur
prière ? Certainement non !
Parce que cela obstrue ces voies
et empêche une bonne circula­
tion. Les musulmans doivent-ils
en tant que citoyens jouir de leur
droit de pratiquer leur religion
partout où ils se trouvent dans la
cité ? Assurément oui ! La ques­
tion de la foi est sacrée et chacun
se l'approprie comme il l'entend
dans nos Etat dits laïcs. Donc,
même sans une intervention par­
ticulière de l'Etat dans les affai­
res de la religion, l'Etat a ce
devoir de ne pas s'opposer à la
réalisation des meilleures condi­
tions de vie spirituelle des

citoyens.
Le musulman prie cinq fois par
jour à des heures bien indiquées.
C'est dire qu'il est amené à faire
sa prière partout, quand il est rat­
trapé par l’heure de la prière. Où
doit-il alors le faire ? L'idéal
serait que ce soit dans une mos­
quée. Au regard de ces interro­
gations somme toutes superfi­
cielles, nous pouvons tirer la
conclusion selon laquelle, il
serait nécessaire de prévoir
davantage, plus de lieux de culte
pour mieux contenir les croyants
dans les sphères physiques de la
pratique de leur religion. Si la
république existe pour les
citoyens, elle devrait garantir les
conditions pour eux, de jouir de
leur liberté individuelle et col­
lective, sans mettre en péril bien
sûr, celle des autres. Alors nous
sommes amener de dire qu'il
faut davantage prévoir plus d'es­
pace pour les lieux de culte.
Mais le nœud du problème serait
moins une question de prévision
d'espace que l'utilisation qu'on
en fait. En réalité, plusieurs
espaces destinés dans les plans
de lotissement pour les lieux de
cultes, sont au bout du compte
détournés, il faut le dire ainsi, à

... Suite de la page 4
Etre musulman, ce n'est pas
■ s'appeler seulement ainsi, ce
n'est pas non plus attendre le
Ramadan pour prier, fréquenter
les mosquées et jeûner , par
complaisance, par sympathie
ou . par effet de mode. Être
-musulman est un engagement
.ferme, à obéir à Dieu, en tout
temps et en tout lieu. Cela doit
se traduire par l'accomplisse­

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

des intérêts personnels. Com­
bien d'espaces verts ou de cultes
connus dans des quartiers ont
disparu du jour au lendemain
pour devenir des parcelles d'ha­
bitation ou des zones d'exploita­
tion commerciale ? Assurément
beaucoup et ce, sous le regard
des populations impuissantes.
Donc à ce niveau les autorités en
charge de la réglementation sur
la gestion de ces lieux en ques­
tion, sont responsables et com­
plices de ces détournements.
L'on dira que les lieux de culte
existent, et que le plus souvent,
les candidats à l'occupation de
ces lieux, notamment les musul­
mans n'en font pas la demande à
l’autorité domaniale. C'est tout à
fait vrai et cela dénote aussi de
l'inorganisation précisément de
la communauté des musulmans.
Cette communauté quoique
ancienne et toujours devancière
sur nombre de lieux destinés au
culte, n'a pas toujours le réflexe
de constituer des papiers admi­
nistratifs pour en être l'occu­
pante officielle. Elle finit par
être rattrapée par d'autres grou­
pes, qui même sans aucune
assise locale profite de la défail­
lance ci-dessus citée pour obte­
ment des cinq piliers intégrale­
ment et au moment prescrit. Le
Ramadan vient comme un rap-.
pel en tant que le printemps de
l'adoration de Dieu ; il est une
école, un séminaire de forma­
tion et de recyclage pour tous
les.fidèlès. Tout lé culte islami­
que s'y trouve recommandé.!
Au sortir de ce mois, le croyant
devra être à jamais comble des
bagages nécessaires pour bien
adorer Àllah. Le maintien des

nir officiellement auprès des ser­
vices domaniaux l'autorisation

d'occuper les mêmes lieux déjà
investis pendant des décennies
par des musulmans. Dans un

passé récent, et dans une cer­
taine mesure jusqu'à nos jours,
les tenants de l'islam sont en
grande partie des personnes
n'ayant pas été à l'école fran­
çaise. Du même coup, ils n'ont
pas la facilité et le réflexe d'inté­
grer les procédures d'occupation
des espaces de culte dont ils ont
droit. Cela reste un handicap
majeur pour disposer sereine­
ment d'espace afin d'ériger leur
maison de Dieu.
Qu'à cela ne tienne, nous pen­
sons qu'il y a lieu, au regard des

réalités du terrain qui se caracté­
risent souvent par de petits
conflits d'occupation des lieux

de culte, que les autorités doma­
niales prévoient non seulement

suffisamment d'espaces de culte,
mais s'investissent aussi dans la
répartition de ces lieux à leurs
bénéficiaires, pour éviter d'éven­
tuelles tensions intercommunau­
taires. Nous dirons interreligieusesB

bonnes œuvres après Ramadan
est un indice de succès à l'issu
de cette formation. Leur aban­
don est un signe d'échec à
l'école de Ramadan et dé domination de Satan. Par consé­
quent,' chacun doit faire à mi-,
parcours le point de son Rama­
dan afin de voir s'il va dans le
sens de l'objectif de la prescrip-;
tion dujeûne. Sinon il faut dès

maintenant rectifier le tira

:

5

ash Back
Le califat à travers les âges
Par Aris

La question du califat alimente les grands débats de notre temps sur le devenir des musulmans
dans le monde. Alors que les uns pensent que la réinstauration de l'institution califalc permettrait
de mieux organiser les affaires de la Umma islamique dans le monde, les autres estiment que ceci
est non seulement utopique mais sans aucune nécessité. Si nous n'avons pas ici la prétention de
participer à ce débat, il fonde pour le moins tout l'intérêt d'un aperçu sur le califat. Car tout exa­
men de ce sujet part de l'expérience vécue à travers l'histoire. Nous nous bornerons donc à pré­
senter les phases les plus importantes de l'évolution du califat qui sont le califat orthodoxe, le cali­
fat omeyyade de Damas, le califat abbasside de Bagdad, le califat fatimide du Caire, le califat des
Omeyyades de Cordoue, le califat ottoman.
n califat est le

U

territoire recon­

cesseur en la personne de Uthman ibn Affan, également com­
pagnon et gendre du Prophète.

Mais, moins énergique que son
prédécesseur, il n'a pas su assu­
rer la stabilité d'un empire

devenu grand. Il fut assassiné

en 656 par des insurgés venus
des provinces. De cet assassinat
devait naître la première grande
discorde entre musulmans (al
fitna al kubra).

WM

naissant l'auto­

Ali ibn Abi Talib fut proclamé
calife. Mais la famille de Uthman qui lui impute l'assassinat
du calife va conduire une
révolte contre lui sous la hou­
lette de Muawiyya ibn abi
Sufyane, alors gouverneur de la
Syrie. Cette contestation de la

rité d'un calife,
successeur du

prophète de l'islam dans l'exer­

cice politique du pouvoir. Ce
mot sert aussi à désigner le

régime politique lui-même et la
période pendant laquelle il
s'exerce.

igiti ité j p .vol de Ji
aboutit à la bataille de Siffin en

Le califat orthodoxe

658.

A la mort du Prophète Muham­

Trois années plus tard, en 661,

mad (SAW), se posa la ques­

Ali fut assassiné par Abd ar-

tion de sa succession. Une

Rahman Ibn Muldjam, un kha-

question d'autant plus compli­

ridjite. Les kharijites étaient des

quée qu'il n'avait pas laissé

partisans de Ali qui avaient fait

d'héritier mâle et n'avait dési­

dissidence. N’ayant pas été
satisfaits de la médiation entre

gné personne pour lui succéder.

