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Enseignement confessionnel musulman et laïcité au Burkina Faso
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Entre activisme post-colonialiste et réveil du religieux : le campus universitaire de Ouagadougou
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Espaces, identité religieuse et représentations mentales : le cas des Jula du Kong-Kènè
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Établissements d'enseignement et de santé confessionnels, espace public et agency à Ouagadougou (1987-2010)
En réponse à la forte urbanisation et l'accroissement démographique de Ouagadougou, l'Église catholique et les associations islamiques diversifient leurs actions déjà importantes en santé et en éducation à la fin des années 1980. Cette implication sociale est au cœur d'enjeux humanitaire, prosélyte, socio-économique et politique et influence la position de ces acteurs dans l'espace public. Cet article propose de contribuer à la réflexion sur les relations entre les acteurs religieux et l'État au Burkina Faso avec comme objet d'analyse les secteurs de l'enseignement secondaire et de la santé à Ouagadougou. Il sera démontré que les actions des acteurs (musulmans et catholiques) ont fait évoluer différemment leur légitimité dans l'espace public de 1987 à 2010. Les acteurs catholiques ont exercé une plus grande influence sur les décisions de l'État que les musulmans. Suivant les enjeux et le contexte politique, la capacité d'agency (capacité d'agir) des acteurs des deux confessions s'est modifiée.
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État et minorités religieuses : les représentations des catholiques au Burkina Faso et au Sénégal
Les rapports entre État et minorités religieuses constituent un grand enjeu dans le monde d'aujourd'hui qui est traversé par des crises politiques et sociales dont le soubassement est confessionnel. Beaucoup d'auteurs se sont intéressés à cette problématique mais, paradoxalement, peu se sont vraiment concentrés leur analyse sur les minorités, leur ressenti et les perceptions de leur situation. La présente thèse se propose d'étudier les représentations des minorités catholiques dans deux pays d'Afrique de l'Ouest: le Burkina Faso et le Sénégal. Ces deux pays sont également situés au Sahel qui connaît des bouleversements politiques en raison de la résurgence de l'islam politique, ce qui légitime d'autant plus une étude sur les minorités religieuses de cette région. En outre, les communautés catholiques au Burkina Faso et au Sénégal sont peu étudiées en science politique. Cette thèse révèle des représentations centrales pour chacun de deux pays. Au Burkina Faso, les catholiques se représentent l'État comme un ensemble d'institutions qu'ils dominent tandis qu'au Sénégal, les catholiques se représentent l'État comme un ensemble d'institutions qui sont dominées par les musulmans et desquelles ils sont marginalisés. La présente étude montre aussi des représentations périphériques relativement convergentes. Dans les deux pays, dans leurs interactions avec l'État, les membres de ces communautés catholiques se représentent celui-ci comme une entité qui les traite généralement comme des citoyens de plein droit. Ainsi, en mettant l'accent sur les minorités religieuses et leurs représentations de l'État, la thèse apporte une grande contribution à la littérature existante. Elle représente dès lors une première étape fructueuse pour une cartographie plus complète des relations entre État et minorités religieuses au Sahel.
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Être arabisant en Afrique francophone : regards croisés sur des élites burkinabè et ivoiriennes formées en pays arabo-musulmans
Issus du milieu des écoles coraniques traditionnelles à l'époque coloniale, la catégorie des « arabisants » s'est progressivement affirmée en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso autour de nouvelles institutions d'enseignement, les médersas, inspirées du mouvement de réforme religieuse des pays arabes. Les diplômés de cet enseignement, en lien avec les universités du monde arabo-islamique, ont œuvré à transformer l'islam à l'image de leurs apprentissages, souvent inspirés des principes wahhabites en vigueur en Arabie Saoudite. Ils ont plus largement voulu transformer leurs sociétés d'origine en conformité avec leurs principes religieux et leurs aspirations professionnelles souvent bloquées. Cette catégorie a connu une évolution différenciée dans les deux pays, suivant les contextes sociaux en partie différents et les politiques dissemblables adoptées par les deux pays après leurs indépendances. Enfin, les différentes générations d'arabisants ont dû s'adapter à des sociétés en rapide transformation entre la fin de l'époque coloniale et l'établissement des régimes postcoloniaux.
