Interview : El Hadj Sanou Mam, président de la Communauté musulmane région de de l'Ouest

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Titre
Interview : El Hadj Sanou Mam, président de la Communauté musulmane région de de l'Ouest
Créateur
Lassine Traoré
Editeur
San Finna
Date
31 mars 2003
Résumé
Au Burkina Faso, les pèlerinages à la Mecque passent et se ressemblent. Tristement. Il n'est pas d'année en effet où de multiples et incompréhensibles problèmes d'organisation ne viennent gâcher le suprême acte de piété de la communauté musulmane. Le Hadj 2003 a vu s'illustrer tristement la compagnie nationale privée Faso Airways qui, on ne sait comment, s'est révélée incapable de ramener des pèlerins qu'elle avait eu la charge de convoyer en Arabie Saoudite. Pour en savoir plus sur cette galère de nos pèlerins, SAIS FINNA en rencontré pour vous El Hadj Mama Sanou, président de la Communauté musulmane région de l'Ouest. Son témoignage est édifiant.
Droits
In Copyright - Rights-Holder(s) Unlocatable or Unidentifiable
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
Au Burkina Faso, les pèlerinages à la Mecque passent et se ressemblent. Tristement. Il n'est pas d'année en effet où de multiples et incompréhensibles problèmes d'organisation ne viennent gâcher le suprême acte de piété de la communauté musulmane. Le Hadj 2003 a vu s'illustrer tristement la compagnie nationale privée Faso Airways qui, on ne sait comment, s'est révélée incapable de ramener des pèlerins qu'elle avait eu la charge de convoyer en Arabie Saoudite. Pour en savoir plus sur cette galère de nos pèlerins, SAIS FINNA en rencontré pour vous El Hadj Mama Sanou, président de la Communauté musulmane région de l'Ouest. Son témoignage est édifiant.

San Finna : Bonjour monsieur. Le journal San Finna vient pour la première fois à vous. Peut-on savoir qui vous êtes réellement ?

Sanou Mama (S.M) : Je suis Sanou Mama président de la communauté musulmane, bureau régional de l’Ouest, vice-président CROPM (Commission Régionale d'Organisation du Pèlerinage à la Mecque), président de la sous-commission encadrement.

SF : Monsieur le président, vous avez eu l’honneur et le privilège d’aller à la Mecque cette année. Peut-on savoir sous quel label ?

S.M : Je suis allé en tant que président de la sous-commission encadrement.

SF : Donc il y avait plusieurs commissions ?

S.M : Absolument, 5 (cinq) au total dont les 4 (quatre) autres étaient les sous-commissions passeport et transport, santé, accueil et hébergement et finance. Tous ces membres de sous-commissions ont effectué le déplacement de la Mecque.

S.F : Est-ce qu’on peut savoir dans quelles conditions vous avez quitté le Burkina Faso ?

S.M : Nous avons passé plus d'une semaine à Ouaga à attendre en vain l'avion. On nous a fait comprendre qu'il y avait des problèmes de visas. Et entre temps des problèmes de santé sont venus s’ajouter (l'épidémie de méningite qu'un agent de santé avait déclaré par voie de presse). Il semble qu’une autorité saoudienne qui a suivi ladite déclaration à la télé aurait fait reculer le départ de l’avion Faso Airways pour cette raison du 24 au 25 février, puis au 26 février, ensuite au 1er mars puis au 2 mars et enfin au 3 mars. Pendant que l’on modifiait à chaque fois le calendrier, la compagnie Faso Airways a mis son avion à la disposition d'autres passagers. Et lorsque les choses sont rentrées dans l'ordre il n'y avait plus d'avion de cette compagnie immédiatement disponible. Ceci expliquant cela, le délai était dépassé. Les deux premiers convois de Ouaga ont quitté finalement le 5 mars et le dernier convoi de Bobo a quitté le 6 mars. Et il y a eu un couac qui s’est posé à ce dernier convoi puisqu’il ne pouvait atteindre la Mecque avant la fermeture de l’espace aérien saoudien. Et il a fallu que nos autorités négocient avec leurs homologues saoudiens pour que cet espace aérien ne soit pas fermé.

SF : Une fois à la Mecque, est-ce que le convoi de Bobo était le seul à être en retard ?

S.M : Non, il y a des avions qui sont venus après nous, par exemple du Bengladesh (6 mars) du Pakistan (7 mars) et de Côte d’Ivoire (10 mars).

S.F : Où peut-on situer les responsabilités ?

S.M : On ne peut pas dire que. Faso Air ways soit seul responsable de ce retard. C’est tout le monde qui est visé et pour moi en tant qu'un croyant je peux dire que c’est Dieu qui l'a voulu ainsi en définitive.

S.F : Etant dans l’avion pour la Mecque, quelles autres difficultés ou anomalies ayez-vous eu ou constaté ?

S.M : Rien. Sinon que l'avion a volé à basse altitude.

S.F : Comment avez-vous fait pour le savoir ? Savez-vous à partir de quel pays l’avion a commencé à voler à basse altitude ?

S.M : Parlant de la reconnaissance de la basse altitude je vous dis que ce n’est pas la première fois que je vais à la Mecque. J'y allais depuis que j'étais étudiant et ça fait plus d'une dizaine de voyages à cette destination à mon actif. Ce qui m'a valu d'ailleurs mon choix de président de la sous-commission encadrement.