Au Conseil des sages, qui s’était

Ali et Muawiyya, ils considé­

réuni pour désigner ce succes­
seur, des parties commencèrent

raient désormais que ni Ali ni
Muawiyya n'était plus digne du

à se former, qui pour soutenir

pouvoir. Les deux devaient être

les autochtones (ansars), qui les

purement et simplement élimi­

immigrés (muhajirounes.). Cer­

nés. Mais Muawiyya échappa

tains préféraient une succession

de justesse à l'assassinat.

issue de la famille en proposant

Sous les 4 califes orthodoxes

notamment Ali ibn AbLTalib

d'importantes œuvres ont été

son cousin et gendre pour lui

succéder. Mais, Omar mit fin à
ce début de dissension, en per­
suadant le Conseil de nommer

accomplies entre autres l'unifi­

Mosquée à Istanbul
qui de l'avis de Omar le prédis­

Abu Bakr, compagnon et beau-

posait à assumer le califat. Abu

père du prophète, car c'est lui,

Bakr, homme pieux et bon,

dit-il, qui fut désigné par

devint ainsi le premier Calife de

cation des arabes, chère à Abou

succéder.

Bakr, l'extension de l'empire

Omar fut assassiné en 644, par

qui a intégré la Syrie, l'Irak,
l'Iran, l'Egypte..., l'assemblage

un esclave non musulman.

Muhammad, mourant, pour

l'Islam. A sa mort en 634 Abu

Mais, il avait eu le temps de

du coran, l'organisation écono­
mique, administrative et mili­

diriger la prière à sa place. Ce

Bakr désigna Omar pour lui

désigner auparavant son suc­

taire de l'Etat musulman. Même

6

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

Flash Back
si des difficultés sont nées à
partir du califat d'Uthman, les
califes ont incarné un véritable
pouvoir califal et ont donné un
contenu réel à cette institution.
Ce fut une ère marquée par une
orthodoxie et un esprit ultra
démocratique dans la concep­
tion du pouvoir d'Etat.

Avec l'assassinat d'Ali, ce fut le
triomphe de la dynastie
omeyyade et le début de l'ins­
tauration d’un ordre dynastique
du califat musulman.
Le califat omeyyade
(661-750)
Les
Omeyyades sont une
dynastie de califes qui gouver­
nèrent le monde musulman de
661 à 750, établissant leur capi­
tale à Damas. Mais la légiti­
mité du pouvoir omeyyade fera
l'objet de violentes contesta­
tions dans certaines provinces.
Les partisans d'Ali, réunis
autour de Husayn, second fils
d'Ali, revendiquèrent le trône.
En 683, un notable quraychite,
Abd Allah ben Az-Zubayr, sou­

leva en Arabie les deux villes
saintes de la Mecque et Médine
: en même temps éclatait à
Kufa une révolte organisée par
Mukhtar. De plus, divers grou­
pes kharidjites suscitaient des
désordres en Arabie méridio­
nale, en Iran central et en Haute
Mésopotamie. Mais ces mou­
vements n'étant pas unis, ils
furent très rapidement réduits
par le pouvoir omeyyade.

Les Omeyyades furent ensuite
détrônés en 750 par les Abbassides, qui fondèrent leur propre
dynastie. Presque tous les
membres de la famille furent
massacrés, mais le prince Abd
ar-Rahman 1er, réussit à s'en­
fuir, à gagner l'Espagne et à y
établir une nouvelle dynastie à
Cordoue. L'émir 'Abd al-Rah-

man III prit le titre de calife en
929, affirmant ainsi la complète
indépendance de Cordoue.
C'est cette principauté qu'on
appela califat omeyyade de cor­
doue.

Le califat abbasside
(750-1517)

La nouvelle dynastie abbasside
a conservé la fonction de calife
jusqu'au XVIe siècle. Ils établi­
rent leur capitale à Bagdad. Les
commencements du règne
abbasside furent marqués par
une réforme de l'empire prenant
mieux en compte les popula­
tions non arabes et non musul­
manes. Ce fut également une
époque de développement
urbain, symbolisé par la nou­
velle capitale, Bagdad, fondée
par Al-Mansûr en 762. Mais le
califat abbasside ne réussit pas
à contrôler l'ensemble de l'em­
pire devenu très tentaculaire.
Dès le IXe siècle, La Tunisie et
la Tripolitaine prirent leur auto­
nomie sous la conduite des
Aghlabides, l’Égypte sous celle
des Toulounides. La Transoxiane et le Khorasan se trou­
vèrent successivement sous la
domination des Tahirides, des
Saffarides puis des Samanides.

Le pouvoir abbasside acheva de
s'affaiblir avec la fondation du
califat fatimide (chiite), mais
surtout, en matière de politique
interne, avec l'importance
croissante des non arabes occu­
pant d'importants postes de res­
ponsabilité (vizirs et émirs). En
936, est créée la fonction de
grand émir dont le pouvoir est
très étendu, tant dans le
domaine militaire que dans les
finances. La famille des Bouyides, d'origine iranienne, s'em­
para en 945 de la fonction de
grand émir et domina essentiel­
lement l'Irak et l'Iran ; les Seld-

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

joukides s'emparèrent de la
Syrie. En 1099, les Croisés pri­
rent Jérusalem.

A partir 1180 les Abbassides
tentèrent de réinstaurer le pou­
voir califal. En effet le déclin
des sultans seldjoukides permit
au calife An-Nasir de restaurer
son autorité sur l'Irak. Mais l'in­
vasion mongole de 1258-1260
et l'exécution du calife AlMusta'sim mirent un terme
définitif au pouvoir abbasside.
Al-Mustansir, un membre de la
famille abbasside, se réfugia en
Égypte dirigé par les Mame­

louks depuis 1250. Le sultan
mamelouk Baybars fit recon­
naître Al-Mustansir comme
calife afin de légitimer son
autorité politique. Mais, de fait,
la lignée de calife qui subsista
sous le sultanat mamelouk
n'avait plus la moindre parcelle
de pouvoir et possédait un titre
purement honorifique. En
1517, le sultan ottoman Selim
1er conquit l'Égypte, mettant fin
au sultanat mamelouk et, du
même coup, au califat abbas­
side.
Pendant le califat dynastique
omeyyade et abbasside, la civi­
lisation arabo musulmane a
connu une véritable éclosion.
C'est au cours de cette période
que l'exégèse, le droit musul­

man, la compilation des hadiths

furent entrepris. Mais progres­
sivement le califat a perdu sa
valeur.

L’institution califale otto­

mane (1517-1924)
Selim Iér a voulu perpétuer
l'institution suprême de l'islam
en assumant à son tour le titre

de calife. Ce fait est invérifiable
et largement mis en doute par
les historiens arabes, mais les
sultans ottomans furent en effet

considérés comme porteurs de
cette dignité. On peut en voir
une illustration dans le soin que
Mustafa Kemal Atatürk prit
d'abolir officiellement l'institu­
tion du califat le 3 mars 1924,
deux ans après celle du sulta­
nat. Le dernier et 101e calife
(en partant d'Abu Bakr) de la
maison ottomane s'appelle
Abdul-Medjid. Il est mort en
exil à Paris, en 1944, et fut
enterré dans la ville sainte de
l'islam, Médine, en Arabie
Saoudite.

