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Être arabisant en Afrique francophone : regards croisés sur des élites burkinabè et ivoiriennes formées en pays arabo-musulmans
Issus du milieu des écoles coraniques traditionnelles à l'époque coloniale, la catégorie des « arabisants » s'est progressivement affirmée en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso autour de nouvelles institutions d'enseignement, les médersas, inspirées du mouvement de réforme religieuse des pays arabes. Les diplômés de cet enseignement, en lien avec les universités du monde arabo-islamique, ont œuvré à transformer l'islam à l'image de leurs apprentissages, souvent inspirés des principes wahhabites en vigueur en Arabie Saoudite. Ils ont plus largement voulu transformer leurs sociétés d'origine en conformité avec leurs principes religieux et leurs aspirations professionnelles souvent bloquées. Cette catégorie a connu une évolution différenciée dans les deux pays, suivant les contextes sociaux en partie différents et les politiques dissemblables adoptées par les deux pays après leurs indépendances. Enfin, les différentes générations d'arabisants ont dû s'adapter à des sociétés en rapide transformation entre la fin de l'époque coloniale et l'établissement des régimes postcoloniaux.
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Faith and Charity: Religion and Humanitarian Assistance in West Africa
Since the 1990s, most African economies and public spheres have been liberalised, and new civil society actors have emerged. As mapped out by Marie Nathalie LeBlanc and Louis Audet Gosselin, in West Africa Christian and Muslim organisations have come to dominate the field of humanitarian assistance.
Moving beyond mainstream development theory, Faith and Charity brings out the crucial role of religion in the development process and the interplay of moral and political ideologies. From faith-based NGOs to individual local activists, the authors explore how each group makes sense of, and contributes to, the wider process of social development in the neoliberal era.
Based on extensive research and deploying a sophisticated and original frame of analysis, Faith and Charity will make an important contribution to the existing literature on development anthropology and the anthropology of religion in Africa.
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Islam et sociétés en Afrique subsaharienne à l'épreuve de l'histoire : un parcours en compagnie de Jean-Louis Triaud
Durant sa longue carrière, Jean-Louis Triaud a creusé plusieurs sillons centrés sur la connaissance des sociétés musulmanes en Afrique de l'Ouest et au-delà. Cet ouvrage reflète les domaines couverts et développés dans ce cadre universitaire : modalités d'expansion de l'islam, manifestations culturelles et religieuses, personnalités marquantes... Ils forment le coeur de ce livre publié en sa compagnie. La continuité des thèmes qui ont alimenté cette réflexion a donné la possibilité à plusieurs de ses collègues, élèves et amis de réunir leurs contributions pour souligner le sens que la progression dans ces thématiques a eu pour leur parcours intellectuel respectif. Collabirent particulièrement à cet ouvrage plusieurs enseignants-chercheurs d'universités africaines qui ont maintenu fidèlement le lien avec leur directeur de recherche.
A travers les études des "lieux", des "objets" (tels le livre, la langue, la lettre) et des "figures" de l'islam, les auteurs offrent de nouvelles interprétations des espaces musulmans dans le Sahara et dans le Sahel, traversés par les flux migratoires, par de nouvelles idées, parfois par des pulsions jihadistes. Des phénomènes gels que la "réislamisation" et la "laïcité", mais aussi les combats de différents acteurs musulmans pour leur statut et leurs idéaux se trouvent au centre de l'ouvrage. Ce livre apporte des regards nouveaux sur l'histoire des "confréries" et de leurs "réseaux", sur les rapports entre les pouvoirs et les institutions islamiques.
Le trait commun de toutes les contributions, qui portent principalement sur l'Afrique occidentale mais aussi orientale et septentrionale, est leur regard d'historien marqué par une réflexion sur le sens et la portée de ce métier.
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Islam, traditions orales & civilisations africaines : actes du colloque international en hommage au Professeur Sékou Bamba
Le présent ouvrage est le résultat du colloque international organise les 25, 26 et 27 septembre 2018 en hommage au professeur Sékou Bamba à l'occasion de son départ à la retraite. Directeur de recherches (CAMES), cet éminent historien ivoirien a consacré quatre décennies de sa vie à l'étude des civilisations africaines notamment l'histoire du Bas Bandaman précolonial en valorisant les traditions orales comme des sources pour l'exhumation du passe des sociétés africaines.
