Conférence sur l'historique du CERFI (25e anniversaire)

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Titre
Conférence sur l'historique du CERFI (25e anniversaire)
Créateur
Salifou Belem
Date
3 décembre 2015
Résumé
Communication de Salifou Belem, président du CDN (chargé de production à la TNB).
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
[...] 13:05

Voici ceux qui animaient, quand je dis animais, c'est exagéré parce que c'était pratiquement le statut-quo. Il n'y avait pas d'activités en tant que tel. C'était une représentation simplement au niveau national pour disons être face à l'administration. Donc, il n'y avait pas ces initiatives de promotion réelle de notre religion même si quelque part il y avait quand même des activités qui allaient un peu dans ce sens. N'est-ce pas? Parce qu'on commençait à avoir un peu des prêches au niveau de la radio (...). Donc, c'était vraiment le statu-quo pratiquement. Alors c'est dans cette ambiance là que (...) Ce qui se passait en Côte d'Ivoire va très rapidement se retrouver en Haute-Volta par le fait qu'il y avait des étudiants ivoiriens qui allaient revenir en Haute-Volta. 

C'est ainsi que ça a commencé par le Lycée Philippe-Zinda. C'est le lycée national. Et c'est dans ce grand, les premiers regroupements d'élèves musulmans ont lieu.

[...] 17:12

Quoiqu'on dise l'AEEMB a été un tournant dans l'évolution 

[...] 21:54

Le travail que l'AEEMB avait commencé à faire, qui avait produit un certain nombre de personnes qui pensaient autrement l'islam. Ensuite, les cadres musulmans qui étaient dans l'administration publique ou privée, qui étaient un peu attachés à la révolution et aux autres idéologies, vont se poser des questions pour se dire finalement, nous on va également chercher à revenir à notre religion. Mais bien sûr, ces gens là ne connaissaient pas la religion, mais ça les intéressaient quand même de revenir à cette religion. Voilà pourquoi à partir de 1988, quelques-uns de ces cadres-là vont commencer à se rencontrer. Déjà, ils étaient plus ou moins dans des associations et ça c'est pour parler des premiers acteurs. Ils vont chercher à se rencontrer au niveau du monde francophone parce que le monde francophone était caractérisé par une méconnaissance de la religion islamique. Vous savez, c'est juste un rappel hein, la situation de l'islam en Haute-Volta, qui était soi-disant appelé première fille de l'Église, ça peut-être que vous avez entendu parler de cette maxime-là. Nous on était considérés comme la première fille de l'Église dans le temps. Donc la Haute-Volta était pratiquement catholique dans la sève, dans le sang. C'était ça. Donc, le musulman qui était généralement hors de l'administration, parce que nous nous n'étions pas à l'école. Le musulman qui était hors de l'administration, bon, il se contentait de sa mosquée et ça s'arrêtait là. Ceux qui étaient partis à l'école, eux-aussi ils étaient pratiquement happés par les autres. Ça fait que ça faisait bien d'avoir même deux noms pour ceux qui étaient partis à l'école. Ça vous en connaissez. Ceux qui avaient deux noms, et ça c'est encore ceux qui avaient voulu garder le deuxième nom. Sinon on éliminait le Mamadou, on éliminait le Salifou et on prenait ce que vous savez. Donc c'est pour dire qu'on était dans un état d'esprit tel que il y avait ce complexe d'être musulman surtout quand on est dans le monde de l'administration, dans le monde dit évolué. Il y avait ce complexe d'être musulman pour ceux déjà qui étaient partis dans ce monde là. Et il y avait bien sûr la méconnaissance même de la religion puisqu'on ne voulait même pas être indexé de musulmans, pourquoi on a s'intéresser à l'islam? Donc on arrive à une situation où les quelques-uns qui voulaient revenir à l'islam ne connaissaient pas la religion. Ils avaient peur d'être musulmans. Donc tout ça là c'est des contextes, mais il a fallu quand même quelques-uns malgré leur méconnaissance entre griffes de l'islam, qui avaient cette volonté de revenir à la religion de leurs parents. Ces premiers acteurs c'étaient qui? Ça va être difficile de les citer ____________

[...] 27:54

Ils commençaient d'abord par se réunir à une petite mosquée, derrière l'université à Zogona, la mosquée du frère Amadou. Et c'est là-bas qu'ils se réunissaient d'abord dans un premier temps pour apprendre parce qu'ils ne connaissaient pas. (...)