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Étudiants arabophones de retour à Ouagadougou cherchent désespérément reconnaissance
Les diplômés de l'enseignement arabe modernisé, formés dans les universités du monde arabo-islamique, peinent à retrouver place dans la société burkinabè. A partir d'enquêtes réalisées auprès d'étudiants rentrés à Ouagadougou après plusieurs années passées dans les universités islamiques (d'Égypte, d'Algérie, d'Arabie Saoudite et de Libye), il s'agit d'appréhender leurs carrières professionnelles au prisme de leurs cursus universitaires, tenant compte des contextes historique et politique dans lesquelles elles se sont déployées mais aussi des motivations existentielles de ces diplômés. L'injonction parentale et l'attribution d'une bourse ont le plus souvent déterminé le choix du lieu des études et les disciplines étudiées, conditionnant en partie leur trajectoire professionnelle. Pour la majorité, l'apprentissage a été long et chaotique et, une fois de retour au pays, les débouchés rarement en adéquation avec la formation reçue. Leur réinsertion dans la société burkinabè est problématique. Ils ne maîtrisent pas toujours très bien le français, langue officielle et sont bien souvent exclus du marché du travail. Ils ne sont pas parvenus à faire pression sur leur gouvernement pour la reconnaissance de leurs diplômes. Ils souffrent d'un déni de reconnaissance qui n'a pas pris la forme d'une contestation ouverte.
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Évolution de la société Marka au contact de l'islam des origines à 1915 : le cas de Safané
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Faith and Charity: Religion and Humanitarian Assistance in West Africa Since the 1990s, most African economies and public spheres have been liberalised, and new civil society actors have emerged. As mapped out by Marie Nathalie LeBlanc and Louis Audet Gosselin, in West Africa Christian and Muslim organisations have come to dominate the field of humanitarian assistance.
Moving beyond mainstream development theory, Faith and Charity brings out the crucial role of religion in the development process and the interplay of moral and political ideologies. From faith-based NGOs to individual local activists, the authors explore how each group makes sense of, and contributes to, the wider process of social development in the neoliberal era.
Based on extensive research and deploying a sophisticated and original frame of analysis, Faith and Charity will make an important contribution to the existing literature on development anthropology and the anthropology of religion in Africa.
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Francophone Muslim intellectuals, Islamic associational life and religious authority in Burkina Faso The attention paid to the security threats hanging over Burkina Faso, while legitimate, has overshadowed the underlying transformations in Islamic associational life since the fall of President Blaise Compaoré in October 2014. This major political upheaval had a significant impact on the participation of Muslims in socio-political debates, the relations between generations and, more widely, the bases upon which religious authority is claimed. This article analyses the competition for religious leadership between Islamic actors in the public sphere in Burkina Faso by focusing mainly on francophone ‘Muslim intellectuals'. First, the study shows the gap between the gerontocracy at the helm of the main Islamic associations and the Burkinabe youth, which widened throughout the 1990s and 2000s and came strongly to the fore after the popular uprising of October 2014. Second, taking advantage of the space left vacant by traditional community leaders during the transition process, some young francophone ‘Muslim intellectuals' actively sought to portray themselves as the vehicles of a ‘civil Islam' and strove to promote new forms of civic engagement through religion. Other Muslim organizations have also tried to take advantage of the new political context to strengthen their presence in the socio-political arena.
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Frédérick Madore, La construction d'une sphère publique musulmane en Afrique de l'Ouest
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Fresh contact dans la jeunesse religieuse autour du cinquantenaire de l'indépendance du Burkina Faso (2010)
Cette thèse part de l'articulation entre jeunesse et religion pour étudier les réactions des jeunes membres d'associations catholiques, évangéliques et musulmans de Ouagadougou par rapport au cinquantenaire de l'indépendance du Burkina Faso en 2010. Cet événement constitue un site privilégié d'observation du processus de fresh contact, par lequel les nouvelles générations relisent le bagage culturel de leur société à l'aune des enjeux contemporains, chez des jeunes impliqués dans des mouvements religieux, qui sont amenés à transposer leurs réflexions et aspirations dans la société burkinabè plus large. Dans un contexte historique marqué par la profonde rupture causée par la révolution sankariste (1983-1987) et caractérisé depuis 1987 par un ordre politique semi autoritaire au sein duquel s'impose le modèle néolibéral, la prise en compte du détail des parcours de vie à laquelle nous invite la notion de fresh contact s'avère indispensable pour comprendre l'importance du facteur générationnel sur les attitudes face à un événement de l'ordre du cinquantenaire de l'indépendance. Cette question générationnelle s'affirme dans trois axes. En premier lieu, elle s'incarne dans des réflexions mémorielles, qui font émerger