L'ouvrage revisite et réexamine plusieurs questions liées à l'islam africain du moyen âge à l'époque contemporaine.
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Jeunes musulmans et citoyenneté culturelle : retour sur des expériences de recherche en Afrique de l'Ouest francophone
La question des jeunes est un élément essentiel pour comprendre les dynamiques de l'espace public et les pratiques citoyennes qui émergent dans l'Afrique d'aujourd'hui. Leur importance tient non seulement à leur poids démographique imposant, mais aussi à leur transformation, souvent dramatique, en tant qu'acteurs sociaux dans l'espace public africain au cours des années 1990. Cette transformation encourage la création de nouvelles formes de légitimité et de nouveaux espaces d'expression individuelle ou collective, et correspond à une mutation radicale de l'idée de citoyenneté, qui fait appel à de nouvelles ressources et qui remodèle les dynamiques nationales d'inclusion et d'exclusion. Ainsi, la constitution de nouveaux espaces d'expression encourage une conception moins restrictive de la participation citoyenne dans la mesure où les jeunes veulent faire entendre leur opinion et participer ouvertement aux divers débats de société. En lien avec les concepts de « citoyenneté culturelle » et de « contre-nation », nous nous proposons dans cet article d'examiner le rôle des jeunes dans le contexte de réaffirmation de l'identité islamique qui a marqué l'Afrique de l'Ouest francophone à partir des années 1980 et plus encore dans les années 1990, particulièrement dans les grands centres urbains du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire. Nous nous penchons plus spécifiquement sur la question du rapport entre jeunes (comme catégorie sociale), religion et espace public.
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L'Afrique des laïcités : État, religion et pouvoirs au sud du Sahara
L'Afrique des laïcités, c'est d'abord quatorze pays qui célèbrent un demi-siècle d'indépendance, non sans avoir inscrit au préalable la laïcité de l'occupation coloniale française dans leur constitution. Quatorze pays qui sont en proie à un scepticisme croissant à l'égard d'une action publique incapable d'endiguer les processus de paupérisation, tandis que les acteurs religieux interviennent de plus en plus massivement au sein des économies morales et politiques nationales. Trente chercheurs africains et européens analysent les tensions et les accommodements entres les différents acteurs de ces économies, examinant les modalités suivant lesquelles se décline et se dit la laïcité au sein des différents contextes nationaux. Ils passent en revue les formations étatiques précoloniales qui ont pu opérer une séparation entre l'État et les cultes, avant d'aborder l'exercice d'une gouvernance coloniale fort peu laïque, puis les pouvoirs autoritaires africains qui se sont en partie déchargés sur les instances religieuses pour « développer » ou acculturer leur société. Ils pointent enfin la façon dont les différends qui s'articulent autour des débats actuels sur la laïcité croisent ou accentuent d'autres tensions sociales touchant notamment aux questions identitaires et de genre et, plus généralement, aux exigences de démocratisation et des modernités africaines. Ouvrage de référence, l'Afrique des laïcités. État, religion et pouvoirs au sud du Sahara traduit l'amorce d'une nouvelle époque, celle d'une indépendance vécue cette fois-ci de l'intérieur, où les peuples africains et leurs élites sociales forcent désormais les pouvoirs publics à penser et mettre en place leur propre « laïcité », y compris dans des contextes parfois tendus ou dramatiques.
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L'islam ivoirien et burkinabé à l'ère du numérique 2.0
À partir des cas ivoirien et burkinabé, cet article propose d'explorer les contenus de l'islam à l'ère du web et des réseaux sociaux, d'en présenter les conséquences sur l'identité, l'appartenance à la communauté, l'autorité spirituelle et la diffusion du message religieux ainsi que sur les nouvelles formes de religiosité qui sont apparues. Dans un contexte régional marqué par une vague d'attentats terroristes, cette recherche interroge les liens entre ce médium et la radicalisation de certains acteurs musulmans.