C'est dans ces cours d'autoformation, parce que c'était des espèces de causeries. Chacun apporte ce qu'il connaissait. Et comme ce qu'ils connaissaient ça n'allait pas loin, ils ont coopté un tout petit peu le premier arabophone qui était le docteur Doukouré. Parce que quand même c'était la référence, non seulement c'était la référence, c'est toujours la référence. C'est lui qui pouvait parler islam. Les autres ne pouvaient pas même s'ils étaient dans les associations. Ils ne connaissaient pas. Donc c'est comme ça que l'idée de formaliser un regroupement est né au niveau des 6 ou 7 personnes là. Alors comme il y avait l'AEEMB, qui était en avance, ils se sont adressés aux cadres de l'AEEMB qui étaient maintenant dans l'administration notamment le regretté premier président de l'AEEMB, Belem Sayouba, qui était le __________du Sénou. Il y avait également le frère Barra qui était toujours étudiant. Il y avait peut-être d'autres personnes, Nombré Marboulaye si je ne l'oublie pas, etc., qui était toujours étudiant. Donc ils ont essayé d'élargir le groupe à ces gens-là qui avaient l'habitude du militantisme, qui avaient une certaine expérience, une certaine vision. Et c'est comme ça que le premier groupe des gens qui allaient former le CERFI est né pendant la période, on va dire de juin 1987 jusqu'à 1988. Et c'est comme ça que ce premier groupe là est né. Bien sûr, ce groupe là avait une vision. La vision était claire. C'était un, il fallait décomplexer les musulmans. Deux, il fallait dépasser les petits antagonismes, les petits clivages qui ne nous faisaient pas avancer. C'était trois, donner au monde, ou en tout cas, à l'opinion burkinabé, il fallait donner une autre image de notre religion. Je vous ai dépeint ce que les gens avaient comme image de notre religion. Il fallait palier ça. Et il fallait finalement redonner confiance aux musulmans pour qu'ils s'assument. Voilà un peu ce que les pionniers du CERFI avaient en tête. Bien sûr cette naissance-là aussi a été favorisée, je ne le dirai jamais assez, par quoi, par l'AEEMB. Non seulement l'AEEMB servait de repère, mais l'AEEMB allait fournir les gens qui allaient porter l'association. Parce que ceux qui venaient des associations-là, eux ils ne connaissaient pas le monde, tant que vous n'êtes pas passés par l'université et autres écoles là. Les systèmes de luttes, tout ça, eux ils ne connaissaient pas. Ils étaient des cadres musulmans, ils avaient la bonne volonté. Mais ils n'avaient pas ces outils-là. Et ce sont les gens de l'AEEMB finalement, les Sayouba, les Barra, Nombré et autres, qui vont, c'est eux-mêmes qui vont faire les textes. Les premiers textes, c'est eux qui vont les faire.