A feuilleter les pages de l'his­
toire de cette institution on se
rend compte que si elle a per­
mis d'entretenir un pouvoir
politico-religieux et une civili­

sation arabo-musulmane pen­
dant des siècles, elle n'a pas
toujours assuré l'autorité sur

tous les musulmans comme ses
défenseurs veulent quelquefois
le faire croire. On a pour preuve
la contestation des Omeyyades,
le morcellement de l'empire
sous les Abbassides et le rejet

des arabes de la tutelle otto­

mane (pour cela ils ont été
influencés pour les puissances
européennes). De ce fait, le

moins que l'on puisse dire c'est
que la restauration de l'autorité

califale n'est pas une mince

affaire dans un monde où rien
ne milite en faveur d'un tel avè­
nement

Le plus important à notre sens
c'est la dimension politique de
la

religion musulman

qui

aujourd'hui constitue un sujet
de toute les controverses dans
un contexte où la laïcité à l'oc­

cidental est la règle même dans

des société musulmanes à
95% ■
Source : Wikipédia,
cours d’année d'histoire

7

Zoom
ORGANISATION DES COLONIES DE VACANCES ISLAMIQUES

La nécessaire collaboration
Par E.A.C
L'objectif de la colonie est de

domaine et s'abstienne de tout

divertir les enfants et de leur

esprit de concurrence. C'est en

inculquer les valeurs de l'islam

cela qu'il faut encourager l'ac­

dès le bas âge. Ce qui est récon­
activités de vacanr ces. Cette année fortant, c'est de voir que les
encore ce sont des milliers
parents de
y prennent de plus en
vacanciers qui ont pris d'assaut la
plus conscience en envoyant leur
multitude d'activités program­
progéniture dans ces différentes

compagnement des plus ancien­
nes associations à celles qui sont
à leurs débuts.

e mois d'août
s'achève avec la

L

fin

des

grandes

mées. Les enfants musulmans
ont eu droit à des colonies de

colonies de vacances islamiques.
L'engouement autour de ces acti-

Le nombre de colonie a connue
une explosion exponentielle qui
frise parfois la prolifération. Pour

vacances islamiques ça et là. En
effet, ce sont plusieurs dizaines
de colonies qui sont organisées à

travers le pays par des associa­
tions islamiques et par certaines
mosquées de quartier. Ces der­
nières années, le nombre de colo­
nie de vacances islamique a
connu une croissance exponen­

Chacune y va de sa manière et

année voit de nouvelles structu­
res qui s'y mettent avec leur colo­
nie. A tel point que l'on est se

l'islam.
On constate une disparité dans
les expériences des associations
dans cette activité. Le palm d'or
de l'organisation revient à

l'AEEMB et au CERFI qui ont
célébré cette année le 20ème

anniversaire de leur colonie dans
plus de 25 villes du Burkina faso.
Tandis que d'autres sont à leur
première expérience. Ces deux
associations ont donc le mérite
d'avoir montré et tracé la voie de
la nécessaire éducation religieuse
des enfants musulmans aux

autres.

8

restera une foire de regroupement
et de passe temps pour enfants.
Ainsi, les associations qui se lan­
cent dans l'organisation d'une
telle activité devront relever plu­
sieurs défis dont celui de la qua­
lité des enseignements, des pro­
grammes et de l'organisation.

association religieuse qui veut
faire de l'éducation des enfants sa
priorité. En effet ces colonies
n'ont pas survécue soit à leurs ini­
tiateurs. Beaucoup de ces colo­
nies vivent de la présence de

selon ses moyens. Et chaque

terme d'éducation des musul­
mans. Mais il faut se réjouir tout
de même que quelques unes aient
pensé aux tout-petits, espoir de

la colonie une vraie activité de

formation au profit des enfants.

Dans le cas contraire, la colonie

L'autre défi à relever dans le
cadre de l'organisation des colo­
nies, c'est la pérennisation de ces
manifestations. En effet, on a vu
des colonies naître et disparaître
après seulement une édition. Cela
n'est pas honorable pour une

tielle.

demande si c'est maintenant que
les associations se rendent
compte qu'il y a du travail en

compétente. Ces efforts permet­
tront aux associations de faire de

Des enfants lors de la colonie de l'AEEMB et du
CERFI à Ouagadougou
autant cela ne signifie la fin de

vités traduit en partie la soif des
parents d'instruire leurs enfants
sur la voie de Dieu.

La multiplicité des organisateurs
traduit aussi la diversité des
méthodologies d'organisation de
l'activité et dans la transmission
des connaissances aux enfants.
On remarque cela aisément
quand on jette un coup d'œil sur
les modalités de recrutement des
colons (pendant que certaines
recrutent les enfants jusqu'à 18
ans, d'autres limitent à 14 ans).
Mais la finalité étant de toucher
le maximum d'enfants musul­

mans, il est bon que chaque asso­
s'investisse dans ce

ciation

l'analphabétisme religieux des
enfants musulmans. En effet, il

faut aux organisateurs un pro­
gramme conséquent de forma­
tion. Il ne suffit pas de réunir les
enfants et à la fin de l'activité
faire une démonstration de récita­
tion de quelques sourates du
coran devant les parents. Il faut
apprendre aux enfants des
connaissances religieuses solides
et cultiver en eux l'amour de Dieu

quelques individus qui en sont les
véritables chevilles ouvrières.
Une fois que ces personnes sont
appelées à d'autres responsabili­
tés c'est l'hécatombe.

Après 20 éditions, l'AEEMB et le

CERFI peuvent remercier le Sei­
gneur d'avoir pu passer ce stade.
En effet, cette année elles sont
allez tirer de leur retraite paisi­
bles, ce groupe de mamans qui,
en 1989, étaient à la base de la

tenue de la première édition.
Leur joie est d'autant plus grande
que leur initiative a survécu ai.

et de son prophète. La colonie

temps. Les nouvelles organisatri

doit donc être une activité où

ces de la colonie de vacance;

l'enfant allie acquisition de
connaissances et activités récréa­

islamique devraient sans doute
s'inspirer de l'expérience de ces
deux associations afin de réussir

tives dans le cadre des enseigne­
ments de Dieu. Tout cela néces­
site une équipe dynamique et

leur partition dans ce domaine!

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

Société & Développement
Ramadan et travaux Champêtres

Silence, on jeûne et on cultive !
Par L'Epervier avec la collaboration de Zida Ousmane

imanche 30
Sakoula, visiblement écrasé
août 2009 à
par la fatigue, arrachant les
Ouagadou­
mauvaises herbes de son
gou, 8h. Il
champ, est surpris par notre
faisait encore
visite. Il se redresse, ôte le
légèrement froid. cure-dent
Le soleilde sa bouche pour
tente timidement de faire
répondre à notre bonjour.
remarquer sa présence dans le
Vieux, jeûner et cultiver vous
ciel nuageux. Beaucoup de
supportez ? Il sourit et tente
portes étaient encore fermées.
une réponse : " il est évident
C'est la grâce matinée. Cer­
que jeûner et cultiver relève
tains vont rester couchés
des choses les plus difficiles.
Et puisqu'il n'est pas possible
jusqu'à la prière de zouhr
de ne pas jeûner parce qu'on a
(13h3O). Ainsi blottis dans les
du travail, et qu'on ne peut pas
maisons, les bureaux ventilés
jeûner et rester assis alors que
ou climatisés ou encore assis
ton champ t'attends, on est
sous les hangars des marchés
obligé de faire avec. Je viens
et yaars, la journée de jeûne,
cultiver jusqu'à 16 h30 avant
en ce temps pluvieux dans les
de rentrer". Confie-t-il et de
grandes villes comme Ouaga­
préciser : "Dans ma famille, il
dougou, beaucoup de fidèles
y a beaucoup qui jeûnent mais
se la coulent douce. N'éprou­

D

vant ni soif, ni faim encore
moins de fatigue physique,
nombre
de
musulmans
oublient qu'ils ont jeûné.

Kaboré Habibou : " Mon seul problème c'est le manque de
nourriture"
rentrer (ndlr : il était 13h45
ont inculquées en matière de
environ). Et moi-même, vous
travail ". D'habitude, Kadiogo
Issa reste cultiver jusqu'à tard
voyez bien que je suis en train
d'arracher les mauvaises her­
dans l'après midi. Avec le
bes non ? C'est parce que j'ai
jeûne, il rentre un peu plus tôt.
jeûné et je suis épuisé sinon
C'est dire que son travail se
vous alliez trouver que je suis
en train de cultiver au fond là
bas. Les travaux champêtres
passent c'est vrai, mais il n'en

demeure pas moins pour le
mois béni de ramadan. Nous
voulons à manger, mais le
Paradis aussi est là, on ne doit

Dans les villages de Sakoula et
à Rapawéogo à une dizaine de
km de la capitale, c'est aussi

un calme qui y règne. Quel­
ques enfants s'amusent devant
les concessions ; on remarque
également des femmes qui
font la lessive. Mais attention,
ici on ne dort pas, il n'y . a pas
de grâce matinée. Silence, on
travaille, on cultive, on jeûne.
Jeûner et cultiver, pas évident
! Mais si on n'a pas le choix, si
on ne veut pas rater sa place au
Paradis, on est obligé de faire
avec.
Kadiogo Issa : la cinquan­
taine, un paysan du village de

pas l'oublier". Pour lui, pas
question de reporter le jeûne
pour cause de travaux cham­
pêtres.
Kadiogo Issa : " il est évident que jeûner et cultiver relève
des choses les plus difficiles "
en revanche, ils ne peuvent pas
travailler comme je le fais
parce que moi je suis habitué.