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L'islam politique au sud du Sahara : identités, discours et enjeux
Constitués en dehors ou au sein des confréries musulmanes reconnues, des courants islamiques spécifiques revendiquent une place centrale du sacré dans la sphère du social, de l'économique et du politique. Ces courants sont identifiés dans cet ouvrage par l'expression d'islam politique. Ils ont toujours joué un rôle significatif, surtout parmi les jeunes et les femmes. Bien que minoritaire, l'islam politique marque de plus en plus profondément les sociétés subsahariennes et la politique des Etats. Sur la longue durée, cet ouvrage se propose de donner plusieurs éclairages de cette tendance de l'islam, à travers l'étude de différents pays.
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L'islam, nouvel espace public en Afrique
En dépit de sa présence déterminante sur la longue durée, l'islam en Afrique a encore du mal à se départir d'une image de " religion importée " et " bricolée " face à un monde musulman arabophone. Si cette présence au sud du Sahara n'a nullement été linéaire et s'inscrit au contraire dans des effets de replis et de reprises successifs, le puissant mouvement de réislamisation, qui s'amorce à la fin du XVIIIe siècle pour s'accélérer dans les dernières décennies du XXe siècle, ne permet plus de faire l'économie de la dynamique sociale et politique du religieux pour comprendre l'Afrique actuelle et, singulièrement, de la place qu'y occupe l'islam. Au fil d'un parcours à travers cinq pays de l'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger et le Sénégal, cet ouvrage souligne combien l'Afrique musulmane est inscrite dans la modernité et participe de ce que l'on peut appeler la globalisation islamique. Mais plus encore qu'une active présence au monde, l'Afrique d'aujourd'hui donne à voir des pratiques politiques et sociales originales qui puisent massivement dans la ressource religieuse, cherchant ainsi à pallier la faillite morale, politique et économique des États. Décrivant et analysant les configurations des expériences démocratiques en cours, le phénomène d'assimilation réciproque des sphères politique et religieuse, et le degré d'organisation des acteurs islamiques au sein des sociétés civiles, cet ouvrage pose en final la question de l'émergence d'un nouveau type de rapports entre l'État et la société, que l'on peut qualifier d'" espace public religieux ".
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La Collection Islam Burkina Faso : promesses et défis des humanités numériques
Cet article propose une réflexion sur les possibilités inédites qu'offre le numérique pour développer de nouvelles méthodes de recherche et de diffusion de données sur l'histoire de l'islam en Afrique de l'Ouest, ainsi que quelques considérations méthodologiques, technologiques et éthiques soulevées par de telles initiatives. Au centre de ces considérations se trouve la Collection Islam Burkina Faso. Ce projet de base de données numérique en libre accès, que j'ai lancé en 2021 et qui est hébergée par les bibliothèques George A. Smathers de l'Université de Floride (UF), contient actuellement plus de 2 500 documents d'archives, articles de la presse généraliste, publications islamiques sous diverses formes et photographies, en plus de 200 références bibliographiques liées à l'islam et aux musulmans du Burkina Faso (https://islam.domains.uflib.ufl.edu/s/bf-fr). Le texte propose également un bref état des lieux des humanités numériques dans le champ des études africanistes et plus spécifiquement sur l'islam.
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La médiatisation des prêches et ses enjeux : regards croisés sur la situation à Abidjan et à Ouagadougou
Cet article propose, dans un contexte de nouvelle visibilité de l'islam depuis les années 1990, d'examiner certains types de stratégies identitaires à travers les usages sociaux que des prêcheurs musulmans font de la radio. Il est démontré que, d'une part, ces prêcheurs revendiquent plus clairement leur place dans l'espace public tout en optant pour des positions conciliantes vis-à-vis du pouvoir et que d'autre part, la diffusion sur les ondes des prêches conduit à un certain contrôle de la parole donnée. Par ailleurs, cette médiatisation permet de constater que les prêcheurs acquièrent une certaine légitimité au sein de la communauté musulmane et a un double effet : la reconfiguration des contours de cette dernière avec l'arrivée de nouveaux acteurs religieux sur le devant de la scène et la mise en concurrence entre certaines tendances. Enfin, à la faveur de la médiatisation des prêches, il apparaît qu'émergent à la fois des stratégies hybrides à la jonction de l'individualisation du sentiment religieux et du sentiment d'appartenance à une communauté religieuse. Cette hybridité est d'autant plus prononcée dans les deux villes ciblées que la dynamique islamique est relativement récente et que les musulmans ont vécu depuis plusieurs décennies des situations de marginalisation (dans les deux pays) voire des situations de stigmatisation (dans le cas ivoirien).