Je vais terminer également par une autre composante importante de ces pionniers. J'ai laissé ça exprès à la fin. Ce sont nos sœurs. Alors, vous savez que si vous voulez courir et pis qu'il n'y a pas les femmes, vous ne pouvez pas bouger. Il faut dire qu'en fait, les femmes nous ont devancées. En tout cas, les femmes ont devancé le CERFI parce que justement autour des années 1987-86, quand le CERFI, les premiers gens commençaient à se rencontrer, les femmes avaient déjà une structuration plus évoluée parce qu'elles s'étaient regroupées, parce que les femmes, vous savez, elles sont beaucoup plus sensibles à ces genre de trucs là. Et elles étaient en phase de créer une organisation qu'on appelait l'OFMB, l'Organisation des femmes musulmanes du Burkina. Et cette organisation là, elle était supportée par les premières femmes notamment madame Nacro. Donc la famille Nacro, qu'on le veuille ou pas, en tout cas c'était le sous-bassement que ce soit du côté des hommes ou du côté des femmes, c'était le sous-bassement. Et la première présidente de l'OFMB c'était madame Nacro, qui était au PNUD. Et cette organisation en tout cas, elle avait commencé à travailler avec l'AEEMB. Toujours l'AEEMB parce que c'est l'AEEMB qui donnait les cours à nos sœurs, à nos mamans. C'était les Barra, c'était eux qui donnaient les cours parce que dans un premier temps, c'était pour déjà se former, après on verrait. C'était les Barra qui donnaient les cours aux femmes et chemin faisant on s’est dit mais pourquoi ne pas se structurer? Et c’est là qu'il y a eu la naissance de l’OFMB et quand le CERFI a commencé à naître, finalement vous savez que comme les femmes et les hommes c’étaient plus ou moins les mêmes familles, on a travaillé ensemble même si on était des structures différentes, en fait on se retrouvait et on menait la réflexion ensemble. Donc la création du CERFI n’a pas pu se faire sans deux choses, sans deux autres structures : l’OFMB et l’AEEMB. Donc voilà comment est né le CERFI. Maintenant les modalités de création, ça c’est un autre débat. Je pense que je vais m’arrêter là.

[...] 37:03

Comme je suis un ancien membre fondateur de l’AEEMCI j’étais un peu en manque de militantisme parce que je suis revenu en Haute-Volta après les études. Il n’y avait rien. Donc quand j’ai vu l’affiche_______. je cherche les gens, je suis rentré dans une des salles, je cherche les responsables. Je suis rentré, j’ai vu Sayouba, Barra et puis d’autres personnes qui étaient sur des matelas. Je me suis présenté et j’ai dit que j’étais intéressé. Donc on a prie les contacts, moi j’étais en ce temps à la télévision nationale du Burkina et c’est comme ça qu’on a prie contact. Moi je n’ai pas participé au think thank de Zogoma. Moi je n’étais pas là-bas. Mais voilà comment je me suis introduit et bien sûr les AG. ____________. Je fais partie des plus permanents du CERFI. Et si on recule derrière je peux dire que j’ai pratiquement près de 40 de militantisme si je considère depuis le lycée depuis la sixième, cinquième jusqu’à maintenant, j’ai au moins 40 de militantisme islamique. Il n’y a pas de retraite, donc même quand va aller à la retraite des blancs, il faut qu’on soit toujours ensemble tant que Dieu ne nous a toujours pas rappelé. On veut toujours être dans sa parce que chaque fois que nous posons quelque chose pour l’islam, je pense que c’est ce que les imams nous ont toujours dit, notre balance alourdie. Je suis content de voir plein de jeunes, des gens qui ont l’âge mes premiers enfants également, qui n’était pas né à la naissance du CERFI. C’est ça aussi le succès de notre structure. _____________

Autre communicateur (41:00)

Aujourd’hui nous avons une vision conformément à notre plan stratégique, et la vision qui est reformulée conformément à celle du début c’est quoi, c’est de faire du CERFI une organisation sociale de référence au plan national sur les questions islamiques et un essai au sein d’un espace organisé de spiritualité, de fraternité, de solidarité tout en restant à l’avant-garde de l’unité d’action de la communauté des musulmans est contribuant au développement socio-économique du pays dans sa dite sur les intentions, les ambitions du CERFI à l’occasion de la célébration de ce 25e anniversaire. _______________

Imam Halidou Ilboudo sur la spiritualité en islam. (44:20)

[...] Période de question (1:50:00)

Question: Une première question au président Belem c'est de savoir de la création du CERFI, est-ce que vous avez été accepté ou rejeté par les autres structures qui existaient? Est-ce que vous avez été accepté ou rejeté ou il y a eu complètement une indifférence qui vous a permis de travailler? Deuxième question toujours sur le CERFI, c’est que de la création jusqu’à aujourd’hui, je constate qu’il y a un faible taux d’entrée des arabisants ou des arabophones. Il y a beaucoup plus de francophones alors que je suppose que l’intellectuel musulman, aussi ça peut être celui qui a étudié complètement en arabe. Donc qu'est-ce qui fait que les arabophones ou les arabisants n’arrivent pas suffisamment à entrer dans le cercle? (...)