Vous savez que les enfants de
maintenant ne veulent plus
souffrir, alors que nous les
vieux, nous restons fidèles aux
valeurs que nos parents nous

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

trouve ralenti, mais il pense
que le paradis n'est pas à
oublier : "Il est évident que le
jeûne ralentit le travail. Vous
voyez les deux champs d'ara­
chides qui sont à ma gauche et
à ma droite, leurs propriétaires
étaient là, mais ils viennent de

Abdoul Mounoun Nikiéma.
à côté du vieux Issa travaillait
aussi dans son champ d'arachi­
des. Un jeune d'une trentaine
d'années dont l'accoutrement
(pantalon coupé, barbichette,
gilet à l'afghane, et petit bon­
net sur la tête) laisse penser à
un fervent sunnite. Pour lui, le
jeûne et les travaux champê-

9

Société & Développement
très se marient sans aucun pro­

gion, je ne suis pas pour ça", a-

blème : "Nous jeûnons et nous

t-il martelé.

travaillons. Comme c'est un

Dur, dur pour les femmes

mais là aussi, ce n'est pas pour
se reposer puisqu'il faut que je
fasse quelque chose pour la

pilier de l'islam, on ne peut pas

que je suis en train de couper
les feuilles de haricot. C'est

pour les vendre en route et
puis pouvoir payer du sucre

faire autrement. Je viens le
matin cultiver et après la prière

pour la rupture. Ce n'est pas du
tout facile, imaginez si vous

de zouhr, je rentre. C'est une
recommandation divine, on ne

jeûnez sans prendre le Sou­
hour et vous voulez cultiver",

peut pas dire que le jeûne
empiète sur notre travail. Il y a

révèle-t-elle, l'air pitoyable.
Quoi de plus normal si l'occa­

des gens qui ne jeûnent pas
mais à partir de midi ils ren­

sion a été belle pour elle de
demander l'aide de bonnes
volontés : "Mon seul problème

trent. Donc je ne peux pas dire

c'est le manque de nourriture

que le jeûne est un handicap

sinon jeûner et cultiver ne me

au bon déroulement de nos tra­
vaux. Si tu as l'habitude de

jeûner, ça passe et il n'y a pas
de problème".
Abattu par la fatigue, il n'est

pas facile pour un paysan de
faire d’autres œuvres pendant
Ramadan à savoir la lecture du
Coran, les prières nocturnes

entre

autres.

Cependant

Abdoul Mounoun se sent tran­

quille : "A vrai dire, les tra­
vaux champêtres ne m'empê­
chent pas du tout de faire des
œuvres
supplémentaires

recommandées
pendant
Ramadan. Hier (29 août), je
suis venu cultiver et à 13h je
suis rentré à Ouagadougou
écouter le tafsir du docteur
Sawadogo à Tanghin ; j'ai pu
également accomplir mes
prières nocturnes, le matin j'ai
pu encore faire quelques nafils
et voilà que je suis là au
champ. C'est pour vous dire
que c'est une question d'habi­
tude et de conviction". Une
question de conviction. Chez
Abdoul Mounoun, on ne
s'amuse pas avec. En effet,

quand à la fin de l'entretien
nous avons voulu lui faire une
photo, son refus a été catégori­
que : "non, les photos ne sont
pas conseillées dans notre reli­

10

pose pas de problème. Je vou­
drais donc demander aux bon­

nes volontés de nous aider".
Compaoré Khadidja : " Je dois faire tout pour que le chef de
famille (mari) soit content "

Dans ce contexte où le jeûne
coïncide avec les travaux
champêtres, le gros des efforts
est fourni par les femmes car

rupture. Ma situation est parti­
culièrement très difficile car
mon mari est malade voilà
déjà 17 ans. Toutes les charges

en plus de ces travaux, elles
doivent faire la cuisine. Pen­
dant que les hommes, fatigués,
se reposent sous un arbre
avant de regagner leurs domi­
ciles, les femmes doivent faire
des pieds et des mains pour
que ceux-ci viennent trouver
de quoi rompre le jeûne. Le
matin aussi, alors que les
maris grignotent encore quel­
ques minutes de repos, les
femmes à 3h s'affairent déjà
pour le Souhour (repas du
matin). Cependant, elles tien­
nent bon, même quand le
poids de l'âge et souvent l'in­
capacité du mari à travailler
viennent tout compliquer, à
l'exemple de la vieille Kaboré
Habibou : "Je jeûne et je viens
cultiver. C'est vraiment diffi­
cile pour moi, mais je n'ai pas
le choix. Si tu ne cultives pas
tu vas manger quoi ? Cepen­
dant, les jours où le soleil est
beaucoup brûlant, je rentre tôt,

me reviennent. Vous voyez

Pendant que nous nous entre­
tenons avec la vieille Kaboré,
une jeûne dame, bien voilée,

venait d'arriver. Elle cultivait
également juste à coté, et elle
est sortie des profondeurs de

Peut-on reporter le jeûne
pour cause de travaux champêtres ?
La réponse de Imam Sana

Aboubacar II :

gue intense. Ainsi, par la grâce

"Selon les

d'Allah, ils gagnent les bénédic-

grands savants comme ibn

. lions du Ramadan et pourront;

Abass, dans leur fatwa sur la.

i question, il est dit que celui dont
le travail: demande un effort
«physique intense (creuser des

«trous par exemple) souvent sous

.un soleil de plomb, et qui nour­
rit exclusivement sa famille

avec cette activité, il lui est per:
mis de reporter le jeûne si cela
peut porter préjudice à sa
sfamille. Les travaux champêtres

Imam Sana Aboubacar II
. avoir de bonnes récoltes dans la

registre.

baraka d'Allah. Cela est plus
méritoire plutôt que de ne pas

Cependant, il est préférable

jeûner quand bien même la per­

, pour ces gens d'aménager leur
temps de travail afin de pouvoir
observer le jeûne. Par exemple

mission de reporter le jeûne
dans les cas extrêmes est accor­
dée. Il convient également de.

. commencer le travail très tôt
plus que d'habitude afin dé pou­
voir suspendre au moment où le
: soleil sera plus brûlant et la fati-

préciser qu'il est détestable en

rentrent .dans

ce

Islam de jeûner et de rester oisif

"■

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

Société & Développement
son champ pour prier et rentrer
préparer la rupture, il était 14h.
Compaoré Khadidja, puisque
c'est d'elle qu'il s'agit, est tout
aussi déterminée à profiter des
mérites de ce mois béni, natu­
rellement, au prix d'efforts
supplémentaires : "Depuis que
le jeûne a commencé, je n'ai
jamais manqué un seul jour, et
je n'ai jamais manqué aussi de
venir cultiver. Je cultive
jusqu'à 16 h généralement et je
rentre préparer la nourriture
pour la rupture". Et surtout,
elle le fait avec la manière,

pour rendre son mari heureux.
Secret de femme ! Bien mali­
gne, pardon bien croyante
cette jeune femme. Suivez-la
plutôt : "J'ai des enfants qui
peuvent préparer les nourritu­
res de la rupture et de l'aube ;
mais comme c'est un mois
béni, il n'est pas intéressant de
confier ça aux enfants. Je dois
faire tout pour que le chef de
famille (mari) soit content.
Voilà pourquoi je parts culti­
ver et revenir préparer moimême au lieu de laisser les
enfants le faire, quand bien

même elles peuvent le faire
bien". Compaoré Khadidja a
un secret qui lui permet de se
comporter ainsi,..en musul­
mane avertie : "C'est notre
quotidien comme cela : nous
cultivons, le bébé au dos ;
nous cherchons l'eau, le bois
pour la cuisine tout en étant en
jeûne. Tout ça parce qu'on
espère la récompense divine.
Tous nos actes sont motivés
par cette espérance en la misé­
ricorde divine. Celui qui n'es­
père pas cette miséricorde
n'acceptera pas cette souf­

france, c'est-à-dire allier tra­
vaux champêtres, domestiques
et jeûne". Nous n'avions plus
eu le courage de continuer
notre tournée de reportage, car
pensons-nous, on ne pouvait
pas avoir meilleur prêche,
meilleur secret que celui que
vient de nous donner cette
dame ; et nous le partageons
avec celui ou celle qui le
désire, pour vivre un bon
ramadan, pour une vie
utile...tout simplement ■