Je ne sais pas à partir de quel pays on a pris la basse altitude. Ce qui est sûr c’est que nous avons beaucoup voyagé en basse altitude.

SF : Vous n’avez pas trouvé cela dangereux ?

S.M : Mais c'est très dangereux. C'est dans ces conditions en tout cas que nous avons rejoint la Mecque.

SF : Selon vous pour quelle raison cet appareil vous transportait à basse altitude ? Avez vous senti à un certain moment que quelque chose n’allait pas ?

S.M : Quand on est arrivé à Djeda il y a un Arabe qui a révélé que le vrai pilote n'était pas aux commandes de l'appareil parce qu’il aurait refusé de bosser pour salaire non perçu et qu’en lieu et place de celui-ci on aurait fait recours au service d’un amateur.

SF : Avez-vous été bien traité à bord à l’aller ?

S.M : En lieu et place de la nourriture . qu'on nous donnait habituellement nous avons reçu une miche de pain au sandwich pour 2 (deux) personnes et très peu d’eau (non glacée) en lieu et place des jus de fruits précédemment distribués. Et cela pendant 6 (six) heures de voyage.

SF : Parlez-nous de la suite du voyage aller.

S.M : Comme nous avons pris du retard on est allé directement à la Mecque sans préalablement passer à Medina où il était prévu de nous laisser faire 8 jours là-bas comme d’habitude pour qu'on puisse aller nous recueillir sur le tombeau du prophète Mohamed. Ils ont pu seulement peser les bagages des passagers du premier vol.

SF : Est-ce que les pèlerins ont bien pu accomplir leurs hadj ?

S.M : Malgré ce que nous avons relevé comme problèmes, ils ont bien accompli leur hadj.

SF : A présent, parlez-nous des conditions de retour.

S.M : Le 1er vol est retourné avec 345 pèlerins, le 2ème de même, le 3ème aussi, le 4ème a pris une partie et il restait toujours à la Mecque par manque de vol 42 passagers dont 5 pèlerins de Bobo et 37 délégués dont les présidents des sous-commissions.

SF : N’y a-t-il pas eu de cas de décès côté burkinabè comme cela est malheureusement de coutume depuis un certain temps ?

S.M : Grâce à Dieu il n'y en a pas eu. Je peux noter seulement un cas de maladie.

SF : Ceux qui n’ont pas eu de vol, combien de temps ont-il passé dans l’attente ?

S.M : Il y en a qui y ont passé plus de 12 (douze) jours (présidents sous commissions de Bobo plus 5 pèlerins) d'autres plus de 19 (dix neuf) jours (président de Ouaga).

SF : Mais puisque que les prévisions et provisions faites par ces pèlerins malheureux ont été absorbées, comment est-ce qu’ils arrivaient à subvenir à leurs besoins alimentaires ?

S.M : A ce niveau il ne se posait plus de problème, ils mangeaient et dormaient dans des hôtels 4 étoiles à la charge de l’aviation civile saoudienne.

SF : Les choses semblent avoir évolué à quel moment du côté du vol ?

S.M : Lorsqu'on a entendu que les Américains allaient bombarder l'Irak dans moins de 72 heures, rapidement les autorités de la place ont cherché et trouvé des vols pour nous à Air France (16 passagers) et à Air Liban (24) 2 de nos délégués y sont restés pour accompagner les bagages (secrétaire permanent et président sous commission accueil-hébergement).

SF : Donc jusqu’à nos jours aucun bagage des pèlerins n’est venu ?

S.M : Aucun. Nous sommes venus avec des objets légers. La venue des bagages étant prévue pour fin mars.

SF : Quel problème se pose au niveau de l’envoi de ces bagages?

S.M : Il s'agirait des formalités (demande d'autorisation d'atterrissage) que les 2 délégués s'attelleraient à remplir.

SF : Monsieur le président il semble que Faso Air ways avait mis à votre disposition 4 de ses agents qui avaient entre autres pour missions de s’occuper spécialement des pèlerins une fois à la Mecque. Si oui dites-nous un peu si ces hommes ont rempli leurs missions ?

S.M : C’est vrai, mais ce sont des agents sans badges qui ont été mis à notre disposition. Une fois à la Mecque eux-mêmes se sont transformés en pèlerins pour vaquer à d'autres occupations nous laissant à nous mêmes avec des risques pour les tout nouveaux de se perdre.

SF : A vous entendre parler on a tendance à croire que la compagnie Faso Airways n’a pas fait totalement votre affaire ou du moins l’affaire des pèlerins.

S.M : Je ne vous le ferai pas dire.

SF : Mais pourquoi donc nos autorités selon vous l'ont choisi?

S.M : Je ne sais pas exactement. Selon les rumeurs en tout cas qui nous parviennent des milieux informés, on a entendu dire que Faso Airways est une compagnie qui appartiendrait à des personnalités du régime. Vrai ou faux, je ne saurais vous le dire. Ce qui est sûr il n'y a pas de fumée sans feu.

SF : Nous tirons vers la fin. Avez-vous un dernier mot ?

S.M : Je m'adresse à la commission nationale d'organisation tout particulièrement en l'appelant à savoir choisir à l’avenir la meilleure compagnie de transport, de tout mettre en œuvre pour que ce qui s'est passé ne se reproduise plus.

Lassine Traoré
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