[...] 2:00:00

Salifou Belem: (...) Je vais commencer par répondre à la préoccupation du frère Ibrahima, ancien président de l’AEEMB. Il s'agit de savoir si toute suite à la création du CERFI nous avons été acceptés, chouchoutés. Bon je crois qu’historiquement ce serait faux de dire que tout s’est passé comme une lettre à la poste. Je crois que ça fait partie de la dynamique humaine. Même dans une famille ce n’est pas évident d’avoir l’unanimité. Et même quand vous prenez une personne elle-même, aujourd’hui je suis d’accord avec ceci, demain je ne suis plus d’accord. Pour dire que quand on revient au contexte qui a prévalu à la mise en place du CERFI, je vous ai dit que au niveau national, nous avions trois grandes associations. Bon, peut-être qu’il y avait d’autres associations que je n’ai pas cités, mais apparemment, elles sont venus par la suite. (...) D’autres associations, mais vraiment d’importances mineures. Donc il y avait les trois grandes associations plus l’AEEMB. Donc il y avait la communauté musulmane, la tidjaniya et le mouvement sunnite. Et quand vous regardez les premiers pionniers, ils venaient de ces trois associations pour ne pas dire de ces quatre associations si on prend en compte l’AEEMB. Vous avez par exemple le frère Nacro, qui venait un peu, genre communauté musulmane. Vous aviez El hadj Souleymane Ouédraogo, je ne l’ai pas cité ce matin mais bon, il faisait parti des pionniers parce que je ne peux pas citer tout le monde. Il y avait Koussoubé, il y avait Sam, qui avait des accointances avec le mouvement sunnite puisque bon El hadj Souleymane était quand même un des présidents sinon même le premier président du mouvement sunnite. Moustapha faisait aussi partie du bureau à un moment donné de même que le jeune Sam en ce temps, il était beaucoup plus jeune, qui a fait parti donc du bureau à un moment donné du mouvement sunnite. Alors au niveau de la tidjaniya, ceux qui étaient d’obédience dans ce sens là et qui était peut-être au niveau de l’AEEMB, vous pouviez citer peut-être le frère Sayouba. Voilà. Donc c’est pour dire c’est juste un exemple pour dire en fait les gens ne sont pas venus du néant. Les Barra et autres étaient de l’AEEMB. Ils ne sont pas venus du néant. (...) Mais c’était des gens qui étaient convaincus qu’il fallait qu’on passe à une autre étape, qu’il fallait que pour présenter la meilleure image de l’islam, il fallait montrer que au-delà des dénominations, au-delà des différences normales qui peuvent exister, l’islam doit s’écrire avec un grand I. Et que nous devions montrer à la face des gens du Burkina d'alors que l’islam c’est une grande religion. Donc ces gens-là ont eu la sagesse et le courage vraiment de transcender leur appartenance originelle et de vouloir présenter quelque chose de potable à l’opinion. Alors, je le dit ça ne s’est pas passé comme sur des roulettes parce que eux-mêmes dans leur position originelle, ils n’ont pas été forcément compris parce qu’on voyait une autre association qui venait de naître, on voyait une autre communauté, on voyait (...). Donc les dirigeants des associations de cette époque, ils n'applaudissaient pas forcément. Mais au moins il faut reconnaître qu’ils ont eu la sagesse de ne pas s’opposer frontalement à cette nouvelle structure. Chacun avait ses petits calculs. Oui, chacun faisait ses petits calculs. Chacun se disait bon, la nouvelle structure là, je peux m’en emparer par la suite. Vous voyez? Donc ce n’est pas bon que je m’oppose frontalement, je ne dis rien, je vais voir. Donc dans un premier temps, les gens ont voulu observer quels vont être les premiers pas de la nouvelle structure. (...) C’était là la même attitude. (...) Donc il n’y a pas eu une hostilité ouverte. On a senti au départ que les gens nous prenaient comme des concurrents parce que ce que vous voulez ne s’est pas réalisé directement parce qu’au moins la structure a réussi tout comme l’AEEMB à se placer un peu déçu de la mêlée et à ne pas se laisser tirailler de part et d’autre. Donc déjà ça ça a créé (...)