Sagesse du mois
Un jour, un vieux professeur de l'École
Nationale d’Administration Publique
(ENAP) fut engagé pour donner une for­
mation sur la planification efficace de son

temps à un groupe d'une quinzaine de
dirigeants de grosses compagnies nord-

américaines. Ce cours constituait l'un des
5 ateliers de leur journée de formation. Le
vieux prof n'avait donc qu'une heure pour
"faire passer sa matière ". Debout, devant
ce groupe d'élites (qui était prêt à noter
tout ce que l'expert allait lui enseigner), le
vieux prof les regarda un par un, lente­
ment, puis leur dit : "Nous allons réaliser

rement le pot. Les morceaux de gravier
s'infiltrèrent entre les cailloux... jusqu'au
fond du pot. Le vieux prof leva à nouveau
les yeux vers son auditoire et réitéra sa
question : "Est-ce que ce pot est plein?".
Cette fois, ses brillants élèves commen­
çaient à comprendre son manège. L'un
d'eux répondît: "Probablement pas"
!"Bien !" répondît le vieux prof. Il se pen­
cha de nouveau et cette fois, sortit de sous
la table un sac de sable. Avec attention, il
versa le sable dans le pot. Le sable alla
remplir les espaces entre les gros cailloux
et le gravier. Encore une fois, il rede­

vérité que nous démontre cette expé­
rience est la suivante : "Si on ne met pas

les gros cailloux en premier dans le pot,
on ne pourra jamais les faire entrer tous,
ensuite". Il y eut un profond silence, cha­
cun prenant conscience de l'évidence de
ces propos. Le vieux prof leur dit alors :

"Quels sont les gros cailloux dans votre
vie ?" "Votre santé ?"Votre famille ?"Vos

ami(e)s ?"Réaliser vos rêves?" Faire ce
que vous aimez? "Apprendre?"Défendre

une cause?"Vous relaxer ?"Prendre le

une expérience". De dessous la table qui
le séparait de ses élèves, le vieux prof sor­
tit un immense pot de verre de plus de 4
litres qu'il posa délicatement en face de
lui. Ensuite, il sortit environ une douzaine
de cailloux a peu près gros comme des
balles de tennis et les plaça délicatement,

manda : "Est-ce que ce pot est plein" ?

temps... ?"Ou... toute autre chose ?"Ce

Cette fois, sans hésiter et en choeur, les
brillants élèves répondirent :"Non !'"'Bien

qu'il faut retenir, c'est l'importance de

!" répondît le vieux prof. Et comme s'y
attendaient ses prestigieux élèves, il prit le
pichet d'eau qui était sur la table et remplit
le pot jusqu'à ras bord. Le vieux prof leva

dans sa vie, sinon on risque de ne pas

un par un, dans le grand pot. Lorsque le
pot fut rempli jusqu'au bord et qu'il fut
impossible d'y ajouter un caillou de plus,

alors les yeux vers son groupe et demanda

mettre ses GROS CAILLOUX en premier

réussir... sa vie. Si on donne la priorité aux
peccadilles (le gravier, le sable), on rem­

plira sa vie de peccadilles et on n'aura plus

: "Quelle grande vérité nous démontre

suffisamment de temps précieux à consa­

cette expérience?" Pas fou, le plus auda­
cieux des élèves, songeant au sujet de ce

crer aux éléments importants de sa vie.

et leur demanda : "Est-ce que ce pot est
plein?".Tous répondirent : "Oui". Il atten­

cours, répondît : "Cela démontre que

même, la

dit quelques secondes et ajouta : "Vrai­

notre agenda est complètement rempli, si

ment ?". Alors, il se pencha de nouveau et
sortit de sous la table un récipient rempli
de gravier. Avec minutie, il versa ce gra-

on le veut vraiment, on peut y ajouter plus
de rendez-vous, plus de choses à faire

"."Non" répondît le vieux prof. "Ce n'est

main, le vieux professeur salua son audi­

vier sur les gros cailloux puis brassa légè-

pas cela. La grande

toire et quitta lentement la salle ■

il leva lentement les yeux vers ses élèves

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

même lorsque l'on croit que

Alors, n'oubliez pas de vous poser à vous-

GROS

question : "Quels sont les
CAILLOUX

dans

ma

vie?"Ensuite, mettez-les en premier dans
votre pot (vie)"D’un geste amical de la

11

' arnet de voyage
Sur la route de l'Assemblée générale de l'OJEMAO
Par S. S

-

u mercredi

. _

port autonome de Lomé et la

diants musulmans au Bénin

tégration et de paie en Afri­

05 au mardi

Radio Télévision Jabal Nour

et le Secrétaire Exécutif de

que de l'Ouest " qui fut animé

11

décem­

où elles ont animé une émis­

l'OJEMAO, TOE Abouba­

par Mamadou Alioune Diouf

bre 2009, la

sion sur le thème : "Cadres

car. Pouvaient alors com­

du Sénégal, venu spéciale­

coordina­
musulmans au Burkina Faso,
tion régionale de
l'Est (Fada
Cadres
musulmans au Togo "
N'Gourma)
du
Cercle
Les exposés, causeriesd'étude, de recherche et de
débats et conférences ont
formation
islamique
porté sur des thèmes d'impor­
(CERFI) a organisé une sor­
tance capitale dans la vie du
tie d'étude et touristique
croyant : la fraternité en
internationale sur Lomé
islam, la philosophie de la
(Togo) et Cotonou (Bénin).
prière du voyageur, les pré­
Placée sous l'égide de l'Orga­
paratifs lointains du mois de

mencer les travaux de la 9è

ment

D

Assemblée

Générale

de

l'OJEMAO.

pour

contribuer à

consolider les acquis de l'Or­
ganisation.

Créé en 1993 à Orodara au

Burkina Faso, l'OJEMAO

regroupe à l'heure actuelle 21

Au cours de son intervention,

il a fait ressortir le rôle de la

associations venant de huit
(8) pays : Bénin, Burkina

communication dans

Faso, Côte d'Ivoire, Mali,

comme l'OJEMAO et mon­

Niger, Togo, Guinée et le

trer le sens de la paix et de

une

organisation sous-régionale

jeunesse

ramadan, les grandes lignes

Sénégal. " Pour une action

l'intégration en Afrique car

musulmane en Afrique de

de la chari'a, la vie profes­

unitaire ", tel est le slogan de

Dieu nous a créé en nation et

l'Ouest et du Sahel, la déléga­

sionnelle et obligations reli­

l'OJEMAO qui vise à établir

en tribu afin qu'on s'entre­

tion burkinabè était compo­

gieuses, etc.

des relations de coopérations,

connaisse.

nisation

de

la

sée d'environ cinquante six

(56) membres du CERFI, de
l'AEEMB et de particuliers.