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La Tijâniyya : une confrérie musulmane à la conquête de l'Afrique
Confrérie souvent controversée, la Tijâniyya a été fondée en l'année 1195 de l'Hégire (1781-1782 de notre ère), à la suite d'une vision du Prophète, dans l'oasis algérienne d'Abû Samghun, par le savant et mystique Ahmad al-Tijânî (1737-1815).
Depuis cette date, la Tijâniyya s'est imposée comme la grande confrérie africaine des XIXe et XXe siècles. Au sud du Sahara, son nom est associé au jihâd d'al-Hajj Umar al-Fûti (m. 1864). Pendant la période coloniale, c'est la confrérie qui a connu, en Afrique de l'Ouest, les plus grands développements. C'est aussi celle qui suscite les passions les plus vives, de la part de tendances soufies rivales ou de mouvements anti-confrériques. La Tijâniyya apparaît comme une voie exceptionnelle.
Elle offre la chaîne de transmission la plus courte possible entre son fondateur et le Prophète. Parce que cette transmission est dite avoir eu lieu " à l'état de veille ", elle fait de Ahmad al-Tijâni l'interlocuteur privilégié du Prophète en personne et de la Tijâniyya une voie ordonnée par le Prophète lui-même. Dans cette même logique, Ahmad al-Tijânî se présente comme khatin al-awliyâ'. Sceau des saints, analogie évidente avec le statut du Prophète Muhammad, Sceau des Prophètes.
D'autre part, les promesses formelles de salut faites aux adeptes et à leurs proches, la protection contre les risques du Jugement Dernier, l'assurance d'une " place réservée " auprès du Tout-Puissant offrent une sécurité absolue au pratiquant fidèle. Sur le " marché confrérique " des biens de salut, la Tijâniyya s'impose donc par cette " surenchère " dans l'accumulation des signes et des moyens. L'histoire de la Tijâniyya est marquée, dans ses segmentations principales, par une longue fréquentation avec la puissance coloniale française.
Mais, alors qu'en Algérie, cette convergence d'intérêts avec la puissance coloniale se traduit par une désaffection progressive des fidèles et un affaissement de la puissance confrérique, en Afrique occidentale, le compromis avec les Français favorise l'essor des réseaux tijânî et fait de cette confrérie l'une des grandes bénéficiaires de la période coloniale. Cet ouvrage n'a pas le caractère d'une Histoire générale de la confrérie, et il ne prétend pas davantage à l'exhaustivité.
Il s'agit de reconnaître à travers l'écheveau d'un certain nombre de situations les principales lignes de force d'une aventure historico-rnystique qui a marqué le monde africain de l'islam et fait de la Tijâniyya une confrérie pas tout à fait comme les autres.
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Les échanges entre le Mali, le Burkina Faso et le nord de la Côte d'Ivoire : l'économie marchande à l'état pratique
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Les pays côtiers d'Afrique de l'Ouest : nouvelle terre d'expansion des groupes djihadistes sahéliens ?
La situation sécuritaire dans le Sahel central est à ce point dégradée que la menace djihadiste déborde désormais sur la partie nord des pays côtiers d'Afrique de l'Ouest. Les régions de l'Est et des Cascades au Burkina Faso ou celles de Sikasso et de Kayes au Mali constituent des bases arrière permettant aux groupes djihadistes – et principalement à la Jama'at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) pour l'instant – de s'étendre au Bénin, en Côte d'Ivoire, et dans une moindre mesure au Togo, au Ghana, au Sénégal et en Guinée. Cette excroissance territoriale djihadiste va progressivement donner naissance à des foyers djihadistes de plus en plus endogènes dans ces États, composés de recrues locales et qui se nourrissent des fragilités propres aux territoires où ils se développent : tensions d'accès aux ressources, stigmatisation communautaire potentiellement exacerbée par des groupes d'autodéfense, existence de réseaux criminels prompts à se « djihadiser ». La propagation de l'idéologie djihadiste depuis le Sahel central au-delà des frontières sud constitue le moteur permettant d'exploiter et de transformer les frustrations et les injustices qui découlent de ces situations de fragilité. Comme au Sahel central où les autorités ont pris trop tardivement conscience de cette réalité. Pour les pays côtiers d'Afrique de l'Ouest, où la menace reste encore contenue en intensité et limitée géographiquement, il est encore temps de prévenir une dégradation de la situation sécuritaire. Pour cela, les autorités de ces États doivent aligner des réponses civiles et militaires qui soient adaptées à la nature de la menace et qui réduisent de façon radicale l'ampleur de ces fragilités.