[...] 2:07:43

Mais les gens nous ont toujours observé comme des concurrents potentiels. Je donne juste un exemple d’illustration. Parce que nous on a fonctionné ensemble AEEMB et CERFI, rapidement c’était les mêmes éléments. Lorsqu’on a voulu ouvrir la mosquée du vendredi de l’AEEMB. Donc nous très respectueusement, on s’est adressé à la communauté musulmane. On a écrit au président de la communauté musulmane pour demander l’autorisation d’ouvrir, encore qu’on n’avait même pas besoin de l'autorisation, mais notre philosophie était que nous ne sommes pas venus pour affronter qui que ce soit. Nous étions venus comme une école de l’islam pour donner la voie. Donc, il ne fallait même pas s’opposer à qui que ce soit. Donc nous étions respectueux de tout le monde. Donc nous avons écrit au président de la communauté musulmane pour demander l’autorisation. Bien sûr ça a été un refus, en ce temps c’était le président, c'était le feu, le regretté papa Toumani Triandé. Bon, nous on a prie la lettre on a posé. On s’est dit bon, la tradition veut que à partir de 12 personnes on puisse prier le vendredi. Sur cette base-là, nous on a dit bon, si on est au moins 12 là, on va prier notre vendredi. Et effectivement c’est comme ça qu’on a démarré. C'est juste un exemple pour dire que tout n’a pas été rose, mais nous avions notre stratégie. Et notre stratégie, ce qui a convaincu les autres, qu’en fait nous pouvions faire la différence c'est quoi, c’est que nous avions des activités. Je vous ai dit que les autres eux, ils n’avaient rien. Nous nous avions des activités et des activités médiatiques. Au début des années 90, pour vous rappeler également des prêches à la radio, à la télé et on avait même créé nos organes. Ça veut dire que nous avions très rapidement occupé le terrain et nous parlions de l’islam. Donc même si en dessous les gens se disaient que bon, (...) mais ils reconnaissaient qu’on faisait un travail qui profitait à toute la oumma. Donc on n’a pas eu à proprement parler d’opposition frontale, mais certainement qu’il y a eu des tentatives de récupération. Ça a existé. Je pense que le problème, on ne peut pas dire qu’il a complètement disparu. (...)