En partance pour Cotonou le

samedi 08 août aux environs
de lOheures 30minutes, les

de solidarité, d'entraide et de
fraternité entre les associa­

Avec les techniques de l'in­

tions et communautés mem­

formation et de la communi­

bres en vue de la réalisation

cation, l'OJEMAO dispose

d'œuvres d'intérêt commun.

d'une panoplie de possibilités

La première destination fut

deux délégations ont fait

Lomé, la capitale togolaise

escale à Agbodrafo, ville

où une équipe accueillante et

togolaise pour y visiter la

9è du genre, cette AG a été

dynamique attendait les frè­

maison des esclaves. Objectif

organisée en collaboration

intelligente, efficace, effi­

res et sœurs de l'AEEMB, du

: rendre hommage à nos

avec "les Etudiants musul­

ciente et moins chère précise

CERFI, de l’ACMT (Asso­

grands parents, aux bras vali­

mans de France", association

le conférencier.

ciation des cadres musul­

des qui ont subi l'esclave et

qui œuvre pour la promotion

Pour que la rencontre tienne

mans

l'humiliation de

du

Togo)

et

de

l'homme

de l'Islam en France.

pour communiquer de façon

toutes ses promesses, des

l'AEEMT (Association des

blanc. Cette maison au bord

Exceptés la Côte d'ivoire et

sous-thèmes

élèves et étudiants musul­

de la mer, fasciné pour mieux

le Sénégal, tous les pays

importants comme les scien­

mans au Togo) qui ont frater­

réussir la traite des noirs était

membres ont répondu pré­

ces du Coran, le dialogue

nisé, échangé des expérien­

ainsi une porte de non retour.

sents. Suivi du Togo, le Bur­

ces et mené plusieurs activi­

C'est

nos

kina Faso a battu le record en

tés dont des visites, des ren­

consciences que l'esclave

nombre avec une délégation

contres, des exposés, des

doit être aboli sous toutes ses

forte de 56 personnes venues

causeries débats, des prêches

formes, anciennes ou nouvel­

honorer de leur présence, la

et des conférences.

les, le néocolonialisme, la

9è AG de l'OJEMAO.

Au titre des visites, les deux

un

rappel

à

colonisation de l'esprit,...

non

moins

interreligieux, la problémati­
que des publications dans les

associations,... ont été abor­

dés. Les débats ont été hou­

leux, les apports et contribu­
tions enrichissants.

Cette rencontre a connu une

innovation majeure notam­

Rendez-vous a été pris pour

ment l'initiation de la pre­
mière session de formation

2010 à Bamako au Mali pour

musulmane du Togo, le Maî­

Il était 16 heures TU lorsque
la caravane Burkina FasoTogo a foulé le sol béninois

tre Tchassoua TRAORE, le

où l'attendait, l'Association

sur le thème central : "La

et le 6è congrès de l'OJE-

grand marché de Lomé, le

culturelle des élèves et étu­

communication, facteur d'in­

MAOb

délégations burkinabè et
togolaise ont visité l'Union

12

la lOè Assemblée Générale

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

èves
Par

GS •

L’AEEMB était en séminaire islamique à FADA
lus de 600 militants
parrainage de Dr Abdoulaye
de l'Association des
COMBARI, ministre délégué
élèves et étudiants
chargé de l'Agriculture. Ce
musulmans au Bur­
thème a fait l'objet d'importantes
kina sont rentrés le 14
communications (conférences,
août dernier de Fada NGourma
cours, exposés...) tout au long
après un séjour d'une semaine
du séminaire. La sous région a
consacré à un séminaire de for­
été représentée par les étudiants
mation islamique. 12e du genre,
musulmans venus de la GUI­
ce séminaire a eu pour thème "la
NEE, du MALI, du NIGER et du
jeunesse musulmane et l'expres­
TOGO.
Le Président de
sion de sa foi" et a bénéficié du
l'AEEMB (photo) n'a pas man-

qué de remercier le parrain et

P

toutes les autorités de la région

de l'Est pour avoir facilité l'orga­
nisation de l'activité. Notons que

ce séminaire a été organisé sous
l'égide de l'Organisation de la

Jeunesse Musulmane en Afrique

de l’Ouest (OJEMAO) dont notre

Noufou TIENDREBÉOGO,
président de l'AEEMB

compatriote Aboubacar TOE en
est le Secrétaire Exécutif ■

Après Ramadan, n’oubliez pas Shawal !
e jeune de six jours
de Shawwal après
le jeûne obligatoire
de Ramadan est
une sunna désirable
mais pas une obligation.
mandé, ce jeûne possède un
mérite immense et génère une
grande récompense dans la
mesure où celui qui le jeûne
verra inscrit à son profit la
récompense du jeûne d'une

L

année entière d'après un hadith
authentique du Prophète selon
lequel le Messager d’Allah a dit
Quiconque jeûne le Ramadan
et le fait suivre par le jeûne de six
Recom
jours ­de Shawwal est comme
quelqu'un qui a jeûné tout le
temps " [Rapporté par Mouslim,
Abou Dawoud, at-Tarmidhi, AnNassaï et Ibn Madja ].Le Pro­
phète a expliqué le hadith précé­
dent en ces termes : " Celui qui

jeûne six jours après la rupture
du jeûne de Ramadan a complété
l'année. Quiconque accomplit un
bienfait le verra multiplier par
dix

ment aux propos du Très Haut : "

La succession des jours n'est
pas une condition de validité
du jeûne. Peu importe qu'on
les jeûne réunis ou dispersés

Hanbalites soutiennent la néces­

Il est toutefois préférable de
s'empresser à le faire conformé­

peut le retarder au milieu ou à la

Empressez-vous à la bienfai­
sance ". Par ailleurs, le retarde­

ment comporte des inconvé­
nients. Les Shefiites et certains

sité de s’empresser à accomplir
ce jeûne. Mais il n'y a aucun mal

à ne pas s'y empresser. Car on

fin du mois ■

La retraite spirituelle
passer un jour de retraite est tenu
’I'tifaf ou la retraite pieuse
consiste à rester dans une
par ce vœu.
La retraite pieuse peut se faire
mosquée dans un esprit
dans toutes les mosquées où se
de dévotion pour plaire à Dieu.
pratique la prière de vendredi.
Le prophète (saw) a dit : " La
Cependant, la retraite la plus
mosquée est le refuge de tout
méritoire est celle que l'on fait
homme pieux Dieu a promis à
dans l'une des trois mosquées : la
celui qui y fait sa retraite de lui
ka'aba à la Mecque, la mosquée
accorder sérénité et miséricorde,
du prophète (saw) à Médine et la
de le faire passer le sirat (point
mosquée d'Al Aqsa à Jérusalem.
jeté sur l'enfer) pour le faire par­
venir à Sa grâce au Paradis " (TirLa retraite spirituelle permet au
fidèle musulman de passer de la
midhi) La retraite spirituelle est
meilleure des manières les 10
donc parmi les pratiques suréroderniers jours du mois sacré de
gatoires les plus recommandés.
Ramadan. Le fidèle entrera dans
Le jeûne est une condition de la
la mosquée avant le coucher du
retraite et celle-ci doit être faite
soleil du jour où il veut commen­
dans les mosquées de façon inin­
cer sa retraite et y sortira le matin
terrompue. Le fidèle doit en ce
après avoir accompli la prière de
mois de communion et de par­
la fête avec les fidèles musul­
tage, passer ce temps de retraite
pieuse en exercice comme la lec­
mans.
ture, l'apprentissage ou la mémo­
LTtikaf est une habitude qu'avait
le prophète Mohammed (saw)
risation du coran, les prières, le
pendant le mois de Ramadan, Il
zikr...
La durée de la retraite est de 10
s'isolait au sein de la mosquée et
jours. Mais celui qui fait vœu de
il ne l'a jamais abandonné jusqu'à

L

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

son dernier souffle. Aicha (ra)
rapporte que le prophète fit la
retraite spirituelle pendant la der­
nière décade du mois de Rama­
dan jusqu'à sa mort. Selon Abou
Huraira, à chaque Ramadan le
prophète (saw) faisait sa retraite
spirituelle de 10 jours. L'année où
il rendit le dernier soupir, il fit
une retraite spirituelle de 20
jours. Ses femmes après son
décès, continuèrent à faire la
retraite spirituelle (sahih Bukhari)
Une personne en retraite doit
observer un isolement complet.
Aicha (ra) rapporte que celui qui
fait sa retraite doit s'abstenir de
mener une vie sociale normale. Il
ne peut pas rendre visite à un
malade pas plus qu'il ne peut
assister à des funérailles ou
approcher une femme. Dans ce
sens, Dieu nous rappelle ; "
N'ayez aucun rapport avec vos
femmes durant votre retraite spi­
rituelle dans les mosquées "
C2VI87,

Si le fidèle tombe malade au
cours de sa retraite, il doit la sus­
pendre. Il en va de même pour la
femme qui a ses menstrues en
cours de retraite. Lorsqu'elle
recouvre l'état de pureté légale,
que ce soit de nuit ou de jour, elle
devra revenir aussitôt à la mos­
quée.
Le musulman en retraite peut
prendre un bain, couper ou pei­
gner ses cheveux. Aicha relate
qu'elle peignait les cheveux du
prophète (saw) lorsqu'il était en
retraite.
De nos jours, nous devons
conserver le caractère du mois de
Ramadan et lui donner tout son
sens en réactualisant la retraite
pieuse dans les mosquées. Nous
devons nous pencher davantage
sur cette pratique spirituelle du
prophète (saw) qui tend à dispa­
raître des habitudes des musul­
mans malgré l'importance que lui
ont accordé le prophète (saw) et
ses compagnons!