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North of the countries of the Gulf of Guinea: The new frontier for jihadist groups?
It can be observed that jihadist groups in West Africa are increasingly expanding their areas of activity from the Sahel to the coastal countries along the Gulf of Guinea for some time now. Especially from Burkina Faso, where entire regions are already outside state control, these actors are advancing further and further south.
This current development is the focus of the new study "La nouvelle frontière des groupes djihadistes", which the KAS Regional Programme Political Dialogue West Africa (PDWA) has implemented together with partner Promédiation. One of the study's key topics is the importance of national parks in border regions, which are increasingly used by jihadist groups as strategic retreat and activity areas and whose local resources are used for financing.
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Reflections on the Socio-political Roles of Islamic NGOs in West Africa: Senegal, Côte d'Ivoire and Burkina Faso
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Religiosité musulmane en temps de Covid-19 au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire : un dialogue entre normes sanitaires et pratiques religieuses
La pandémie de Covid-19 a entraîné la mise en place de mesures exceptionnelles qui ont fortement transformé les pratiques religieuses à la fin du premier trimestre de 2020. Ces transformations, qui ont inclus la fermeture des lieux de culte puis l'adoption de mesures barrières sévères (distanciation physique et limitation du nombre de personnes dans les lieux publics), ont conduit à l'adoption de pratiques créatives de la part des autorités religieuses musulmanes au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire. Cependant, ces pratiques ont été diversement reçues, les organisations regroupant les musulmans fonctionnaires et de l'élite politique et administrative adhérant plus strictement aux règles qui étaient fortement contestées par les musulmans de milieu commerçant ou populaire, en particulier les jeunes.
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Résistances africaines aux stratégies musulmanes de la France en Afrique occidentale (région soudano-voltaïque)
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Rivalités et collaborations entre ainés et cadets sociaux dans les milieux associatifs islamiques en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso (1970-2017)
À première vue, les récentes actions terroristes en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso ont laissé croire à une radicalisation de l'islam dans ces deux pays. Cependant, la grande attention médiatique portée sur ces craintes et les nombreuses analyses qui ont été publiées sur les risques d'une montée de l'extrémisme, bien qu'elles soient importantes, éclipsent d'autres dynamiques récentes et plus anciennes caractérisant l'islam ivoirien et burkinabè. Il s'agit de présenter un portrait plus nuancé et dans la longue durée des réalités caractérisant ces communautés musulmanes, qui sont moins couvertes, mais plus prégnantes telles que la participation des musulmans issus de catégories sociales d'ordinaire marginalisées, principalement les jeunes et les femmes, dans les mutations de l'islam à travers leur engagement militant.
À travers une étude comparative des cas ivoirien et burkinabè, cette thèse entend donc emprunter une avenue encore peu exploitée en proposant une recherche sur des cadets sociaux, appartenant à des modèles culturels différentiés (francophone/arabophone, islam fondamentaliste/réformiste, etc.). Nous verrons de quelles manières ces acteurs, depuis les années 1970, sont parvenus à renégocier les rapports de pouvoir et les modalités hiérarchiques, voire à les bousculer, pour revendiquer une place plus importante dans le champ religieux et la sphère publique au point de reconfigurer progressivement des associations islamiques nationales. Trois grandes hypothèses sont défendues.