[...] 2:11:30

Au début, en terme d'orientation, il y avait une frange qui voulait qu’on fonctionne comme une O.N.G. pour récupérer l’argent des pays arabes soi-disant et cela allait nous permettre de faire des activités très très rapidement etc. Il y a une autre frange qui disait non, on ne va pas fonctionner comme une O.N.G., on va fonctionner comme une structure qui vraiment préserve les intérêts de l’islam. On va jouer sur notre autonomie, on ne va pas copier le mauvais exemple des parents, de nos papas en ce temps, qui ne comptaient que sur l'aide extérieure notamment des pays arabes, et vous savez comment cette aide entre griffes là était utilisée. Chacun construit sa médersa, chacun construit enfin. Vous savez comment c’était, ça créait des palabres. Donc l'autre frange disait non, on ne va plus rentrer dans ce schéma là. L’histoire d’O.N.G., c’est affaire d’argent et affaire d’argent, c’est des palabres. Donc si on rentre dans ça, on ne va pas s’en sortir. Donc finalement, c’est la deuxième aile là qui a eu le dessus au niveau interne. Si bien que cette aile là finalement, c’est elle qui est arrivée pratiquement aux affaires, à la constitution du CERFI. Je ne vais pas vous citez des noms parce que ce n’est pas la peine. Mais il faut retenir que c'est cette aile là qui a eu le dessus en interne à la mise en place du CERFI. C'est cette aile qui était représentée majoritairement dans le bureau du CERFI et toute la philosophie qu’a empruntée le CERFI par rapport à son indépendance, par rapport à son autonomie, par rapport à l’équilibre qu’il fallait avoir entre les différentes associations. Si cette aile là qui a imprimé le rythme. Mais il faut dire que ça n’a pas été facile. Mais au moins les autres, ils ont eu la sagesse de ne pas trop bouleverser. Ceux qui n’ont pas eu le dessus entre griffes parce que c’est l’islam quand même qui compte, ils ont eu la sagesse de se mettre en retrait. Ce qui fait que même si vous allez voir des gens qui étaient dans le premier bureau, qui après rapidement ont disparu parce qu’ils ont estimé que leur point de vue n’avait pas été pris en compte, mais ils ne se sont pas opposés frontalement. Ils se sont mis seulement en retrait pour voir les choses et je pense que ça aussi ça a aidé un peu la structure CERFI. Et très rapidement le CERFI a montré vraiment son désir d’indépendance non seulement vis-à-vis des communautés, vis-à-vis de l’administration et même vis-à-vis de l’extérieur. Je me rappelle que au début, le premier bureau, quelques mois après la mise en place, on a rencontré une délégation saoudienne. Une délégation de savants saoudiens en tout cas qui sont venus. Il y avait plein de docteurs par-ci, par-là. Ils sont venus et ils nous ont rencontré. Ils ont rencontré le bureau et quelques membres du bureau et eux, ils pensaient que c’était comme les anciennes associations. Ils viennent (...). Faire ceci, cela. Ils s’attendaient. Non, nous on a dit écoutez, c’est bien, ici on est entre frères, mais ici nous ce n’est pas vos contributions qui nous intéressent. Nous dans notre ligne en s’en tient à ça. Quand ils ont vu que vraiment ils n’avaient pas à faire au même groupe, ils nous ont quitté. Ils sont partis avec les autres et on a plus jamais entendus parler d'eux. Donc vraiment, il y a eu une lutte pour le maintien de la ligne, il y a eu une lutte pour le maintien de l’équilibre et parfois, je reconnais que ça n’a pas été facile.

La deuxième question ce sont les préoccupations prises pour éviter la division de la oumma. Vous savez que ce qui a prévalu entre autres à la création du CERFI, c’est l’unité d’action des musulmans. Ça fait partie de notre statut. Et depuis, nous avons travaillé à cette unité d’action. D’abord, en ne nous penchant pas par rapport à une communauté précise. Tout le monde peut venir au CERFI, tout le monde peut quitter le CERFI. Mais en tout cas, nous estimions que nous avions une position d’équilibre, tout ce qui parlait Islam avec grand I, nous on était prêts à l’écouter indépendamment des différences par-ci par-là. Donc, nous avons travaillé à ça. Nous avons eu la sagesse, je pense, parce qu’on dit qu’on n’est jamais prophète chez soi. Nous avons invité, du début des années 90 jusqu’au milieu des années 90, nous avons occupé la scène médiatique je vous le disais tantôt. Nous avons fait venir les gens de l’extérieur. Donc les gens ont profité comprendre que ce n’était pas seulement le CERFI. Tous ceux qui voulaient vraiment comprendre l’islam ont compris que ce que le CERFI disait c’était vraiment l’islam avec un grand I. Donc ça ça nous a beaucoup aidé. Maintenant, qu’est-ce qu’il faut comme précautions actuellement? Bon nous nous avons toujours travaillé à la mise en place de la FAIB. (...)