13

LCçon de vie

Tribulations d’une vie conjugale
Par Id riss
C'est
l'histoire
d'une
famille ouagalaisc, mais qui
est en partie ou en totalité
le reflet de l'ambiance de

certains couples.

Un début ordinaire.
Alassane travaillait au minis­
tère du commerce. Juste der­
rière cet immeuble, se trou­

vait un petit endroit de
récréation. C'est donc dans
ses habituelles descentes au
kiosque pour un rafraîchisse­
ment qu'un jour, Alassane y
rencontra Mamounata qu'elle
appellera plus tard, affec­

tueusement, Mamou. Dans
l'attente, les deux, d'être ser­

vis,

en

brochettes, leurs

regards
s'embrouillèrent,
leurs cœurs s'emballèrent.
Naturellement, Alassane fit

le premier pas.

-Assalamou alaikoum, ma
sœur !
-wa alaikoum salam, mon
frère,
-Je suis abonné à cet endroit,

mais c'est la première fois
que je vous y vois.
-C'est vrai, je travaille au
Zinda seulement depuis trois
jours.

Avec toute la douceur et la
délicatesse d'un félin prépa­
rant une attaque, Alassane se
jeta à l'eau.
-Je m'appelle Alassane. Je
suis chauffeur dans ce minis­
tère et mon cœur s'impatiente
d'être conquis.

-Après un léger sourire, je

14

me nomme Mamounata et

suis comptable. Quant à mon
cœur sa liberté dépasse de
loin celle d'un poisson dans
l'eau.

Ils échangèrent des adresses.
Le temps ne s'était pourtant
pas laissé ébranler par l'ex­
pression de ce romantisme
débordant. Ainsi il égrena ses
jours et mois. Ce qui permit à
Mamou et à Alasko de s'ap­
peler, de se rendre visite, de
se faire des promesses et de
se marier devant Dieu (à la
mosquée) et devant les hom­
mes (à la mairie).
Du foyer au ring
Au début de leur vie conju­
gale, il n'y avait point de
débats. L'amour et le désir de
le prouver avaient toujours

raisons des positions discor­
dantes voire contradictoires
de l’un ou de l'autre. Après
cinq ans de mariage, l'usure
s'installa dans le couple.

Sinon les causeries se trans­
formaient en des débats viru­

Alasko ne voulait plus de sa
femme. Il combla le vide

lents. Souvent, comme un

créé en se payant les soins

volcan en éruption, ces joutes

d'une jeune fille. Plus claire­

oratoires accouchaient de
véritables séances de catch.
Alors, sous le regard embué
de larmes et les cris de leur
petite fille, ils se servaient de

tout pour se battre et se com­
battre. Une situation qui
contraste profondément avec
les applaudissements, les
rires,

les

cadeaux,

les

conseils qui avaient accom­

ment il résolut moindrement

un problème en créant un
autre.
Les voisines, par solidarité

féminine rendirent visite à

Mamou à plusieurs reprises.
A ces occasions, elle reçut
consolations,
conseils,
recommandations,

prières,

surtout des révélations.
Ainsi, elle fut informée que

pagné leur mariage. C'est
qu'en partie, Alasko était fau­
tif. Contrairement à ses pro­

au coin de leur rue est soi­

messes, il refusa de payer les
études de Mamou, l'interdit

gneusement entretenue par
son mari, choyée en retour.

de travailler. Mamou faisait
un petit commerce devant la

tête elle se disait ceci : " c’est

cour. Alasko en emprunta le
capital qu'il ne remboursera
jamais. II n'a donc tenu

aucune promesse. En plus il
ne cesse de mentir à sa
femme. Celle-ci, s'estimant, à

la jeune fille claire, qui habite

Elle n'y cnit mot. Dans sa

vrai qu'Alasko ne respecte

pas ses engagements, qu'il
ment. Il n'a ni peur ni pitié de
moi, mais il craint Allah,
quand même ! ". La
confiance n'excluant pas le

Alasko trouvait que Mamou

juste raison, dans ses droits

contrôle, elle entreprit tout de

parlait beaucoup et mal,
qu'elle prenait trop de forme,
qu'elle manquait de coquette­
rie, etc. A son tour, Mamou

les réclamait tous les jours.
Elle rappelait, questionnait,

même de mener sa petite

se
laissa
convaincre
qu'Alasko s'occupait mieux
de sa moto qu'il ne le faisait
avec qu'elle, que les milles
francs

quotidiens

de

la

popote étaient insuffisants, et
surtout qu'il était grossier,

tyrannique,etc.
De plus en plus ils causaient
peu, rarement ou pas. Quel­
ques échanges de mots, juste
quand c'est incontournable.

enquête. Les rumeurs n'en
étaient pas unes : elle était

se plaignait, regrettait, criait,
vociférait et souvent même
proférait des injures. Alasko
ripostait par des menaces,
des privations, et, régulière­

bloc. Mieux il affirma que

ment, par des coups de poing
ou de cravache. En réplique,
Mamou s'abstenait de prépa­

que de ses œuvres de charité.

réellement codifiée. Lors
d'une séance de questionne­
ment, Alasko nia tout en

cette jeune fille, au chômage
et sans mari, ne bénéficiait

rer, de rejoindre le lit conju­

Mamou n'était pas convain­

gal, de prier. La situation ne
s'améliorait guère : les men­

cue, mais céda.

songes prénuptiaux y aidant.
La solution de la courte

échelle

Sur toute la ligne, Alasko a

brimé

Mamou

dans

ses

droits. Mais ne devrait-il pas
faire le contraire en considé-

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

Leçon de vie
ration de ce verset de la sou­
rate 3 du saint Coran "
...Allah n'aime pas les injus­
tes. " ? Aussi ne devrait-il pas
lire ce hadith du prophète
Mohammad (SAW) et s'y
conformer : "vos épouses ont

des droits sur vous tout
comme vous en avez sur
elles."

Mamou n'exigea d'Alasko
commentaire
l'expression "œuvres

aucun
de

de charité". Elle aurait dû.

Un matin alors qu'il entrait
dans les toilettes, il ordonna à

Mamou de répondre à un
SMS de sa belle mère. Pen­

raccrocher. A son retour,
alors qu'il s'apprêtait à s'as­
seoir, Mamou lui débita toute
sa conversation avec Raki.
Alasko rougit, fulmina, se
ramassa et se jeta sur sa
femme pour la corriger de ce
qui était pour lui un cas d'im­
politesse notoire. Les coups
de mains, de pieds, de tête, de
coudes et de poitrine ne suffi­
sant pas, Alasko courut à sa
chambre, prit un fusil.

Mamou eut juste le temps de
quitter la maison avec sa
fille. Alasko dégaina en leur

direction, mais les rata. Al
hamdou lil-lah.

Revenue à ses esprits, elle
nourrit la ferme intention de

Allah étaient les remèdes aux

se venger, surtout de chasser
Raki, cette usurpatrice de
mari. Mais en attendant elle
refusa catégoriquement d'in­
tégrer le foyer et de le parta­

tous les autres.

ger avec cette voleuse de
mari.

songe, la négligence, l'irres­

Il passa un temps. Un jour, en
tournée dans le quartier, elle
fit un crochet dans son "pres-

problèmes de ce couple et de

La vie conjugale est faite de

sacrifice, de compromis. Elle
ne peut se bâtir sur le men­

ponsabilité.
Avant le mariage, il ne faut

rien promettre parce que le

que-ex-foyer". Elle trouva la

mariage c'est aussi l'inconnu.

maison ouverte et vide de
personnes. L'occasion faisant
le larron, elle vida le contenu

Le couple découvre ensem­

d'un bidon qui contenait de

l'essence dans toute la mai­

ble et au même moment.