une tension entre attitudes nostalgiques et anti nostalgiques. D'une part, certains jeunes, en particulier ceux ayant connu la révolution étant enfants, témoignent d'une forte nostalgie pour cette période et s'approprient une mémoire révolutionnaire dans une logique d'opposition au pouvoir actuel. D'autre part, une forte tendance anti nostalgique se fait voir chez une large part de la jeunesse religieuse, en particulier chez les plus jeunes n'ayant pas connu la révolution, et qui dans l'ensemble se sont détournés du cinquantenaire dans une attitude de rejet du passé, en lien étroit avec certaines positions théologiques de rupture radicale avec l'héritage culturel local. Le cinquantenaire de l'indépendance ouvre également sur la question de l'appartenance nationale des jeunes. Cette identité nationale est globalement forte au Burkina Faso, mais est appropriée de différentes façons par les jeunes membres des associations religieuses. Plusieurs jeunes militants religieux intègrent les symboles et principes nationaux, largement diffusés et popularisés par la révolution, au sein des activités religieuses, créant les contours d'un patriotisme religieux, principalement dans certaines associations islamiques et catholiques. Par contre, ces initiatives se heurtent à la popularité de tendances religieuses fermement implantées dans une citoyenneté culturelle globalisante, tournant le dos aux symboles nationaux et prônant une appartenance confessionnelle primordiale. Troisièmement, ces réflexions sur le cinquantenaire soulèvent la question de la moralisation de la société. Cette idée de moralisation est partie intégrante du mouvement de renouveau religieux qui mobilise ces jeunes. Elle est également fortement présente dans le débat public burkinabè, notamment à cause de son association étroite avec le projet sankariste, qui se posait en grande partie comme un renouveau moral du pays. Enfin, elle refait surface depuis quelques années sous la forme des politiques de bonne gouvernance. Dans les associations religieuses de jeunes autour du cinquantenaire de l'indépendance, la moralisation a émergé au sein de deux cadres opposés. Le premier, inspiré par la mémoire sankariste, se réclamait d'une lecture idéalisée des économies morales populaires, selon laquelle le capitalisme aurait perverti l'éthique redistributive traditionnelle. Le second, inscrit dans les discours néolibéraux, prônait au contraire des économies spirituelles selon lesquelles certaines valeurs religieuses seraient arrimées au service du développement économique entendu suivant les principes néolibéraux. Alors que les organisations pentecôtistes jouent un rôle moteur dans cette diffusion des économies spirituelle, elles tendent à se répandre dans l'ensemble des communautés, sous l'impulsion des plus jeunes nés et grandis à l'ère néolibérale. Cette thèse se veut par ailleurs une initiative pour relancer les réflexions sur la question des classes sociales en Afrique contemporaine. Il importe en effet de recouper l'analyse générationnelle avec une prise en compte des enjeux de classes sociales, dans la mesure où le profil des membres d'associations religieuses de jeunes au centre de cette étude est loin de représenter celui de l'ensemble de la société. Dans l'ensemble, ces associations sont animées par des jeunes relativement aisés et hautement scolarisés, se revendiquant du statut historiquement favorisé d'intellectuel. Dans un contexte où ce statut se trouve dévalorisé par les discours néolibéraux et le blocage des perspectives d'emploi dans la fonction publique, l'adoption croissante des économies spirituelles par les jeunes militants religieux signale une volonté de reconversion des jeunes intellectuels vers des profils plus socialement valorisés, notamment celui d'entrepreneur.
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From Local to Transnational Challenges: Religious Leaders and Muslim NGOs in Burkina Faso
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Genealogies of a Non-Political Islam in the Sahel: The Burkina Case
Burkina Faso is an exception in the Sahel in that no politicisation and ideological radicalisation of Islam has taken shape in the public space. This paper – the first version of a chapter in an upcoming book – analyses both the causes and the implications of this fact. The historical analysis of the formative process of the Burkinabe nation reveals that Islamisation is a recent development in the country as compared to other parts of the Sahel. It came about as a result of the colonial transformation of societies in the area of future Burkina Faso, in the first half of the twentieth century and progressed in competition with Catholicism. While Islam later became the country's majority religion, the singular aspects of Burkina Faso's history – again, relative to its neighbours – have created a society marked by religious pluralism, and a very specific form of ‘consensual secularism.' In this context, an Islamic public space has emerged where various doctrinal currents – modernist reformists, Wahhabis, Sufis – struggle to assert themselves, but which leads to an enduring combination of subordination to and partnership with Burkina's successive regimes, especially as influential Muslim merchants largely control the all-important trade economy of the country. This result does not imply that Muslims in Burkina are politically quiescent, but that they tend to mobilise politically not as Muslims, but as citizens of Burkina, as is testified by the country's stormy political history. The case therefore teaches us to avoid essentialising Muslims' existence in the political arena.