[...] 2:19:22

Ça été notre péché de départ. Si vous vous rappelez du contexte, vous voyez que les francophones, c’étaient des gens qui étaient dans l’administration publique et privé pour la plupart. Les arabophones, c’étaient les gens qui étaient généralement dans le commerce, on va dire comme ça dans le monde informel pour la plupart. Donc on avait également cet handicap là non seulement de connaissances, de vision, mais également de langue. Nous nous avions besoin d'eux. Nous savions que nous avions nous n’avions pas la connaissance islamique puisque bon, vous savez d'où on venait. Donc on avait objectivement besoin de ces gens-là. Nous leur avons fait appel à plusieurs reprises, même avant la création de la structure. Ils ont été de tout temps prudents. C’est-à-dire eux-mêmes ils se sont dits bon ces gens-là, on ne sait pas qui ils sont. Est-ce que c'est même des vrais musulmans? Même s’ils ont des noms ceci, même si leurs parents sont musulmans, nos frères arabophones nous ont jamais considéré sérieusement et réellement même comme étant des frères. Moi je le dis exactement comme je le pense parce que nous avons fait toutes les démarches avant même la création de la structure CERFI, des demandes ont été faites. Ils sont restés à l’écart. Après la création du CERFI, nous avons fait toutes les démarches pour que ils soient à nos côtés. Non. Ils ont préféré être toujours de l’autre côté de la barrière. Peut-être que ça faisait un peu leur affaire, mais en tout cas. De mon point de vue nous avons tout fait, mais de mon point de vue également, il y a eu de la résistance. Les quelques arabophones que nous avons réussis à débaucher, que vous les connaissez, il s’agit de l’imam Sakandé. Lui aussi c’était un arabophone venu d’Algérie. Vous savez l’Algérie, la France, le monde francophone. Donc, il parlait correctement et suffisamment français. Donc moi je peux même pas dire que lui c’est un arabophone. Lui à la limite même c’est un francophone. En tout cas, il avait l’esprit et la formation francophone ou francophile. Donc lui on a réussi d’abord en lui demandant de venir, dans un premier temps, de traduire nos conférences notamment lorsqu’on invitait le docteur Doukouré. Docteur Doukouré n’avait confiance qu'en lui pour traduire ses conférences. Donc c’est comme ça qu’on a tenté, qu’on a réussi à coopter le frère Sakandé jusqu’à ce qu’il ait fait parti même de mon bureau quand j’étais le président, il était responsable aux activités culturelles et autres tout ça. Mais vous avez vu la fin également. Bon, nous avions entre-temps le frère Mahmoud Compaoré, mon propre parent à moi. Lui aussi il était un francophone, mais il était un arabophone, mais un arabisant, mais d’esprit francophone quoi qu’on dise parce que quand même c’était un cadre supérieur du ministère des affaires étrangères. Ce n’est quand même pas rien. Donc en fait, il était un arabisant, mais il n’était pas, il était un peu avec nous à la limite. On a cheminé ensemble jusqu’à ce qu’il quitte pour aller à l’OCI. Il faisait même partie de nos imams. Finalement, le dernier arabophone que nous on a tenté de coopter, c’est le frère, il est maintenant aux États-Unis. Le frère Tiemtoré. Lui aussi c’est vrai c’est un arabophone, un arabisant, mais de par nos fréquentations, bon finalement, on avait les mêmes visions, etc. Il animait même notre mosquée au niveau du secteur 16. Les seuls arabophones qui nous restent, c'est nos imams, l’imam Nebié que vous connaissez. Il était là. Voilà, il y a l'imam Nebié qui chemine avec nous depuis le début du CERFI, depuis les années 91. Et les autres imams que vous connaissez, l’imam Zampaligré. Vraiment ce sont les rares arabophones qui sont restés. Moi j’ai donné ma version à moi, peut-être que eux aussi vont donner leur version ça va être autre chose, mais voilà voilà ce que moi j’en pense.

[...] 2:24:00
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