Pour beaucoup d'observa­

teurs avérés, cela introduit un

aspect dynamique dans le

Quel comportement, quel

son. Elle prit soin d'en asper­

caractère, quelle sauvagerie !

ger sur chaque objet, mit le

Rien d'islamique. Rien d'hu­

feu, sortit avant de fermer les

contre la routine, l'usure de la

main. Les interpellations et
médiations n'ont pu venir à

portes. En quittant la cour,
elle croisa la petite fille de

vie conjugale.

bout des instincts grégaires

Raki. Mamou se saisit d'un

d'Alasko. Tout de suite d'au­

gros caillou qu'elle largua sur

cuns ont vu, dans ces agisse­

l'enfant. Mais sa maladresse

Toute la journée, Mamou

ments, l’emprise de génies.

ôta toute efficacité à ce pro­

lorsqu'Allah n'y est pas la

anima la maison, en faisant

Probable mais simpliste. Une

jectile. Quant à la maison, le

référence. La prise en compte

danser sa petite file au son

fuite de responsabilité, une

temps de forcer les portes-

des principes coraniques est

d'une chanson exclusivement

déchéance humanitaire.

puisqu'elle avait empoché les

essentielle à la réussite d'une

clés- son contenu était entiè­

vie conjugale à plusieurs

dant qu'elle s'adonnait à cette

tâche, un autre SMS s'exposa

sur l'écran. C’était écrit : "slt
BB ! è c k u vildr c swr ?".
Mamou jubilait intérieure­

ment de joie : enfin ; elle

avait une preuve.

composée du mot BB. Ceci

Le revers de la médaille

agaça Alasko que le coucher
du soleil trouva dehors. Pen­

Des mois passèrent. Raki

dant cette absence momenta­

tomba enceinte d'Alasko. Ses

née, Mamou contacta Raki,

parents la forcèrent à rejoin­

la jeune fille claire, par télé­

rement calciné.

dre l'auteur de la grossesse.

De retour chez elle, elle
entama une grève de faim qui
la conduisit à l'autre monde.

foyer,

condition efficace

Vivre en couple est une
lourde responsabilité. C'est

une

charge

immense

titres. Pour la recherche de
l'agrément d'Allah, on cher­

chera toujours à faire plaisir,

à se faire pardonner; l'on évi­

dernière

La nouvelle qui parvint aux

confirma sa liaison avec

oreilles de Mamou l'eut telle­

Alasko et s'empressa de s'ex­

ment choquée qu'elle s'éva­

cuser auprès de Mamou

nouit. Un autre mensonge

qu'elle appela tout de suite
Grand Sœur. Elle dit ne pas
être au courant de Mamou

dévoilé. Alasko lui avait juré

car Alasko lui aurait dit qu'il

autre femme. Sans toi je

n'était pas marié. Mamou
l'insulta de toutes les injures

mourrais ". Mieux, devant le
maire et les hommes, il avait

Le respect, la considération,

et malédictions disponibles

opté pour la monogamie.

sion dans le cadre de l'obser­

ques doivent jouer un rôle

dans son répertoire avant de

Pures balivernes.

vation des limites fixées par

prépondérant!

phone.

Cette

fidélité en ces termes : " je ne
me marierai jamais à une

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

Une autre solution
Quelle vie ! Quel gâchis !

Certes, l'on se marie pour le

meilleur et pour le pire ; le
pire imprévisible, incontour­

tera de brimer ; les sacrifices
seront légers et plaisants.

Le savoir vivre familial n'est

pas inné. Aussi les époux

nable. Il ne s'agit pas de celui

doivent-ils accepter s'édu­

qu'on crée, qu'on cultive...

quer en la matière par toutes

le dialogue et la compréhen­

ressources utiles et licites. En
ce sens les structures islami­

15

eu international

Le Fonds sénégalais pour la zakat s
un refuge pour les déshérités
Par Mamadou Alioune Diouf

Le CICES de Dakar a abrité le 23 août 2009 la cérémonie de
lancement du Fonds sénégalais pour la zakat (FSK). Cette
institution dont la vision consiste à " développer un leader­
ship et l'excellence au service de la zakat " entend participer
à la lutte contre la pauvreté par la prise en charge des
besoins sociaux.

charia, composé de oulémas,
qui sc charge de valider la
conformité à la loi islamique
des démarches et actions du
FSZ.

La dimension financière est

ette institution
vient à son
heure.
En

C

effet
beau­
coup
de
musulmans sénégalais s'ac­
quittent de ce devoir religieux
mais de quelle manière ? Au
finish depuis des années com­
bien d'argent et de biens
consacrés à la zakat ? Pour­
tant sur le terrain difficile de
montrer une réalisation qui
est l'œuvre de la zakat des
sénégalais. Au contraire la
pauvreté et la misère s'affi­
chent dans les rues avec une
mendicité multiforme.

Le fonds sénégalais pour la
zakat est "une maison de col­
lecte d'administration et de
distribution de la zakat" à qui
elle veut faire jouer son véri­
table rôle. Il a pour mission "
le développement des res­
sources issues de la zakat, des
donations volontaires, du
waqf et leur utilisation
conforme à la charia pour des
œuvres au bénéfice de la
oumma sénégalaise avec un
haut niveau d'efficacité et
d'excellence. " Il regroupe
des savants musulmans, des
commerçants, des cadres et
16

Dr Mouhamed Ahmed Lo, Président du FSZ
autres sénégalais appartenant
à divers secteurs. Toutes ces
personnes partageant le
même désir de voir la zakat
jouer le rôle que l'islam lui a
assigné ont mis ensemble
leurs compétences pour por­
ter sur les fonds baptismaux
le FSZ.
Le résultat mérite qu'on s'y
arrête car la synergie des
compétences a permis de
mettre sur pied une institution
qui prend en compte les
dimensions religieuse, finan­
cière el sociale de la zakat.

La dimension religieuse est
assumée par le corpus de la

confiée à des professionnels
en la matière regroupés dans
la commission des finances
dirigée par un expert compta­
ble. Cette commission a éla­
boré un manuel de procédure
pour la collecte, la distribu­
tion et le contrôle. Ils sont
également chargés de coacher
les projets qui seront finan­
cés. L'administration du FSK
se fera en respect des nonnes
qui administrent les fonds
publics.

L'identification des bénéfi­
ciaires et l'allocation sont de
la responsabilité de la com­
mission sociale, habilitée à

recevoir et à étudier les
demandes des bénéficiaires.
La zakat peut jouer un rôle
très important dans la lutte
contre la pauvreté. Pour se

faire son institutionnalisation
s'impose. En effet tant que la
zakat ne sera pas regroupée
pour constituer un fonds
important pouvant financer
des projets en matière d'édu­
cation, de santé, de fourniture
d'eau potable... elle sera
ramenée à la dimension de
l'aumône ordinaire car sa dis­
tribution ne permettra pas aux
bénéficiaires de sortir de la
pauvreté comme le souhaite
l'Islam. Ne perdant pas de vue
cet aspect, le FSK collecte la
zakat durant six mois avant
de procéder à la redistribu­
tion. Des cas exceptionnels
pourront être traités pendant
cette période.
Ce Fonds se met également à
la disposition des musulmans
qui désirent faire des dona­
tions pour alléger la souf­
france du genre humain. Ces
fonds n'étant pas régis de la
même manière par la législa­
tion islamique, une distinc­
tion nette est faite dans la col­
lecte, la comptabilité et la dis­
tribution.

Lancé au début de ce mois
béni de Ramadan le FSK dis­
pose d'environ 12 millions de
francs CFA, fruit des premiè­
res collectes ■

La Preuve n° 23 - Septembre 2009

Collections
La Preuve