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Hamallisme et administration coloniale dans le cercle de Ouahigouya (1920-1950)
Au début du XXe siècle, Cheikh Hamahoullah crée à partir de Nioro (Mali actuel) une dissidence (le harnallisme) au sein de la confrérie tidjane; l'attitude de distanciation du Cheikh vis-à-vis du pouvoir colonial, les calomnies dont il a été victime et les conflits entre ses partisans et leurs adversaires ont contribué à faire apparaître le hamallisme comme un courant hostile à la colonisation française en Afrique de l'Ouest. Cheikh Boubakar Sawadogo, le principal dirigeant hamalliste du cercle de Ouahigouya a fait l'objet d'une surveillance permanente depuis son adhésion au courant hamalliste dans les années 1920. En 1941, le contexte de la seconde guerre mondiale accentue chez les autorités coloniales la hantise d'une déstabilisation des colonies par le hamallisme. En guise de mesure de prévention, Cheikh Boubakar Sawadogo est interné et libéré en 1945 au lendemain du conflit mondial et meurt peu de temps après en 1946. Si, de 1941 à 1946, le colonisateur est préoccupé par l'émergence d'une relève harnalliste après l'internement du chef religieux, de 1946 à 1950, il redoute surtout l'alliance entre le R.D.A. et le hamallisme. Il faut attendre les années 1950 pour voir le réformisme musulman prendre la place du hamallisme en tant que menace pour le système colonial.
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Histoire d'une dynamique fédérative au sein des mouvements associatifs islamiques du Burkina Faso (1962 à nos jours)
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Histoire du CERFI des origines à 2015
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Histoire du Sahel au Burkina Faso : agriculteurs, pasteurs et islam (1740-1960)
Originaires surtout du delta intérieur du Niger, les Peuls pasteurs viennent s'installer au Sahel dès le XVe siècle. A partir du XVIIIe siècle, l'arrivée de nouvelles vagues de migrants peuls et le jihâd du début du XIXe siècle permettent aux pasteurs d'asseoir leur hégémonie politique en remportant la victoire dans des conflits qui les opposent aux populations d'agriculteurs sédentaires auxquelles ils sont soumis. L'islam devient alors un facteur important de l'identité peule (pulaaku). Des entités politiques fragiles et les invasions touareg facilitent la pénétration coloniale française à la fin du XIXe siècle. La période coloniale se caractérise par le renforcement de l'autorité des chefs coutumiers, les révoltes et l'implantation du hamallisme à partir des années 1930. Le hamallisme garde sa vitalité jusqu'en 1960, malgré la répression du début des années 1940.
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Imams, Islamic Preachers, and Public Space in Ouagadougou (Burkina Faso) since the 1990s: Toward New Intergenerational Relationships and a Muslim Public Sphere
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Implantation et évolution du wahhabisme dans la région des Hauts Bassins : les cas de Bobo Dioulasso, de Diéri, de Houndé et de Orodara, de 1938 à 2013
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Implantation et influence du wahhâbisme au Burkina Faso de 1963 à 2002
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Intégrer l'administration burkinabè : parcours du combattant pour les diplômés arabophones
Les étudiants burkinabè formés dans les instituts et universités arabo-islamiques du monde musulman de retour au pays sont confrontés à des difficultés d'intégration socioprofessionnelle. Si une grande majorité de ces diplômés est absorbée de manière chaotique par la sphère islamique, une minorité parvient à s'insérer dans les circuits de l'administration depuis les années 1970. Il s'agit ici de présenter les parcours généralement atypiques de ceux qui ont pu franchir les obstacles institutionnels et linguistiques pour se trouver une place dans l'administration. À travers des récits de vie de diplômés arabophones, il apparaît que les possibilités d'intégration dans l'administration sont fonction du capital social et des conjonctures, mais aussi des stratégies individuelles entreprises dans un contexte difficile.
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Introduction à l'étude de l'histoire de l'islam dans l'Ouest du Burkina Faso : des débuts à la fin du XIXème siècle
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Introduction à l'étude des médersas au Burkina Faso : des années 1960 à nos jours
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Islam and Muslim Societies in the Contemporary Sahel
This chapter presents an overview of Islam and the Islamic landscape in the contemporary Sahel and points to broad patterns and major trends as they relate to the practice of Islam in the region. After discussing the conventional wisdom about Islam in Africa, in which Islam is frequently equated with Sufism and “reform,” this chapter addresses several interrelated themes: Islam and its broad appeal in the region; intra-Muslim debate; global interconnections and the media revolution; and Salafism and Islamism trends, as well as jihadism. As it suggests, the Islamic landscape in the Sahel is much more diverse and complex than most commentary usually suggests. It also underscores the importance of understanding how the practice of Islam in the region has been changing in recent years in an increasingly globalized world. Finally, the chapter emphasizes how much more there is to know about Islam and Muslim societies in this region in flux.