Imam Sidi Mohammady à propos de la Nuit du Destin : « 4 catégories de personnes ne seront pas pardonnées »

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Titre
Imam Sidi Mohammady à propos de la Nuit du Destin : « 4 catégories de personnes ne seront pas pardonnées »
Créateur
Hamadi Baro
Editeur
Le Pays
Date
31 juillet 2013
Résumé
Nous sommes dans la dernière décade du mois de Ramadan. Dernière décade où se trouve logée une nuit, la plus importante et la plus recherchée de toutes les nuits. Nous l'avons nommée « nuit du destin ».
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
Nous sommes dans la dernière décade du mois de Ramadan. Dernière décade où se trouve logée une nuit, la plus importante et la plus recherchée de toutes les nuits. Nous l'avons nommée « nuit du destin ».

Elle fait actuellement l'objet de toutes les attentions. « Gagner cette nuit, c'est gagner toute une vie », dit-on dans le milieu religieux. Pour en savoir plus, nous avons rencontré l'imam Sidi Mohammady Ouédraogo, de l'Association pour l'établissement de l'unité islamique (AEUI).

Avec cette dernière décade du mois de Ramadan, on assiste à des veillées de prière par-ci, par-là. Quel intérêt l'islam accorde-t-il à ces veillées ?

Avant tout propos, je vous remercie pour m'avoir donné la parole. Mes vœux les meilleurs à tous les musulmans. Dieu a fait de ce mois, un mois bénéfique pour les musulmans ; un mois durant lequel on doit profiter pour se reconstruire soi-même afin d'avoir une bonne foi, une bonne moralité, une bonne relation non seulement avec son créateur, mais aussi avec ses proches.

C'est donc un mois de miséricorde, un mois choisi par Dieu pour permettre aux croyants de recevoir ses bénédictions. Ces derniers jours sont encore considérés comme les plus bénéfiques à cause d'un évènement qui s'est passé et qui se passe une fois chaque année. C'est la nuit du destin.

Vous avez dit « nuit du destin ». Pouvez-vous nous expliquer ce que c'est que cette nuit ?

Le mot « qadr » qui veut dire destin vient de l'expression « laïlatoul qadr » ou « la nuit du destin ». Ce mot arabe « qadr » a trois significations.

Premièrement, il signifie « destin », deuxièmement, il veut dire « glorifié » autrement dit une nuit « glorieuse » et troisièmement, « serré » à cause du nombre élevé des Anges qui descendent durant cette nuit.

On dit qu'ils y descendent en « rangs serrés ». Toutes ces trois choses se sont réalisées durant cette même nuit. En d'autres termes, Dieu détermine le cours des choses de chaque personne pour une année : sa nourriture, sa santé, sa vie, etc. C'est pour cela qu'on l'appelle « nuit du destin ».

Elle est une « nuit glorieuse » en ce sens que c'est durant cette nuit que le Saint Coran a été révélé. En outre, dans la mesure où les Anges descendent très nombreux à telle enseigne qu'il n'y a pas un coin sur la terre où ils ne laissent de trace de leur passage après leur descente en cascade ou en rangs serrés ou encore en bousculade, on lui a donné le nom « nuit de la bousculade ». C'est tout cela qui constitue la « nuit du destin ».

En quoi consiste la recherche de cette nuit glorieuse ? Et où se situe-t-elle exactement ?

A travers les hadiths du prophète (SAW), il est dit de rechercher cette nuit glorieuse durant les dix dernières nuits du mois de Ramadan. Des recueils des Ahlul Bryts (famille du prophète) rapportent que le prophète (SAW) la recherchait dans les dix dernières nuits mais surtout les 19e, 21e et 23e nuits.

Autrement dit, ces trois nuits sont des nuits durant lesquelles il faut redoubler d'ardeur pour la recherche de la « nuit du destin ». Il reste entendu qu'il ne faut pas négliger les autres nuits. Cependant, il existe d'autres récits qui conseillent de mettre l'accent sur la 27e nuit. Raison pour laquelle vous remarquerez une forte mobilisation des musulmans autour de la 27e nuit. Alors celle ou celui qui veillera durant cette période gagnera, à coup sûr, la nuit du destin.

Il est dit que durant cette nuit Dieu arrête tout pour chaque individu. Est-ce à dire qu'après ça l'homme serait incapable de changer le cours de sa vie ?

En Islam, il n'y a pas un destin sans la volonté de l'homme. Si on dit que, durant la nuit du destin, Dieu prescrit ou arrête les actions futures de l'homme qui œuvre pour un changement positif de sa vie, tout est fait en fonction du bon vouloir de chaque individu durant cette nuit. Et il y a des gens qui n'auront pas le pardon et le soutien de Dieu durant cette nuit.

Vous avez dit qu'il y a des gens auxquels Dieu ne pardonnera pas leurs péchés, qui sont-ils ?

Il y a quatre catégories de personnes qui ne seront pas pardonnées durant cette nuit. La première catégorie concerne les buveurs d'alcool. La deuxième, ceux qui désobéissent à leurs parents (père et mère).

Ceux qui rompent leur lien de parenté constituent la troisième catégorie, et la quatrième concerne ceux qui sèment la zizanie entre deux personnes, deux groupes ou deux communautés. Pourtant, dans son célèbre prêche du mois de Ramadan, le prophète Mouhammad (SAW) a indiqué que le malheureux, c'est celui qui n'a pas obtenu le pardon de Dieu durant ce mois.