D'abord, la première hypothèse pose que jusqu'à la fin des années 1980, les cadets restèrent grandement en retrait des principales associations islamiques, qui étaient dominées par des ainés sociaux tant en Côte d'Ivoire qu'au Burkina Faso, sans que cela soit à l'origine de véritables tensions ouvertes ou de conflits intergénérationnels. Au cours de cette période, la prépondérance des rivalités sur la base de la « politique du ventre » entre dirigeants d'organisations islamiques des deux pays consolida la position des ainés, qui maitrisaient les procédures administratives de l'État tout en pouvant mettre de l'avant des stratégies d'extraversion. Dans ce contexte, l'émergence d'une nouvelle cohorte de jeunes arabisants ivoirien et burkinabè ne permit pas un renouvèlement des leaders associatifs malgré l'important capital religieux dont ils disposaient.
Une deuxième hypothèse défend l'idée que des jeunes et des femmes jouèrent un rôle plus significatif au sein de l'islam associatif ivoirien et burkinabè à partir des années 1990 et 2000, à la faveur de négociations, de compromis et de coopération entre ainés et cadets dans le cadre d'un processus sinueux marqué par des avancées – beaucoup plus importantes en Côte d'Ivoire – et des reculs selon les structures associatives. Dans les deux pays, les cadets des organisations de musulmans francophones bénéficièrent d'un cadre particulièrement favorable pour exprimer leur agencéité. À partir des années 2000, les changements survenus dans les mouvements salafistes des deux pays et la grande place faite aux jeunes et aux femmes dans des radios islamiques, surtout en Côte d'Ivoire, illustrèrent bien le fait que les ainés furent aussi amenés à revoir les responsabilités dévolues aux cadets dans la da‘wa. Cependant, les relations entre les ainés et les cadets au sein des structures reconnues comme étant les principales interlocutrices des musulmans auprès de l'État furent particulièrement évocatrices du caractère encore grandement gérontocratique de l'islam au Burkina Faso contrairement à la Côte d'Ivoire.
Enfin, la dernière hypothèse postule que la maitrise du langage de l'État et le savoir religieux ne sont plus suffisants pour s'affirmer dans le champ de plus en plus concurrentiel des associations musulmanes et revendiquer la légitimité de pouvoir s'exprimer au nom de la « communauté ». Si le savoir religieux demeure important, la légitimité et l'autorité des responsables d'organisations islamiques découlent de plus en plus de la capacité à véhiculer un « islam civil » et à s'engager sur le plan du développement socioéconomique. Ce phénomène, qui eut pour conséquence de favoriser entre autres la montée de jeunes scolarisés dans le système éducatif francophone, se manifesta beaucoup plus rapidement en Côte d'Ivoire qu'au Burkina Faso.
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Une association confessionnelle pour s'insérer : migration pour études, islam et solidarité à Ouagadougou
La présente contribution porte sur Islam Solidaire, une association d'étudiants musulmans fondée par des descendants de migrants burkinabè en Côte d'Ivoire, venus à Ouagadougou pour étudier et désormais installés dans cette ville. Créée à partir de deux référents identitaires communs à ses fondateurs, l'expérience migratoire en Côte d'Ivoire et l'islam, cette structure s'inscrit dans le dynamisme des associations estudiantines du début des années 2000 et dans la pluralité religieuse burkinabè. L'article propose d'analyser les problématiques rencontrées par ces étudiants souvent appelés « diaspos » et la façon dont ils trouvent leur place dans le contexte actuel de la société burkinabè en mettant au premier plan l'islam comme une ressource dans leurs trajectoires marquées par des mobilités sociales et géographiques.
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Young Men and Islam in the 1990s: Rethinking an Intergenerational Perspective
Interest in the question of youth and Islam in West Africa stems from the overwhelming demographic weight of youth and their relatively recent incursion into the public domain, as well a wave of Islamic revivalism that has swept across Africa from the late 1970s on. In this paper, we propose to examine the sociopolitical role of young men in Islamic revivalist movements that occurred in urban centers in Côte d'Ivoire, Burkina Faso and Senegal in the 1980-1990s. Such movements were particularly popular among secularly educated young men who attended French-speaking schools. While the role of young men in revivalist movements suggests new configurations of authority and charisma, their religious agency remains closely embedded within relationships that extend across generations. Here, we examine instances of conflicts between generations and pay attention to sites of negotiation, such as mosques and voluntary associations.