Que gagne le fidèle musulman en veillant à la recherche de cette nuit ?

Vous n'êtes pas sans savoir que la vie de l'être humain est très courte et que ce dernier commet beaucoup de péchés. Alors Dieu a donné des faveurs aux croyants en leur faisant savoir que celui ou celle qui gagne cette « nuit » en posant une bonne action, aura une récompense équivalent à celle d'une adoration de mille mois soit plus de 83 années d'adoration.

Voyez-vous l'importance de cette « nuit » seule ! Combien de gens peuvent vivre 83 ans en faisant œuvre utile ? Ils sont peu. Si une bonne action posée durant cette « nuit » rapporte les récompenses de 83 années d'adoration, pour le croyant, rien n'est plus important que de la gagner.

Vous avez parlé de bonne action posée durant cette « nuit glorieuse », en quoi consiste-t-elle ?

Il y a plusieurs actions à poser notamment la prière, le Zikr ou l'invocation, le fait de réviser ses cours religieux, l'écoute des prêches, la méditation sur les paroles de Dieu, la lecture du Saint Coran, la réflexion sur ses projets afin de subvenir au besoin de sa famille. Il y a de la récompense lorsqu'on passe la nuit en faisant une de ces actions citées.

Cependant, il y a des propos prophétiques (hadiths) où il est dit que celui ou celle qui fait, durant cette nuit, deux rakats (unités de prière) en récitant dans chaque rakat la Fatiha (chapitre de l'ouverture), sept fois la sourate Ikh-lâs (chapitre de la pureté) et, après le salam (salut final), récite 70 fois « Asragh-firoullah, wa atoûbou ilaïhi » (ô Seigneur pardonne-moi, et je me repens auprès de Toi) ; Dieu lui pardonne ses péchés. En plus, il est recommandé de veiller dans l'adoration de Dieu comme la lecture du Saint Coran.

A ce propos, il est dit que celui ou celle qui lit un seul verset aura la récompense d'une personne qui aura lu tout le Coran en dehors de ce mois. Rappelons ici que le prophète Mouhammad (SAW), selon un récit, aimait faire l'Ihtikhâf ou la retraite spirituelle durant ces dix derniers jours.

Si le prophète (SAW) aimait la retraite spirituelle que dites-vous des prières dites « tarawî » (13 rakas après la prière de la nuit ou ichâ'i) et quiyyamoullaïl (veillée nocturne) que les gens font en groupe et que d'aucuns considèrent obligatoires ?

Il importe de signaliser ici qu'il est mieux de faire ces prières surérogatoires seul dans la mesure où elles ne constituent pas une obligation pour les croyants. « quiyyâmoullaïl » signifie se lever la nuit pour adorer Dieu. C'est alors un acte individuel recommandé. Le prophète (SAW) faisait ses prières surérogatoires seul.

Faire donc ces prières surérogatoires en groupe n'est pas une recommandation du prophète (SAW). Si l'on veut suivre les traces du prophète, on le fera de façon individuelle et non collective. Accomplies seules, les prières surérogatoires ont plus de mérite que lorsqu'elles sont accomplies en groupe.

Il y a des gens qui trouvent que si ce n'est pas en groupe, ils ne peuvent pas faire ces « longues prières » (13 unités) qu'ils ont tant envie d'accomplir tout seul.

Si tel est leur souhait, il y a une prière qu'ils peuvent faire, celle dite « prière de rattrapage ». C'est une prière que l'on a manqué d'une manière ou d'une autre durant sa vie, soit par oubli, soit par négligence après l'âge de la puberté, que l'on peut rattraper. Dans ce cas, il suffit de formuler l'intention de faire le remboursement de ces prières quotidiennes manquées.

Comme les prières quotidiennes sont une obligation pour le croyant, on peut les faire en groupe, car l'accomplissement des prières obligatoires en groupe est vivement recommandé par le prophète (SAW).

Raison pour laquelle, au lieu de faire les prières surérogatoires en groupe, vous trouverez des gens qui formulent l'intention de faire leurs prières manquées dites « prières de rattrapage » en groupe.

Au terme de notre entretien, quel message souhaitez-vous transmettre à nos fidèles lecteurs et lectrices ?

Je souhaite que les gens qui ont consacré leur temps, durant les 30 jours de ce mois béni en cherchant à être maîtres d'eux-mêmes, en changeant de caractère, de ne pas perdre tous ces acquis à la fin du mois de Ramadan en posant des actes de désobéissance à Dieu, comme fêter en buvant l'alcool ou en l'offrant aux autres, ou manger ce qui est interdit en Islam.

Tu as décidé durant le mois de Ramadan de chercher la piété, de te conformer aux principes de la religion et le jour de la fête tout cela tombe à l'eau ; quelle grande perte !

Tu as décidé durant ce mois d'abandonner tes péchés pour faire du bien, pour te réconcilier avec tes ennemis, pour demander le pardon d'Allah, pour prier Dieu.

Alors, que cette ferme volonté de changement positif demeure en toi. Je m'exhorte et j'exhorte les uns et les autres à garder toujours ce cap de bonne conduite des bonnes actions même après le mois de Ramadan.
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